Saint-Barth - cimetière suédoise

Six sépultures déplacées de Lorient à Public

La Collectivité poursuit son entreprise de déménagement des sépultures anciennes depuis le cimetière de Lorient vers celui de public. Six pensionnaires vont ainsi être déplacés dans le carré suédois.

 

Marie Augusta Perillier, Pierre François Dejoye, Rosalie Morel veuve Perillier, José Fransique Dias, Laurent veuve Paschal et John Martins. Six noms qui n’apparaissent nulle part à Saint-Barthélemy, si ce n’est sur leur pierre tombale. Jusqu’à présent, ils reposaient tous dans le cimetière de Lorient. A défaut de l’être à l’échelle de l’île, ils étaient des figures historiques du cimetière. Lieu de repos éternel. Néanmoins, la Collectivité territoriale a pris la décision de déménager leur sépulture vers le carré suédois de Public.

« Rendre le carré suédois plus agréable »
Les travaux de déplacement ont débuté en mai et devraient s’étendre sur une durée de deux mois. Le coût de l’opération a été estimé à hauteur de 36.700 euros. Pour justifier le choix de ces tombes, la Collectivité insiste sur leur vétusté, mais aussi sur la nécessité de « faire de la place ». Les personnes qui occupent ces sépultures abîmées n’étant plus visitées par de la famille ou des proches, il a été décidé de les transférer.
Pour la Collectivité, il s’agit autant de libérer des espaces à Lorient que « de rendre le carré suédois plus agréable, plus vert ». Pour ce faire, il est envisagé de reconstruire les sépultures d’origine afin d’installer une tombe parfaitement identique à Public. Cette opération muée par des obligations d’aménagement soulèvent toutefois des critiques d’ordre historique.
Ainsi, l’auteur du blog Saint-Barth Islander regrette que la Collectivité ne se penche pas davantage sur l’aspect mémoriel. « Marie Augusta Perillier, par exemple, c’est une des filles du pirate José Almeida, explique-t-il. Un sanguinaire qui a résidé à Gustavia. » Recherché par la Américains, les Espagnols et tous ceux dont il avait pillé les navires, l’homme a finalement été capturé, emprisonné et exécuté en 1832 au fort El Morro de San Juan à Porto Rico. Mais sa fille a vécu toute sa vie à Saint-Barth. Comme les cinq autres « déplacés ».

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Les travaux de déménagement de six tombes anciennes du cimetière de Lorient vers celui de Public doivent durer deux mois.

 

« Un non-sens historique et religieux »
Pour l’auteur du blog, il est également indispensable de rappeler que le fait d’être enterré à Lorient n’avait rien d’anodin dans le passé. «C’était un honneur recherché par les catholiques, notamment parce que le cimetière se situe à côté de l’église, précise-t-il. Donc, y être enterré avait une forte valeur symbolique. Déplacer ces tombes, c’est un non-sens historique et un non-sens religieux. C’est l’histoire de Saint-Barth qu’on fout en l’air. Ces tombes, ce sont un peu des monuments historiques. »
Un avis que partage le mémorialiste Richard Lédée, qui se confiait sur le même sujet dans le Journal de Saint-Barth en septembre 2019 (JSB1342). « Ces tombes font partie de notre histoire, de sa richesse, de son intégrité, de sa diversité. Si elles sont là où elles sont, ce n’est pas le fruit du hasard. Si des gens de Gustavia sont partis se faire enterrer à Lorient en 1800, ce n’est pas pour rien. Sinon ils seraient allés directement à Public. »
Parmi les tombes anciennes dans le viseur de la Collectivité, seule celles de l’ancien gouverneur Norderling et d’une partie de sa famille ne devraient pas bouger. Dans l’immédiat. En effet, le défunt et ses proches ont la chance de « voir » encore certains de leurs descendants fleurir et entretenir leurs tombes. Une aubaine dont Marie Augusta Perillier, Pierre François Dejoye, Rosalie Morel veuve Perillier, José Fransique Dias, Laurent veuve Paschal et John Martins ne jouissent malheureusement pas.

 

 

Journal de Saint-Barth N°1424 du 20/05/2021

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