Saint-Barth -

La Cour des comptes se penche sur le cas des îles du Nord

La Cour des comptes a publié un référé à l’occasion des dix ans d’autonomie de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, et formule plusieurs recommandations à l’Etat pour une meilleure gestion de nos territoires.

Alors que le gouvernement annonçait avoir investi près d’un demi-milliard d’euros à Saint-Barthélemy et Saint-Martin pour la crise Irma et la reconstruction, la semaine dernière, la Cour des comptes, elle, publiait un rapport sur les actions de l’Etat dans ces îles.

Ce travail devait être effectué à l’occasion des dix ans d’évolution statutaire des deux îles. Avec Irma, il a forcément pris un tour différent.

La Cour des comptes dresse un diagnostic qui concerne majoritairement Saint-Martin : fiscalité, insécurité, immigration, fraude sociale… Pour ce qui concerne notre île, le rapport n’est pas non plus dénué d’intérêt. « Le passage de commune de Guadeloupe à celui de Collectivité d’Outre-mer était principalement motivé par le souhait des populations des deux îles de bénéficier d’une administration davantage adaptée aux spécificités locales. Dix ans après le changement de statut, tous les services de l’Etat ne distinguent pas encore les moyens qui leurs sont affectés de ceux dévolus à la Guadeloupe », note la Cour des comptes. L’institution remarque que, les services de l’Etat regroupant encore Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barth en une seule entité, la gestion des ­ressources humaines et des ­budgets de chaque île est compliquée.

Un agent de l’Etat, dans les domaines de la santé, l’éducation ou la sécurité, qui souhaiterait travailler en Guadeloupe, peut aussi bien être affecté à Saint-Martin ou Saint-Barth. « Il peut en résulter une inadaptation des profils aux spécificités locales, une démotivation et un absentéisme », commente la Cour des comptes. Même topo côté financier. Des lignes budgétaires sont attribuées à la Guadeloupe, sans que la distinction soit toujours faite avec les îles du Nord. « L’effort budgétaire réel de l’Etat à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy n’est ainsi pas connu. »

Couper le cordon avec la Guadeloupe

Le référé, adressé au Premier ministre Edouard Philippe, se conclut avec quatre recommandations. Seule la première concerne notre île : mettre en place un service de gestion des ressources humaines de l’Etat détaché de la Guadeloupe, et assurer un suivi financier propre à Saint-Barth et Saint-Martin. La Cour des comptes suggère l’installation d’antennes de l’Etat plus indépendantes de la Guadeloupe.

Edouard Philippe a répondu à l’institution dans un courrier de sept pages. Concernant cette question, le chef du gouvernement indique en substance que la préfecture des îles du Nord est déjà un organe détaché de la Guadeloupe. Il indique toutefois que les gestionnaires pourront être sensibilisés pour une meilleure lecture de l’action de l’Etat dans les îles.

Pour Saint-Martin, la Cour des comptes recommande également au gouvernement de fixer des objectifs précis en terme de reconstruction à chaque fois qu’il accorde des crédits ; d’accompagner l’île dans sa politique fiscale ; et de créer un bureau commun à Saint-Martin et Sint-Maarten pour regrouper les services de sécurité, notamment la police aux frontières.

JSB 1271