Saint-Barth -

Elections territoriales (20-27 mars) Quatre questions posées aux têtes de liste (1ère partie)

Alors que les débuts officiels de la campagne électorale approchent, nous avons soumis une série de questions aux trois têtes de listes déclarées. Quatre questions par semaine vont leur être soumises - sur différents thèmes - jusqu’au premier tour de scrutin, le 20 mars. Marie-Hélène Bernier, Xavier Lédée et Romaric Magras ont accepté d’y répondre.

 

1 - En terme de logement, quelles mesures envisagez-vous de prendre afin de rééquilibrer l’offre et la demande à Saint-Barthélemy ?

Marie-Hélène Bernier :
« La demande a toujours été supérieure à l’offre à St Barthélemy, mais l’ampleur du phénomène a considérablement augmenté ces dernières années et on assiste aujourd’hui à une véritable crise du logement qui touche tout le monde et plus fortement les jeunes générations de l’île. Les familles sont maintenant dans l’obligation de cohabiter, parce qu’elles n’ont plus les moyens d’avoir leur propre logement. Les locations à court terme prennent le pas sur l’habitation principale, et ce n’est pas normal. Le surdéveloppement a par ailleurs provoqué une situation paradoxale où aujourd’hui il y a des logements pour tout le monde, sauf pour les résidents ! Que peut-on faire pour rééquilibrer l’offre et la demande ? Il faut être honnête : la résolution d’une telle crise ne peut se faire que sur le moyen et le long terme. Comme nous le préconisons depuis longtemps et le recommande aussi le CESCE (dans son étude sur l’encadrement du prix des loyers réalisé pour le compte de la Collectivité), il faut tout d’abord ralentir le rythme effréné de la construction. L’allongement de la durée de validité des permis de construire à 4 ans va dans le bon sens. Mais c’est très loin d’être suffisant! Aussi proposons nous de mettre en place des dispositions réglementaires permettant de favoriser la location longue durée. Nous comptons également accroitre le parc locatif de la Collectivité, ce qui devrait donner un peu d’air au marché à moyen terme. Il est par ailleurs regrettable que le terrain de 8700 m2 situé « quartier du Roy » acheté il y a maintenant 6 ans par la Collectivité n’ait servi qu’à entreposer des remblais, alors qu’il avait été acheté initialement pour permettre aux jeunes de l’île d’accéder à la propriété.  Un autre gros chantier enfin à mettre en œuvre est la rédaction de la partie Habitation et Construction du code de l’Urbanisme que n’a pas souhaité engager la majorité actuelle, malgré le transfert de cette compétence en 2007. Il y a trop de marchands du sommeil sur l’île et il faudra bien s’attaquer au problème. »

Xavier Lédée :
« Le logement est sans doute un des sujets les plus sensibles qui attend notre future majorité. Il nous faudra être pragmatiques pour faire évoluer la situation en commençant par faire appliquer les règles de droit commun. Comme partout sur le territoire français, la signature d’un bail locatif et le respect de l’indice des loyers doivent s’appliquer. Afin de contribuer à réduire la pression sur le marché, nous construirons également du logement pour les personnels de santé et de l’éducation et nous mettrons en place un système incitatif pour amener les professionnels du tourisme à loger leur personnel sur site. Nous ferons un audit sur le nombre de logements et nous réexaminerons le Code de la construction et de l’habitation Nous mettrons aussi en place un système déclaratif où locataires et loueurs pourront être mis en contact dans une transparence du respect mutuel des règles. Nous travaillerons à adapter notre économie aux contraintes de l’île afin de contenir la population à un niveau adapté à notre cadre de vie. Enfin, nous nous donnerons les moyens de former la jeunesse de l’île en adéquation avec les opportunités du marché du travail local pour limiter les besoins de recrutement hors de l’île.
Parallèlement à ces moyens pour réduire la pression sur le marché, nous ne ferons plus l’autruche face aux vendeurs de sommeil. »

Romaric Magras :
« Saint-Barthélemy est arrivée à un niveau de développement qui permet à tout le monde de travailler mais pas de se loger dans de bonnes conditions. L’équilibre résultera d’une politique globale qui touche, en priorité, les conditions de logement et d’emploi et le nombre d’hôtels de l’île. Des règles fixant les conditions que doit satisfaire un logement en termes de sécurité et de santé des locataires ainsi que des critères de dimensions et de commodités minimales seront adoptées très vite. Les petites surfaces permettant de multiplier le nombre de locataires sont source de nuisances collectives et de promiscuité individuelle qui ruinent la qualité de la vie. Compte tenu de la part croissante de main d’œuvre dans l’hôtellerie, nous n’autoriserons plus de nouvelle construction d’hôtel, faute de pouvoir loger davantage de saisonniers. Il nous semble aussi impératif de limiter le nombre de villas de location touristique. Les adaptations de la législation nationale nécessaires à cet effet seront bien entendu portées par notre sénatrice. Un visa mention « Saint-Barthélemy » s’impose, afin que les titres délivrés pour Saint-Martin ne permettent pas d’entrer à Saint-Barthélemy, et encore moins d’y travailler. Nous inciterons les jeunes à se former aux métiers qui trouvent des débouchés à Saint-Barthélemy et les employeurs à recruter localement en priorité, car il y va de notre intérêt commun. »

 

Journal de Saint-Barth N°1462 du 03/03/2022

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