Saint-Barth -

La pelouse du stade est-elle toxique ?

Un reportage d’Envoyé Spécial diffusé la semaine dernière démontre que les billes de caoutchouc contenues dans les pelouses synthétiques, comme celle du stade de Saint-Jean, sont hautement toxiques. Le gouvernement a demandé l’ouverture d’une enquête.

La pelouse synthétique flambant neuve au stade de Saint-Jean serait-elle toxique pour ses usagers, notamment les plus jeunes ? Dans un reportage intitulé « Gazon suspect », l’émission Envoyé Spécial alerte sur les risques des pelouses synthétiques pour la santé. Le magazine So Foot en avait déjà fait état dans ses pages auparavant. En effet, elles sont composées, pour un meilleur amorti, de petites billes de caoutchouc. Ces granulés sont fabriqués à partir de pneus usagés recyclés. Et ils contiendraient de nombreuses substances cancérigènes, notamment des métaux lourds et des hydrocarbures. Un danger augmenté par le fait que ces billes de 2mm risquent fort d’être ingérées, lors de chutes, plaquages ou arrêt de but des sportifs, et s’infiltrent un peu partout, dans les vêtements, la peau, les plaies.

Selon les analyses scientifiques, les taux en hydrocarbures présents dans ce caoutchouc sont jusqu’à 35 fois supérieurs à ceux que l’on tolère dans les jouets pour enfants. Les ministères de la Santé et des Sports ont saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour mener une enquête sur le sujet.

L’étude d’une Américaine avait poussé la ville de New York a cesser toute utilisation des pelouses synthétique : la scientifique avait recensé plus de 230 cas de cancers qu’elle assurait liés aux substances présentes dans les pelouses, notamment chez les gardiens de but. Amsterdam a fait de même et stoppé toute nouvelle implantation de ce type de terrain sportif.

Selon un chercheur hollandais, le risque de ces granulés est aussi environnemental : à chaque pluie, les composants chimiques s’échapperaient dans la nature.

Toutefois, les scientifiques ne sont pas unanimes. Certaines études concluent qu’il est impossible d’établir de manière certaine de risque sanitaire, d’autres parlent d’effets « pratiquement négligeables. » Le directeur médical de la Fédération française de football avait voulu rassurer, après les premières alertes : « Je suis plus inquiet pour une personne qui va courir deux fois par semaine en pleine pollution à Paris que pour mes enfants qui jouent sur synthétique. »

La Fédération Française de football donnera sans doute une réponse similaire à la Collectivité de Saint-Barthélemy, qui l’a questionnée sur le sujet. « A notre niveau, le matériau utilisé est celui préconisé par la Fifa, et certifié conforme », indique Magali Maxor, directrice du service Sports, qui attend comme tous ses homologues le rapport de l’Anses. « Si la réglementation change, on verra à ce moment-là. »

JSB 1268