Saint-Barth -

Bromate : Saint-Martin passe à l’eau minérale

Un an dinterdiction de consommation de leau de ville, et il semble que leau minérale a encore de beaux jours devant elle. Les autorités ont découvert la même substance chimique dans le réseau de Saint-Martin, également géré par la Saur.

 

L’annonce a fait grand bruit sur l’île voisine : à Saint-Martin aussi, l’eau de ville est contaminée au bromate. Pourtant, lors du début de la crise chez nous, l’ARS jurait que c’était impossible en raison du procédé de dessalement différent entre les deux îles. Mais c’est bien dans les réseaux que se crée le bromate, a priori sous l’action combinée du chlore ajouté, indispensable pour purifier l’eau, du bromure présent naturellement dans l’eau de mer et de la chaleur élevée sous nos latitudes.

 

Les autorités ont été moins discrètes qu’à Saint-Barthélemy pour annoncer la mauvaise nouvelle aux habitants. Une conférence de presse réunissant des techniciens de l’ARS, le président de la Collectivité Daniel Gibbs, la préfète des îles du Nord ainsi que les représentants des deux gestionnaires de l’eau à Saint-Martin, l’EEASM et la Saur, a été organisée le 25 juin. La Com a publié les résultats des autocontrôles de la Saur le 29 juin, soulignant que « les bromates affichent une tendance au développement dans le temps. » Une seconde conférence de presse a été organisée ce lundi 1er juillet, réunissant là aussi tous les acteurs autour de la table. « Nous n’avons pas les moyens de distribuer des packs d’eau minérale à toute la population », reconnaît le président de la Com de Saint-Martin Daniel Gibbs. « Nous savons pertinemment que pour de nombreuses familles, la situation est très compliquée financièrement. Elle l’est aussi pour les restaurateurs qui doivent cuisiner à l’eau minérale. C’est une logistique lourde et un coût considérable pour tout un chacun et j’en suis parfaitement conscient. » Comme à Saint-Barth, la Saur distribue les bouteilles d’eau dans les écoles, l’hôpital, et autres points sensibles. Pour le reste de la population, la Collectivité planche sur une solution : « Il n’y a pas de bromate en sortie d’usine. Nous étudions un moyen d’apporter cette eau dans les quartiers. Mais il faut acheminer le matériel et s’assurer de la validité du process par l’ARS. »

 

Saint-Barth teste des solutions

La Saur et la Collectivité continuent de travailler pour trouver une solution à la présence de bromate dans l’eau de ville. C’est ce qu’a expliqué la directrice des services techniques Sophie Durand-Olivaud lors du conseil territorial du 13 juin, répondant à une question de Maxime Desouches. Deux procédés sont actuellement testés pour éviter la formation de bromates : l’hypochlorite et le bioxyde. La première solution est préférable car moins lourde à mettre en œuvre. Elle a permis de diminuer les taux, qui sont actuellement à 30 ou 50 microgrammes par litre dans les points du réseau les plus touchés, la législation imposant de ne pas dépasser 10 microgrammes par litre. La seconde solution, le bioxyde, amène d’autres soucis puisque le produit attaque littéralement les conduites d’eau. « On balaie toutes les solutions, mais le problème est complexe », résume Sophie Olivaud.

 

« Il faut que les gens paient un peu… »

« Selon moi, les bromates, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Seulement on ne l’a décelé que maintenant », commentait Bruno Magras en juin. « Mme Denux (directrice générale de l’ARS, ndlr) m’a dit que si on en consommait vraiment beaucoup, cela pourrait attaquer les reins. Je me suis renseigné, on n’a aucun dialysé à Saint-Barthélemy. » Et de soupirer : «Mon père a bu l’eau de citerne toute sa vie est il est mort à 87 ans ; je ne sais pas si j’irai jusque-là ! Il faut que les gens paient un peu pour l’eau minérale. Cela dit, on nous explique que les contenants plastiques contiennent aussi de la pollution… »

 

Pour rappel, l’eau de ville est interdite de consommation depuis le 8 août 2018, et ne doit pas être utilisée non plus pour la cuisson des aliments et le brossage de dents.

 

Au mois de mai, la conseillère territoriale Hélène Bernier avait sollicité la préfète sur cette question, jugeant que les délais pour retrouver la potabilité de l’eau étaient trop longs. C’est d’ailleurs quatre jours après cette entrevue que le réseau d’eau a été contrôlé sur l’île voisine… Elle travaille aujourd’hui, en tant que citoyenne et en lien avec un collectif saint-martinois, sur un recours en justice pour obtenir au moins une indemnisation pour la population, afin de compenser l’achat de bouteilles d’eau minérale, rendu obligatoire même pour la cuisson des pâtes.

 

JSB 1333



Journal de Saint-Barth N°1333 du 04/07/2019

La carte de Saint-Barth qui valait 35.000 $
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