Saint-Barth -

Visite d’un joyau suédois au cœur de Gustavia

Alors que Saint-Barthélemy célébrera ce week-end son passé suédois, visite du plus scandinave des bâtiments de Gustavia, la maison Dinzey ou Brigantin, fraîchement racheté par la Collectivité pour la coquette somme de dix millions d’euros.

 

L’enseigne du consulat honoraire de Suède a été retirée. La maison Dinzey, plus connue sous le nom du restaurant qu’elle a un temps abrité, Le Brigantin, vient d’entrer dans le giron de la Collectivité. Un bâtiment historique de l’époque suédoise de Saint-Barthélemy (1785-1878), que nous fait visiter Elodie Laplace, en temps qu’élue en charge de la culture. Car ce bâtiment de vieilles pierres et de bois blanc doit accueillir, à terme, un projet culturel, dont les contours sont en train d’être définis.

La bâtisse a été construite entre 1822 et 1860, il y a près de deux siècles. Au rez-de-chaussée, la vaste salle ornée de voûtes en pierres et briques rouges a accueilli plusieurs restaurants et récemment une boutique de décoration. Le bas de la maison en pierres est typique de l’architecture suédoise de l’époque ; on craignait les incendies. Et pour cause. Le feu qui a détruit une bonne partie du quartier de La Pointe le 2 mars 1852 a épargné le Brigantin. La pierre servait aussi de protection en cas de houle ou de cyclone.

Ce vaste espace au niveau de la rue doit prochainement abriter le Comité du tourisme, puis l’ATE, le temps que leurs locaux près de la capitainerie, de l’autre côté de la rade, soient reconstruits.

 

Cases d’esclaves devenues des suites

Passée la haute porte de bois blanc qui donne sur la rue, un jardinet et un escalier de pierres et de briques. Sur la gauche, une première chambre isolée, avec une salle de bain toute en pierre. On montre pour visiter l’appartement qui occupe tout l’étage du bâtiment principal. Les parquets luisent, ça sent l’ancien et le neuf à la fois. Mais ce qui frappe surtout, c’est la grandeur du lieu : un vaste salon et une salle à manger, une salle de bain toute simple, et cinq chambres, dont trois seulement seront utilisées, notamment la chambre du gouverneur. « Ce lieu pourra servir de salle de réception pour les hôtes de marque de la Collectivité, ou être loué pour de petites réceptions privées », explique Elodie Laplace, gardienne des nombreuses clés du Brigantin. Pratique pour ce projet, une petite bâtisse à l’extérieur abrite une cuisine professionnelle. Le Brigantin se divise en plusieurs bâtiments jusqu’à la rue Victor-Schoelcher à l’arrière, dont deux maisonnettes qui furent des cases d’esclaves. Reconstruites au début des années 2000 sur la base des plans originaux (avec l’ajout de fenêtres et le retrait d’une cloison à l’intérieur) elles sont aujourd’hui de petites suites confortables, dotées de salles de bain. Les marches de pierre qui y mènent sont, elles, d’époque. Ces cases accueilleront elles aussi des visiteurs de la Collectivité, par exemple les quatre chanteurs de la Compagnie Créole pour le Nouvel An. « Cela évitera à la Collectivité de payer des chambres d’hôtels, qui sont souvent difficiles à trouver à cette période », souligne Elodie Laplace. Les invités pourront utiliser une petite cuisine extérieure, au fond du terrain.

 

La maison Dinzey, du nom de son premier propriétaire Richard Dinzey, est le premier bâtiment de l’île à avoir été classé monument historique. Il s’est transmis de génération en génération dans cette famille, jusqu’en 1959 où il a été offert à la famille Barnes. Il a été revendu quelques années plus tard à Dantès Magras, qui l’a restauré dans les années 80 avec les mêmes matériaux qu’à l’origine, notamment le bois venu de Guyane.

 

Ce bien d’exception intègre le patrimoine de la Collectivité ; il sera donc ouvert entièrement aux visites, ponctuellement, par exemple pour les Journées du Patrimoine en septembre ou encore, à compter de 2020, pour les festivités franco-suédoises célébrées chaque année en novembre.

 

JSB 1348




Journal de Saint-Barth N°1348 du 31/10/2019

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