Saint-Barth -

Six locaux condamnés pour des délits routiers, certains à des peines de prison ferme

L’audience foraine du tribunal correctionnel de jeudi dernier a été fortement raccourcie par la grève des avocats. Mais quatre prévenus qui comparaissaient sans conseil, tous pour des délits routiers, ont été jugés et condamnés. Certains à des peines de prison ferme, dont un avec mandat d’arrêt.

 

Le premier à s’avancer est un quadragénaire, attrapé le 22 août 2019 au guidon d’un scooter de 125cm3, qu’il conduisait sans permis et sans assurance. Il tombe sous le coup de la récidive car il avait déjà été pris dans des circonstances similaires le 5 juin 2019. En audition, les gendarmes lui demandent pourquoi, sachant qu’il faut un permis pour conduire ce type de deux-roues, il a tout de même choisi de circuler avec : « Je veux rouler avec un gros scooter avant de mourir », répond l’homme. Durant tout l’échange avec les magistrats, cet homme souriant mais contrit donne des explications confuses. Propriétaire, il vit du RSA, et son casier judiciaire est chargé. « J’essaie d’être quelqu’un de meilleur», promet-il. Il est condamné à quatre mois de prison ferme, 450 euros d’amende, et l’interdiction de conduire tout véhicule à moteur durant six mois. Il devra aussi suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière.

 

Profil complètement différent pour le suivant. Ce garçon de 19 ans originaire de Saint-Barthélemy a quitté l’école à 16 ans et depuis, il vogue de petits boulots en périodes d’inactivité, et vit chez sa mère. « Vous faites quoi de vos journées ? » s’enquiert le vice-procureur. « Actuellement, rien. » « Et vous avez prévu de faire quoi de votre vie ? » « Je ne sais pas. J’attends de trouver quelque chose qui m’intéresse. » «Qu’est-ce qui vous intéresse? » « Je ne sais pas. »

 

Le jeune homme intimidé est jugé pour conduite sans permis et refus d’obtempérer. Un matin d’octobre dernier, vers 9 heures, il a fait demi-tour en voyant les gendarmes qui lui faisaient signe de s’arrêter pour un contrôle. Manœuvres dangereuses au cours desquelles les militaires ont eu le temps de relever sa plaque. Et peu après, le garçon repasse dans l’autre sens, avec une passagère sans casque sur sa selle. « J’ai eu peur », explique-t-il à la présidente. «Peur ? Mais peur de quoi ?» « Je voulais protéger le scooter de ma mère », glisse-t-il. La présidente le condamne à trois mois de prison avec sursis, 300 euros d’amende, à suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière et lui interdit de conduire tout véhicule à moteur durant six mois.

 

La jeune femme qui suit est jugée à la suite d’un accident début septembre. Peu avant 19 heures, éméchée, elle s’amuse à faire des zigzags à scooter sur une route de Lorient, avec un copain qui fait de même sur un quad. Un véhicule les voit déborder sur sa voie à vitesse élevée, et finalement la conductrice du scooter perd le contrôle et percute la voiture. La personne sur le quad s’éloigne, les pompiers et les gendarmes interviennent. Fort heureusement l’accident n’est pas grave. Mais les analyses révèlent que la mère de famille est alcoolisée, à hauteur de 2,8 grammes d’alcool par litre de sang.

 

Elle assure qu’elle n’est pas une habituée : « Ça a été une grosse erreur, je n’ai aucune excuse. » « C’est trois fois et demie le taux autorisé», souligne le vice-procureur. « Boire autant d’alcool et monter sur un scooter, ça dépasse l’entendement. » Ses réquisitions sont suivies par la juge : trois mois de prison avec sursis, 150 euros d’amende et un stage de sensibilisation à la sécurité routière.

 

La dernière prévenue, la petite quarantaine, a été contrôlée en août parce qu’elle faisait des embardées sur son quad de location. Vers 17 heures, elle circule avec 1,9 gramme d’alcool par litre de sang. Elle explique que l’après-midi, seule chez elle, elle a bu une bouteille de vin rouge et deux bières, puis qu’elle est partie faire des courses à Gustavia. Elle ne donne pas vraiment de raison à cette consommation d’alcool.

Quoi qu’il en soit, elle est en récidive puisqu’elle a été condamnée à de la prison avec sursis et mise à l’épreuve pour des faits similaires en mai 2017. Et également en 2016, où elle avait écopé d’une suspension de permis de conduire. « Boire comme ça, cela n’arrive plus. Je travaille midi et soir, je ne veux pas perdre mon emploi», assure-t-elle au tribunal. Le vice-procureur avoue avoir «du mal à comprendre. Vous avez déjà été condamnée à deux reprises. Votre cas est vraiment désespérant… » Problème, elle n’a pas apporté de certificat médical prouvant qu’elle a cessé de boire de l’alcool. « J’avance mais ce n’est pas facile », argue la prévenue.

Etant toujours en période sursis avec mise à l’épreuve, elle ne peut plus accéder au sursis. Elle est donc condamnée à six mois de prison ferme (quatre mois, plus les deux mois du sursis de sa condamnation précédente), 300 euros d’amende, un stage de sensibilisation à la sécurité routière et l’interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur durant six mois.

Pour finir, deux natifs de Saint-Barthélemy ont été jugés en leur absence. 

Le premier, âgé de 27 ans, a été contrôlé à Saint-Martin en août dernier. Il roulait après avoir consommé de l’alcool et des stupéfiants. Il a est condamné à quatre mois de prison ferme, 600 euros d’amende et une suspension de permis durant six mois.

 

Mandat d’arrêt

Le second a été contrôlé, à l’automne dernier, à quelques jours d’intervalles. Une première fois, il a été pris circulant sur un véhicule non-assuré. La même semaine, au cours d’un contrôle de routine effectué à Saint-Jean aux alentours de 18 heures, il a été contrôlé positif à l’alcool. Son taux n’était pas très élevé, moins d’un gramme dans le sang. Mais le quadragénaire est coutumier du fait, puisque c’est sa troisième récidive. Il a d’ailleurs indiqué aux gendarmes qu’il avait déjà effectué trois mois de prison pour des faits similaires. 

Jeudi dernier, le Saint-Barth n’est pas venu à l’audience à laquelle il avait été convoqué pour se défendre. Il écope de douze mois d’emprisonnement ferme, 600 euros d’amende, et un mandat d’arrêt a été délivré à son encontre. 



JSB 1362

Journal de Saint-Barth N°1362 du 13/02/2020

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