Saint-Barth - Arthur 2020 © Nasa

Arthur, première tempête de la saison, a été nommée le 16 mai et s’est désagrégé le 19. Elle a soufflé fort sur les îles des Bahamas, dont certaines, dévastées l’an dernier par l’ouragan Dorian, où les habitants vivent encore dans des abris précaires. © NASA

Saison cyclonique : il est encore trop tôt pour les prévisions catastrophistes

Des universitaires américains de Caroline du Nord ont annoncé à grand bruit une saison cyclonique « extrêmement active » cette année. Du côté de Météo France Guadeloupe, on est plus prudent, bien que la possibilité d’une année chargée en ouragans ne soit pas écartée.

 

La prévision météorologique n’est pas une science exacte. Les spécialistes se basent sur des modélisations et des statistiques, mais en réalité, personne ne peut dire avec certitude ce qu’il va se passer cet été. Lundi 1er juin sonnera le coup d’envoi officiel de la saison, alors que le pic d’activité tombe en août-septembre.
C’est pourquoi Thierry Jimonet, directeur du centre Météo France Guadeloupe, est toujours prudent et peu friand des annonces fracassantes. Ce n’est pas le cas des météorologistes américains qui ont d’ores et déjà prédit une saison cyclonique 2020 « extrêmement active ». Les experts de Caroline du Nord avancent des chiffres inquiétants : 18 à 22 tempêtes tropicales sur l’Atlantique, dont 8 à 11 ouragans, dont 3 à 5 majeurs. La moyenne est de 6 ouragans.
Au Colorado, on est tout aussi pessimiste : les spécialistes prévoient une saison cyclonique 30% plus active que la moyenne.
Commentaire de Normand de Thierry Jimonet : « On ne peut pas écarter le fait que la saison cyclonique sera plus active que la normale, et on ne peut pas l’affirmer non plus. C’est un peu tôt. » Explications : aujourd’hui, les phénomènes El Niño et La Niña sont neutres. C’est le second qui pourrait intensifier l’activité cyclonique sur l’Atlantique. Or « on prévoit que La Niña pourrait s’accentuer, en cours ou en fin de saison. On espère donc le plus tard possible. »  Par ailleurs, « la mer est chaude, ce qui est un facteur de formation des ouragans. Mais quand on y regarde plus près, elle est plus chaude que la normale entre la Floride et l’Afrique du Nord, mais on constate des anomalies froides sur la zone tropicale entre les îles du Cap Vert et les Caraïbes. Ce n’est pas homogène. Si la situation reste telle quelle, l’activité pourrait être importante sur le Nord de l’Atlantique, mais il y aurait moins de moteurs pour des cyclones en zone tropicale. »

Le premier phénomène cyclonique de l’année a été nommé le 17 mai : la tempête tropicale Arthur est née au large de la Floride, est remontée le long de la cote Est américaine avant de se désagréger en partant plus à l’Est. « Cela fait six ans de suite que la saison démarre avant le mois de juin, ce n’est pas exceptionnel», note Thierry Jimonet. Il se projette au delà de 2020 :  «Les scenarios climatiques sur les cinquante prochaines années indiquent plutôt que la durée de la saison va se réduire. On sait qu’on aura des ouragans pas plus nombreux, mais plus puissants. Et on suppose des trajectoires plus à l’Est et plus au Nord, c’est à dire une activité soutenue au Cap Vert qui aurait tendance à remonter vers les Etats-Unis. Mais ce sont des tendances à long terme, chaque année est différente. »

Météo France effectuera une mise à jour de ses prévisions dans quelques jours, et ira comme chaque année les présenter dans les préfectures. Un nouveau point début août sera d’autant plus pertinent, juste avant le pic de la saison. Mais quelles que soient les prévisions, la préparation peut d’ores et déjà commencer : rappelons-nous qu’il suffit d’un seul ouragan...

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Les noms des tempêtes

Après Arthur, baptisée le 17 mai, viendront Bertha, Christobal, Dolly, Edouard, Fay, Gonzalo, Hanna, Isaias, Josephine, Kyle, Laura, Marco, Nana, Omar, Paulette, Sally, Teddy, Vicky, Wilfred.
Il existe six listes de noms qui se suivent d’une année sur l’autre, et reviennent donc régulièrement. C’est ainsi que l’on retrouve cette année Gonzalo et Omar, des cyclones qui ont marqué Saint-Barth. Le 13 octobre 2014, Gonzalo avait noyé l’île sous des torrents de pluie et coulé bon nombre de bateaux. Il était arrivé sans prévenir. Omar avait causé de nombreux dommages également, le 15 octobre 2008, sur les plages et dans le port en paticulier. En revanche on ne verra plus jamais d’Irma, Maria ou Luis : les noms des cyclones qui ont fait des victimes ne sont plus réutilisés.

Journal de Saint-Barth N°1377 du 27/05/2020

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