Saint-Barth -

Bras de fer entre Valérie Denux et Bruno Magras

La Collectivité comble les déficits de l’Ehpad chaque année, alors que les caisses de la CPS débordent. Bruno Magras met la pression sur l’ARS Guadeloupe Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

 

La Caisse de prévoyance sociale de Saint-Barth, gérée par la MSA Poitou, est excédentaire. Trente millions d’euros en 2018. Parallèlement, l’hôpital De Bruyn connaît des difficultés de fonctionnement. Tout un symbole : plus de deux ans après Irma, une partie de sa toiture est toujours à demi-arrachée. L’établissement est déficitaire, tout comme son grand frère de Saint-Martin, ce qui a poussé l’ARS à imposer une administration provisoire pour redresser la barre. Quant à l’Ehpad, il fonctionne sous perfusion de la Collectivité, à raison de 320.000 euros par an.

 

Face à ce constat, Bruno Magras a plusieurs fois évoqué ces derniers mois sa volonté de reprendre en main la santé sur l’île, jugeant anormal que sur un territoire ou les cotisations sociales des habitants rapportent, ils ne soient pas les premiers à en bénéficier. « L’excédent de la CPS devrait aller en priorité à Saint-Barthélemy ; et si elle a des déficits, la Collectivité s’engage à payer », propose le Président. « Le budget de l’hôpital est de 6,3 millions d’euros, celui de l’Ehpad de 1,5 million », précise-t-il, soulignant que même en couvrant la totalité de ces budgets, il resterait pour la sécurité sociale nationale les deux tiers des 30 millions d’excédent.

Par ailleurs, le déficit de l’Ehpad provient uniquement de la partie soins aux personnes, alors que la partie hébergement est, elle, bénéficiaire. « Il serait donc naturel que l’ARS pallie au manque de moyens de la partie santé », commente le Président. Il rappelle que la Collectivité, qui n’a pas la compétence santé, a construit l’Ehpad sans répercuter l’amortissement sur les prix, et soutient également les équipements d’imagerie médicale sur l’île, notamment le mammographe. Bruno Magras révèle avoir rencontré le responsable de la Clinique Choisy, établissement privé, qui lui a indiqué qu’il serait capable de faire tourner l’Ehpad sans déficit et sans augmenter le coût pour les résidents. Justement quand la convention qui encadre l’exploitation des établissements de l’île arrive à son terme, au 31 décembre 2019. « Mais Madame Denux va refuser l’exploitation par un autre que l’hôpital public », redoute-t-il. « L’ARS a le dernier mot. »

 

En déplacement à Paris mi-octobre, Bruno Magras a formulé sa requête au gouvernement. A son retour, il a reçu une lettre de Valérie Denux, directrice générale de l’ARS Guadeloupe, Saint-Barth, Saint-Martin. « Elle s’engage sur un certain nombre de sujets, mais ne nous donne pas satisfaction », déplore Bruno Magras. « J’aimerais bien avoir un interlocuteur à l’hôpital, elle s’est engagée à ce qu’il y ait un cadre permanent à Saint-Barthélemy. Mais sur l’Ehpad, elle me dit d’augmenter de 20 euros la journée. Or je ne veux pas pénaliser les familles. »

Pour parvenir à ses fins, Bruno Magras a indiqué qu’il ne donnerait pas un centime de subvention à l’établissement, au prochain budget. « Je veux pousser le ministère de la Santé à faire évoluer les textes », via une proposition de loi ou une modification du Code de la sécurité sociale. Le bras de fer commence entre l’ARS et le président de la Collectivité. « Maintenant, c’est une guerre ouverte entre eux et moi ! »

 

JSB 1348


Journal de Saint-Barth N°1348 du 31/10/2019

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