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Violences, alcool et léger cafouillage au tribunal

La grande salle de la capitainerie du port de Gustavia est quasiment vide. Pour cette audience du tribunal de proximité du jeudi 9 septembre, peu de prévenu ont répondu à leur convocation. Magistrats et avocats s’en étonnent mais cette relative désertion n’empêche pas les débats de s’ouvrir.
Un jeune homme de 23 ans est appelé à la barre. Personne ne répond, personne ne s’avance. Si ce n’est l’avocate des victimes. Le prévenu, résident de Saint-Barthélemy, est poursuivi pour des faits de violences commises le 14 novembre 2020.
Selon les éléments versés au dossier, le jour des faits, le prévenu se rend au domicile d’un autre jeune homme de l’île. Il est accompagné d’une amie. Les comparses ont la ferme intention de régler un différent qui porte sur une histoire de scooter. Vente, achat, prêt, vol? Manifestement personne n’en sait rien.
Quoi qu’il soit, arrivés à la maison de leur « camarade », le duo vengeur ne trouve personne. Ils vont repartir quand la mère du jeune homme débarque. Une discussion s’engage mais le ton monte rapidement. C’est à ce moment que surgit le mari. Il s’interpose entre son épouse et le jeune homme vindicatif. Très vite, des coups sont échangés.
« Les auditions divergent », remarque la présidente du tribunal. Le prévenu conteste avoir frappé la mère mais reconnaît avoir porté deux coups de poing au père. Dans le même temps, sa complice lance aux parents un menaçant : « Va falloir payer! » Malgré son jeune âge, le prévenu est déjà un habitué des cours de justice. Du moins lorsqu’il daigne s’y déplacer.
En effet, son casier judiciaire porte déjà trace de six condamnations. Conduite sans permis, vol aggravé, recel de vol, stupéfiants, son palmarès laisse entrevoir une prometteuse polyvalence. «Monsieur fait preuve d’une attitude agressive et violente et vient commettre une agression devant un domicile, résume l’avocate des victimes. Il est introuvable et semble croire qu’il bénéficie d’une impunité. » Le procureur tempère en évoquant «une agression qui n’est pas d’une intensité extraordinaire». Au final, le prévenu écope d’une amende de 500 euros.

« L’alcool n’est pas un problème »
Avec un taux d’alcool de 1,54 gramme par litre de sang au moment des faits, le prévenu suivant est loin d’atteindre le record de l’audience (3 grammes, JSB1438). En revanche, quand il est contrôlé au guidon de son scooter par les gendarmes, le 22 février dernier, il n’en est pas à sa première infraction pour ivresse sur la route.
Lors de son audition, il explique qu’il a joué à la pétanque et bu des bières entre 17 et 21 heures. « Vous comprenez que la loi interdit de conduire en ayant bu de l’alcool ? », l’interroge la présidente. Le prévenu affirme que oui. « Je ne bois pas régulièrement donc je ne considère pas que l’alcool soit un problème », ajoute-t-il. Le tribunal le condamne à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 600 euros.

Un oubli et un renvoi
Quand le prévenu suivant est appelé à la barre, il n’est plus présent dans la salle. Il l’était pourtant en début d’audience. Par conséquent, la présidente décide d’examiner son dossier. Les absents ont toujours torts, paraît-il. Quatre délits sont inscrits à la prévention : violence, menace, port d’arme et dégradation volontaire de biens. L’affaire se résume en un conflit de voisinage qui tourne à l’empoignade verbale à propos de gamelles de chats et d’arbustes coupés. « Le moins que l’on puisse dire est qu’il règne une mauvaise entente », constate le procureur. Il requiert 800 euros d’amende avec sursis. Quelques minutes plus tard, le prévenu s’avance à la barre.
Il signale sa présence à la présidente du tribunal qui lui indique que l’affaire a été évoquée. « Mais vous m’aviez dit de revenir à 11 heures », s’étonne le prévenu. La greffière confirme. Léger embarras de la magistrate qui, toutefois, rectifie immédiatement son erreur et ordonne la réouverture des débats lors de l’audience du 2 décembre. L’affaire sera donc examinée une deuxième fois. En présence du prévenu, cette fois.

   

Journal de Saint-Barth N°1439 du 23/09/2021

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