Saint-Barth -

Quatre jours aux Antilles qui ne se résument pas seulement à cette photo

Des quatre jours de visite officielle aux Antilles, c’est cette photo qui fait la Une : Emmanuel Macron entouré de deux jeunes du Quartier d’Orléans, dont un fait un doigt d’honneur. Au delà de la polémique, plusieurs sujets fondamentaux pour la vie des Antillais ont été abordés.


Avant d’atterrir à Saint-Barthélemy, Emmanuel Macron a rendu visite à la Martinique, la Guadeloupe et à Saint-Martin. Sur différents thèmes : chlordécone, eau, sargasses, santé, reconstruction.


A son retour à Paris, la polémique fait rage, lancée par Marine Le Pen (Rassemblement national), concernant cette photo prise à Quartier d’Orléans, à Saint-Martin, avec un jeune condamné pour braquage, et un autre, qui fait un doigt d’honneur sur le cliché. « Même le président se sent en sécurité à Quartier d’Orléans », a écrit le garçon sur les réseaux sociaux. Pourtant, beaucoup y ont vu un geste à l’encontre de la Présidence, voire de la France.

 

Au-delà de cette polémique, Emmanuel Macron a convaincu à Saint-Martin. Grâce à plusieurs heures de bain de foule sous une pluie battante, et directement chez les habitants. Et le lendemain, grâce à un discours et des annonces empreints de fermeté.

Contrôles renforcés, sanctions pénales, lutte contre la corruption et les abus, intransigeance sur la reconstruction…« On ne peut que vous encourager à relever le défi pour transformer et corriger ces errements du passé », a-t-il lancé à l’adresse de Daniel Gibbs, dont il a souligné qu’il a été élu président de la Collectivité de Saint-Martin quelques semaines seulement avant le passage d’Irma. « Je veux que l’Etat soit présent pour que, maintenant, les règles soient respectées. Pour que les accommodements avec les règles et parfois les corruptions auxquelles on a assisté ne se reproduisent plus». Emmanuel Macron veut faire de la reconstruction à Saint-Martin un exemple de reprise en main du territoire par l’Etat.

 

Fermeté face aux abus

Il a incriminé sans ménagement les bailleurs sociaux qui n’ont pas encore reconstruit les logements de leurs locataires, alors que ceux-ci paient toujours des loyers, fustigeant même les salaires élevés de leurs responsables. Il a annoncé l’arrivée à Saint-Martin et en Guadeloupe de spécialistes de la lutte contre la corruption. La justice et les forces de l’ordre locales seront aussi dotées de nouvelles compétences en la matière. Emmanuel Macron a fustigé les abus de toutes sortes qui gangrènent la vie des saint-martinois, promettant un rétablissement de « l’ordre public économique. C’est s’assurer que ceux qui veulent retrouver un logement n’aient pas un loyer qui soit triplé par des propriétaires. C’est s’assurer que les délais des marchés soient respectés et que ce ne soit pas que quelques-uns qui concentrent les appels d’offres et qui décident ensuite de leur bon vouloir de la priorité qu’ils donneront à tel marché plutôt qu’a tel autre. C’est s’assurer que les assurances soient au rendez-vous et que certains ne majorent pas les primes ou refusent d’assurer quelques-uns. C’est s’assurer que les entreprises ne triplent pas leurs prix de réparation d’une fenêtre ou d’un toit. » L’Elysée compte soutenir Saint-Martin afin qu’elle puisse réellement tirer un trait sur « les errements du passé », et transformer la catastrophe Irma en opportunité.

 

Pas de nouvelle annonce sur les sargasses

En Guadeloupe, le Président français a évoqué le sujet des sargasses, à Goyave, et seulement confirmé et défendu le plan qui avait été présenté par l’ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, quelques mois plus tôt. Au total, douze millions d’euros seront alloués au traitement des algues qui rendent impossible la vie des Guadeloupéens. Les « aspirateurs à sargasses » flottants, notamment, seront cofinancés par l’Etat à hauteur de 500.000 euros par an.

 

Sur les problèmes de l’eau, Emmanuel Macron a rappelé qu’il ne s’agissait pas de la compétence de l’Etat. Il a condamné une mauvaise gestion du réseau, et aussi enjoint les consommateurs à payer leurs factures.

 

Engagement record sur la santé

Le système de santé dans les Antilles était aussi à l’ordre du jour, notamment en Martinique, où Emmanuel Macron a annoncé un plan de 40 millions d’euros pour le CHU. En Guadeloupe, il a posé la première pierre du futur CHU, et promis une enveloppe de 580 millions d’euros pour sa construction, un record national, a-t-il précisé à plusieurs reprises. Jusqu’à Saint-Barthélemy, il a insisté sur l’importance de lier les hôpitaux de Guadeloupe et Martinique, ainsi que ceux des îles du Nord, pour éviter les doublons inutiles et travailler ensemble à améliorer l’offre de santé de tous les Antillais.

 

En ce qui concerne le chlordécone, produit toxique utilisé jusqu’en 1993 pour la production de bananes, le chef de l’Etat a ouvert la voie à des réparations financières pour les personnes qui travaillaient dans les exploitations, en cas d’affection liée à la molécule incriminée.

 

Une tempête et un séisme

Durant ces quatre jours, le Président a surtout multiplié les contacts avec la population, renouant avec un côté « proche du peuple », alors qu’une condescendance toute jupitérienne lui est régulièrement reprochée.

 

Il a aussi fait l’expérience des caprices de la nature avec lesquels vivent tous les Antillais : son programme a été bousculé par la tempête Kirk, et il a assisté à une réunion de crise des autorités depuis la Martinique sur le sujet. Sa visite a également été marquée, vendredi matin, par un séisme de 6,3 sur l’échelle de Richter, ressenti en Guadeloupe et en Martinique, sans faire d’importants dégâts.




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