La nouvelle provoque quelques inquiétudes. Particulièrement dans la zone Caraïbe. A partir du 31 juillet, le ministère étasunien de la Défense et l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA) prévoient de restreindre le partage des données de leurs satellites pour la surveillance des masses nuageuses et des phénomènes cycloniques dans l’Atlantique. Sans ces informations, qui proviennent de trois satellites gérés conjointement par le Pentagone et l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère (NOAA), les prévisions pourraient perdre en précision. Notamment la nuit, au moment où les cyclones évoluent le plus rapidement. Si la NASA a obtenu un sursis d'un mois, mais l'incertitude plane sur l'avenir de ces observations essentielles. « Ce programme permet de mesurer, à l’aide de capteurs micro-ondes, la surface terrestre et maritime, afin d’obtenir des informations sur la formation des cyclones et ouragans », explique Samuel Morin, directeur du Centre national de recherches météorologiques (Météo-France, CNRS), dans les colonnes du site Reporterre. Le spécialiste ajoute : «Ce retrait des Américains ne peut qu’entraîner une détérioration de la qualité de nos prévisions. Le programme existait depuis 2003. S’il s’arrête vraiment, nous n’avons rien qui puisse remplacer les données qui vont manquer, malgré nos autres capteurs, s’inquiète Samuel Morin. En météo, il y a beaucoup de variables atmosphériques, nous avons donc besoin du plus de données possibles pour nos prévisions. »
L’argument de la cybersécurité
Il est à noter que les trois satellites en question fournissent des observations uniques, notamment des images micro-ondes permettant de voir l'intérieur même des cyclones, là où les autres systèmes ne captent que la surface nuageuse. Ils jouent également un rôle crucial la nuit, en détectant l'activité orageuse et en permettant de localiser avec précision le centre des dépressions tropicales. Météo-France dispose de son propre radar météorologique mais sa portée se limite à environ 400 km autour des Petites Antilles. Une couverture insuffisante pour compenser la perte des données satellitaires étasuniennes à l'échelle de tout le bassin atlantique.
Pour justifier leur décision, le ministère étasunien de la Défense et le NOAA évoquent des questions de cybersécurité. Mais cette annonce fait également suite à des mesures de réduction de budget et de licenciement de personnels dans plusieurs organismes, dont la NOAA, depuis quelques mois.
Alors que la saison cyclonique ne fait que débuter, une telle décision laisse perplexe quant à la véracité et la fiabilité des prévisions qui pourront être diffusées dans les prochains mois.
« Une chaîne d’observation robuste »
Dans un communiqué daté du lundi 28 juillet, la préfecture de Saint-Martin et Saint-Barthélemy apporte des précisions. Il est écrit : « Météo-France a récemment communiqué sur l’arrêt du partage des images micro-ondes issues des satellites militaires américains. Cette évolution peut susciter des interrogations quant à la qualité des prévisions.
Il convient de rappeler que :
La chaîne d’observation reste robuste : Météo-France s’appuie sur un vaste réseau d’observation international incluant satellites civils, stations terrestres, bouées et radars, permettant de maintenir un haut niveau de surveillance météorologique.
Des modèles de prévision performants : Les prévisions sont élaborées à partir de modèles numériques de dernière génération, capables d’intégrer des sources d’information multiples et de produire des analyses précises.
Une expertise locale adaptée aux enjeux : Dans la zone Antilles-Guyane, les prévisionnistes de Météo-France assurent un suivi renforcé, en lien constant avec les services de l’État, notamment en période cyclonique. »