Saint-Barth - Justice illustration

Il s’en prend violemment à sa belle-fille de 12 ans

Un éclatement soudain de violence, lié au confinement du printemps, a été jugé jeudi dernier à Saint-Barthélemy. Un quinquagénaire a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir frappé sa belle-fille de 12 ans.

 

Les violences intrafamiliales ont explosé partout en France durant la période de confinement. Saint-Barth ne fait pas exception, en atteste cette affaire examinée jeudi dernier par le tribunal correctionnel.


L’homme avait reçu en vacances une ex-compagne venue de métropole, en mars, quand le confinement a été décrété. Qu’à cela ne tienne, celle-ci décide de rester avec sa fille de 12 ans chez Monsieur, à Saint-Barth. Celui-ci vit en colocation et accueille ses deux enfants régulièrement. Le 15 mai, la semaine de levée du confinement, la soirée dégénère. C’est peu de le dire : il se retrouve devant le tribunal pour “violences sur mineur exercée par un ascendant”. La Présidente rapporte les faits. « Visiblement il y avait eu une consommation d’alcool importante ce soir-là. Une dispute éclate avec l’adolescente au sujet d’un téléphone. La mère vous demande d’intervenir face à la résistance de la jeune fille. Celle-ci vous griffe le bras. Il y a une claque, visiblement sa tête heurte un meuble. Elle s’enferme dans sa chambre, vous vous munissez alors d’un couteau pour ouvrir la porte. Elle vous voit entrer avec un couteau, ce qui exacerbe les tensions, elle hurle. Elle dit avoir été tirée par les cheveux. La colocataire, qui n’avait pas bu d’alcool, a essayé de vous raisonner, en vain. La mère, elle, raconte qu’elle vous a vu mettre des claques à sa fille jusqu’à la faire saigner du nez. » L’adolescente a vu un médecin, qui a prescrit trois jours d’ITT (incapacité totale de travail) et constaté des contusions au scalp, au nez, à la nuque, au tronc, et un état de choc psychologique. « La témoin décrit une scène ahurissante, avec la fille sur son lit, sa mère qui la tire par les pieds, et vous qui lui mettez des claques… » Tout cela en présence, dans le salon, des deux jeunes enfants du prévenu.


Aux gendarmes qui l’entendent, l’homme reconnaît avoir donné une gifle, tiré les cheveux, et assure qu’il avait pris le couteau pour ouvrir la porte, mais pas pour la terroriser. « J’ai pété les plombs », dit-il. Depuis les faits, la mère et sa fille sont rentrées chez elles en métropole. Et elles ont écrit au procureur pour retirer leur plainte.
A la barre, le prévenu raconte sa version mais évite le passage des coups. « Ce soir-là, elle (la mère de l’enfant, ndlr) avait commencé à boire du rhum à 17 heures. Je faisais le barbecue dehors, je les ai entendues, elle et sa fille, hurler. Je lui avais dit que je ne voulais pas de ça devant mes enfants, ils ne sont pas habitués à ça. » Il intervient pour stopper l’engueulade, mais ne parvient qu’à jeter de l’huile sur le feu. « Elle (l’adolescente, ndlr) m’a agrippé, m’a griffé le bras. Je lui ai mis une gifle. Quelques jours plus tard je me suis excusé, et on a passé une bonne journée à la plage… » « Est-ce que cela excuse un comportement aussi violent ? C’est une enfant, on peut s’interroger sur la proportion de la réponse. Concédez-vous que c’était violent et disproportionné ? » demande la Présidente. « C’est clair, mais j’avais dit que je ne voulais pas d’histoire quand mes enfants sont là. »

Il a déjà été condamné pour des faits de violences et d’envois de messages malveillants sur une autre ancienne compagne, note le tribunal. Le procureur requiert 10 mois de prison avec sursis, un stage de citoyenneté obligatoire et l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans.


« Il n’a jamais nié les faits, et le contexte était inhabituel », souligne Me Carsalade, qui défend le mis en cause. « On parle d’une jeune fille de 12 ans, certes, mais qui n’est pas pour autant un ange tombé du ciel. Elle a de graves problèmes de violence, que sa mère, alcoolique, ne gère pas. Celle-ci a demandé à mon client, qu’elle n’avait pas vu depuis des années, de gérer sa fille. Je demande un suivi psychologique. C’est un bon père, un bon compagnon, ce n’est pas un homme violent de façon globale. »
Le tribunal l’a condamné à huit mois de prison avec sursis.

 

Journal de Saint-Barth N°1401 du 09/12/2020

VGE
Condamnée à détruire son bien
L'Etat a engagé 17,5 millions d'euros