Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a effectué une visite à Saint-Martin puis à Saint-Barthélemy les 5 et 6 décembre. Il a annoncé la création d’un tribunal judiciaire autonome et la construction d’une maison d’arrêt à Saint-Martin avant d’afficher sa volonté d’accentuer la lutte contre le narcotrafic.
Si la visite fut des plus brèves, elle a été marquée par des annonces importantes pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy. A tout le moins dans le domaine qui occupe Gérald Darmanin depuis un peu moins d’un an : celui de la justice.
Le vendredi 5 décembre à Saint-Martin, le Garde des Sceaux a ainsi officialisé les annonces faites un mois plus tôt à Paris. En l’occurrence, établir un tribunal judiciaire de plein exercice à Saint-Martin. Celui-ci devrait voir le jour d’ici à l’été 2026 et sera doté de moyens supplémentaires en termes de magistrats, de greffiers et d’accompagnants de détenus. Le ministre a ainsi annoncé la nomination en septembre 2026 d’un juge d’instruction. Il rejoindra le juge d’application des peines qui est en poste depuis le mois de septembre 2025. Ce tribunal autonome, Gérald Darmanin souhaite qu’il contribue à « renforcer la justice locale et mieux accompagner les détenus du territoire dans leur réinsertion ». Tout en précisant qu’il doit « s’accompagner d’une politique carcérale qui manque à Saint-Martin ».
Le ministre a rappelé pendant sa visite qu’une soixantaine de Saint-Martinois sont actuellement détenus en Guadeloupe. Ce qui complique les visites familiales mais également le processus de réinsertion. Aussi, le Garde des Sceaux a également confirmé qu’une maison d’arrêt d’une soixantaine de places, construite sur le modèle des prisons modulaires, verra le jour à Saint-Martin. Elle devrait accueillir des Saint-Martinois en détention provisoire ou condamnés à une peine d'emprisonnement de moins de deux ans.
Réunion sur le narcotrafic à Saint-Barth
Le lendemain de ces annonces, formulées sous les caméras et les flashes en présence des présidents des collectivités de Saint-Martin, Louis Mussington, et de Saint-Barthélemy, Xavier Lédée, le ministre de la Justice s’est rendu à Saint-Barth. Tout au long de la matinée du samedi 6 décembre, dans les bureaux de la délégation de la préfecture, à Gustavia, il a présidé une réunion consacrée à la lutte contre le narcotrafic dans le bassin caribéen.
Le Garde des Sceaux s’est entretenu avec des magistrats du tribunal de grande instance et de la Cour d’appel de Basse-Terre (Guadeloupe), des officiers des douanes et du commandement de la gendarmerie de Saint-Martin et Saint-Barthélemy ainsi que la magistrate de liaison basée auprès de l’ambassade de France à Sainte-Lucie. « Nous savons que le narcotrafic pollue la terre entière, a déclaré le ministre à l’AFP. Il touche le territoire national et, singulièrement, les territoires français des Caraïbes qui sont particulièrement exposés du fait de leur proximité avec des pays producteurs. Mais aussi des gangs, des réseaux de criminalité organisée qui utilisent les îles françaises comme des îles « rebond » où l’on entrepose, on négocie et on fait du transbordement de drogue. » Face à ce constat, Gérald Darmanin exprime la volonté de l’État de renforcer les moyens de lutte contre le narcotrafic.
Pour ce faire, le ministre a évoqué « une stratégie de harcèlement » élaborée par le commandement de la gendarmerie qui consiste en une multiplication des contrôles et des interventions accrues sur « les points de deal ». Par ailleurs, Gérald Darmanin entend « donner une circulaire de politique pénale pour chacune des îles des Antilles pour que le parquet puisse savoir quelle est l’action prioritaire qu’il doit porter, notamment contre le narcotrafic et les consommateurs ».
En ce qui concerne le blanchiment d’argent lié au narcotrafic, Gérald Darmanin constate le manque de « services enquêteurs spécialisés » et assure : « On va essayer de renforcer cela, avec les agents des finances publiques et les agents des douanes. Quand on lutte contre la criminalité organisée, ce qu’il faut c’est suivre l’argent. » Une amélioration de la coopération régionale s’avère indispensable, dans tous les domaines. « Encore faut-il travailler avec des administrations qui soient à l’écoute, a-t-il déclaré. Il y a une autorité judiciaire des pays qui nous entourent qui veut bien nous aider mais il y a aussi des administrations un peu corrompues ou qui n’ont pas l’idée que le narcotrafic est une lutte très importante. On doit les convaincre. »
Gérald Darmanin a ensuite discuté, lors d'entretiens individuels, avec le président Lédée, la sénatrice Micheline Jacques ou encore le président honoraire Bruno Magras.
