Saint-Barth -

Premier voyage officiel chargé pour Xavier Lédée

Habitué aux courses du dimanche, Xavier Lédée a entamé lundi son premier marathon protocolaire dans les méandres institutionnels de la capitale. Jusqu’à ce vendredi 9 septembre, le président de la Collectivité territoriale de Saint-Barth va multiplier les rencontres à l’occasion de ce ­premier voyage officiel à Paris.

Le sermon énergétique de la présidente du CRE
Lundi, il a commencé par s’entretenir avec la présidente de la commission de régulation de l’énergie, Emmanuelle Wargon. « Un rendez-vous très technique », assure Xavier Lédée, qui a pu échanger trente minutes avec Mme Wargon avant que les collaborateurs de la présidente ne prennent le relai. « Nous avons évoqué le travail de rédaction du PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) qui est en cours et pour lequel nous avons beaucoup de retard, précise Xavier Lédée. Un retard qui nous a d’ailleurs été rappelé. La présidente nous a encouragé à être de meilleurs élèves en matière de consommation de l’énergie. » Car, pour l’heure, Saint-Barth fait davantage figure de cancre dans ce domaine. La nouvelle majorité territoriale aura certainement à cœur de démontrer à la présidente du CRE que son intention est de faire évoluer saint-Barth dans une direction plus «durable ».

L’Assemblée nationale puis le Sénat
Plus tard dans la journée, la délégation de Saint-Barth a rejoint le député des Iles du Nord, Frantz Gumbs, à l’Assemblée nationale. « Cela nous a permis de prendre contact avec la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, que j’avais déjà eu au téléphone lors de ses quelques jours passés en tant que ministre des Outre-mer, explique le président Lédée. Nous avons notamment parlé de l’évolution statutaire et institutionnelle. L’idée était surtout de se présenter. » Mardi, c’est au ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, que Xavier Lédée s’est présenté. « Un entretien plus stratégique, explique le président de la Collectivité. Notamment sur le sujet des sargasses. »
Il enchaine ce jeudi avec une visite du Sénat en compagnie de Micheline Jacques qui l’introduira auprès du président Gérard Larcher. Enfin, vendredi, une entrée au ministère de l’éducation nationale. « Ça me semblait important en raison du contexte de Saint-Barth, affirme Xavier Lédée. C’est une visite qui n’est pas que symbolique. » Une semaine des plus chargées dont il sera temps de faire le bilan au retour du président.

Un dîner à L’Élysée
Mais le point d’orgue de ce marathon parisien aura sans nul doute été le dîner organisé hier, mercredi, au Palais de l’Élysée. Un rendez-vous voulu par le président de la République, Emmanuel Macron, et auquel ont participé également la première ministre Elisabeth Borne, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco et des présidents de collectivités, de régions et de départements d’Outre-mer. Parmi eux, les signataires de l’Appel de Fort-de-France du 17 mai dernier. Un document qui interpellait l’État sur la nécessité d’apporter « un changement profond à la politique des Outre-mer ». Le président Lédée a été convié, tout comme les parlementaires des Iles du Nord : la sénatrice Micheline Jacques et le député Frantz Gumbs. Près d’une cinquantaine d’élus se sont assis autour du président de la République afin d’évoquer des questions économiques, sociales et institutionnelles. Le président de la Collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington, était également de la partie.

 

Le discours prononcé par Xavier Lédée lors du dîner au Palais de l'Elysée

"Elu depuis 5 mois à la tête de la Collectivité de Saint-Barthélemy, il m’a été demandé d’intervenir afin de partager, avec les élus ultramarins, l’expérience statutaire de Saint-Barthélemy, qui a basculé dans le régime de l’article 74 de la Constitution depuis 2007.

Monsieur le Président, je vous remercie de me faire l’honneur de pouvoir m’exprimer à l’occasion de ce diner avec l’ensemble de mes collègues ultramarins pour évoquer mon île, Saint-Barthélemy.

Tout d’abord je tiens à saluer l’œuvre des élus de Saint Barth au fil des ans et tout particulièrement celles de mon prédécesseur Bruno Magras et du Sénateur Michel Magras. Grâce à la qualité de leur travail, de leur engagement et au respect de l’identité de notre île, nous bénéficions aujourd’hui d’un statut spécifique et le rapport d’information sur la différenciation territoriale outre-mer réalisé sous le mandat du Sénateur Magras fait référence pour les dossiers qui nous attendent dès demain.

Comme eux, je suis profondément ancré dans cette identité et c’est la raison pour laquelle, comme eux, je me battrai pour le respect de la différenciation de nos territoires.

Notre grande Démocratie a acté ce principe dans notre loi fondamentale, il faut en être fier car c’est ce qui fait la richesse de la France : une diversité assumée.

Assumée parce que nous sommes conscients qu’elle conduit à  participer au rayonnement du pays, à travers le monde.

Assumée aussi parce qu’elle nous permet de mieux comprendre notre passé et d’en tirer les conséquences vertueuses pour notre avenir.  

Monsieur le Président cette diversité doit rester notre  objectif commun en matière d’évolution des territoires.

Aujourd’hui l’évolution statutaire de Saint-Barthélemy est saluée comme l’une des plus abouties et est, de l’avis de tous, une réussite indiscutable . C’est pourquoi nous apporterons tout notre concours aux services de l’Etat comme à nos collègues ultra marins pour travailler ensemble sur les évolutions à venir.

Après 15 ans d’autonomie statutaire, nous pouvons ainsi  partager avec vous les bénéfices des choix faits mais aussi pointer les difficultés rencontrées sur ce chemin dont certaines sont encore à solutionner.

Comme vous le savez, depuis la loi organique du 21 février 2007, Saint-Barthélemy est passée  du statut de commune de la Guadeloupe à celui de Collectivité d’Outre Mer à statut spécifique.

Chers collègues, l’accession à ce statut est avant tout une résultante de l’identité de notre île qui a longtemps vécu en isolement, sans assistance et qui a connu un développement récent, grâce à ses valeurs, son goût du travail et sa résilience.

Je suis fier de cela, fier de penser que mes grands-parents n’avaient ni eau courante ni électricité et de voir tout ce qui a été accompli par les Saint-Barths pour entrer dans la modernité et poursuivre notre développement.

 

Cet accomplissement statutaire a été obtenu par toute une population. Quel que fût son rôle dans la société, le résident de Saint-Barthélemy sait ce qu’il doit à l’institution et vice versa.

Il s’agit donc d’un contrat républicain, dont l’objectif ultime est le bien être collectif. C’est en ce sens que nous devrons penser les évolutions futures.

ll appartient à chacun de respecter ces engagements en s’impliquant pleinement pour son territoire.

Sur le plan économique, une plus grande autonomie nécessite des choix forts et assumés ainsi qu’une méthode claire.

Il faut pour cela une vision économique, une rigueur budgétaire et une répartition précise des compétences entre l’Etat et la collectivité.

Pour Saint-Barthélemy, le choix de s’orienter vers un tourisme haut de gamme s’imposait. Il reviendra bien sûr à chaque territoire d’affirmer ou de confirmer ses propres choix.

De façon pragmatique, je m’inscris dans ce concept  de performance statutaire pour  répondre aux nouveaux enjeux économiques et sociaux et proposer à mon île un modèle de développement maîtrisé.

 

C’est fort de ce diagnostic que je commence mon mandat, garant des acquis statutaire et déterminé à  poursuivre cet effort de modernisation de nos institutions.

 

Ce challenge est sans doute de même ampleur que celui qui a été relevé par mes prédécesseurs pour accéder à l’autonomie statutaire. Mon équipe et moi-même y consacrons toute notre énergie, avec le soutien sans faille, je n’en doute pas, de notre Député, Monsieur Frantz Gumbs et de notre sénatrice, Madame Micheline Jacques.

Saint-Barthélemy est une île ouverte, toujours prête à échanger avec ses partenaires d’Outre-mer, profondément républicaine et désireuse de poursuivre sa quête d’attractivité tout en étant reconnue à sa juste valeur et en assumant toutes les compétences qui lui sont et lui seront confiées.

Je souhaite m’engager dans cette voie, Monsieur le Président, en pleine intelligence avec les services de l’Etat.

Je souhaite que mon île devienne un modèle en matière de transition énergétique, d’innovation et d’intégration des nouvelles technologies.

C’est dans cette optique que nous établirons une feuille de route partagée avec l’Etat laquelle devra acter des objectifs et un calendrier.

Il nous faut en effet partager les compétences en matière de santé ; partager aussi les compétences en matière de sanctions pénales ; finaliser les adaptations administratives pour pouvoir exercer pleinement les compétences qui sont les nôtres, mieux maîtriser les flux migratoires et devenir un territoire référence en matière de transition énergétique …

Je pourrai continuer cette liste mais je sais que nous avons la chance d’avoir aujourd’hui des interlocuteurs au sein du Gouvernement qui sont pleinement à notre écoute et avec qui nous pourrons aller plus en détail sur le travail à accomplir. J’ai d’ores et déjà pu constater l’efficacité et le pragmatisme des ministres en charge de l’Outre-Mer, Messieurs Darmanin et Carenco que je tiens ici à remercier pour leur implication.

Soyez assurés que je mettrai toute mon énergie à préserver nos valeurs et à honorer notre appartenance à cette grande nation qu’est la France.

Le rayonnement international de Saint-Barthélemy comme celui des autres territoires ultra marins sera toujours une valeur ajoutée pour la République.

Je vous remercie Monsieur le Président, chers collègues pour votre engagement et me réjouis de pouvoir travailler à vos côtés. Merci aussi de m’avoir écouté. "

Journal de Saint-Barth N°1484 du 08/09/2022

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