Saint-Barth -

Xavier Lédée : « La maîtrise économique est l’une des clés de l'évolution de notre île »

Quel regard portez-vous sur les trois années de mandature écoulées ?

Si Irma a redistribué les cartes, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation que nous connaissons sur l'île. Bien sûr, les finances restent bonnes mais sont essentiellement portées par la spéculation immobilière. Parallèlement, la pression n'a sans doute jamais été aussi forte au niveau de la population, où stress et difficultés sont palpables au quotidien. Si ce n’était par l’Etat, certains sujets comme la prise en compte des risques dans nos choix d'urbanisation ou l'insalubrité et la surpopulation des logements ne seraient même pas évoqués.

 

Quelles ont été vos principales actions ou combats depuis 2017 ?

Travailler pour l’intérêt général au-delà des réflexions partisanes reste le sens de mon engagement politique.

Dans un premier temps, il m'a fallu montrer qu'il était possible d'être “dans l'opposition” ET constructif. Ce positionnement est compris aujourd’hui par le plus grand nombre, si bien qu’il m’est possible de travailler avec tous, que ce soit avec Hélène Bernier avec qui nous nous sommes retrouvés sur l’idée d'un forum de la sécurité routière ou avec Micheline Jacques qui m'a demandé de l'aide pour la réécriture du code de l'environnement et pour l'organisation des Assises de l’environnement, bien que je ne fasse pas partie de cette commission de travail.

Je suis aussi heureux de voir qu’en urbanisme, la question des hauteurs et des modes de construction en bord de plage est enfin sur la table. Comme quoi, il est parfois bon d'insister.

Au-delà de ce travail de commission, il est très important pour moi d'être proche de la population et de communiquer. C'est dans ce sens que je suis assez présent sur les réseaux sociaux pour informer, pour échanger et pour donner une chance à chacun de s’exprimer.

 

Quels chantiers jugez-vous les plus urgents pour les deux ans qui viennent?

Chaque jour qui passe, tout sujet non traité devient une urgence. Urbanisme, logement, relation avec l’Etat en matière de santé et d’éducation ne sont que quelques exemples.

Un dénominateur commun à la majorité de ces sujets est la vision économique que nous avons pour l'île. J’ai déjà eu l'occasion de l’écrire de manière provocatrice mais peut-on dire que l’île est trop peuplée, alors que nous avons du mal à trouver des enseignants et des médecins par exemple ? Nous sommes dans une situation où l'île n’est pas capable d’absorber son niveau d’économie. En découle une série de problématiques que tout le monde connaît : pénurie de logement, non-maîtrise de la demande énergétique, gestion des déchets, déclin de la qualité de vie sur l'île et de la qualité de service offerte à notre clientèle touristique etc.

C’est pourquoi la maîtrise économique est pour moi l’une des clés de l’évolution pour notre île. A nous de repenser nos priorités, de mettre en place les bons leviers pour adapter la formation aux besoins de l’île, de revoir le rythme de la construction, etc.

Il est aussi urgent de mettre en place un plan d'aménagement du territoire afin de définir ce que nous souhaitons pour les 5, 10, 20 prochaines années. Malheureusement après trois ans de mandat, aucun travail de commission n’a été réalisé en ce sens.

 

Comment appréhendez-vous léchéance électorale de 2022 ?

2022, c’est déjà demain et en même temps, c’est encore loin. Il reste beaucoup de travail à faire d’ici là mais naturellement, il faut aussi se projeter. Si l’élection avait lieu demain, je vous dirais que je suis candidat. Ma motivation est intacte, et les enjeux auxquels nous faisons face sont autant de raisons qui me poussent à poursuivre mon engagement. Il peut cependant se passer beaucoup de choses en deux ans. C’est le temps qu’il reste pour fédérer autour d’un projet et décider des bonnes personnes pour le porter, car qui que soit le/la futur(e) Président(e) de la Collectivité, la mission ne sera pas simple.



Journal de Saint-Barth N°1366 du 12/03/2020

Bilan de mi-mandat
Covid-19, la précaution demeure
Dominique Rousserie au musée