Saint-Barth - Tribunal Palais de justice

Deux ans de sursis requis pour une agression sexuelle sur mineure

Dans une affaire d’agression sexuelle sur mineure commise en 2011 à Saint-Barthélemy, le procureur de la République a requis une peine de 24 mois de prison avec sursis contre le prévenu, absent à l’audience du jeudi 24 novembre à Saint-Martin. Le tribunal rendra son délibéré le 15 décembre.

 

Deux années de prison assorties d’un sursis. Telle est la peine requise par le procureur de la République, le jeudi 24 novembre à Saint-Martin, contre un prévenu poursuivi pour des faits d’agression sexuelle sur mineur commis en 2011 à Saint-Barthélemy. Le représentant du ministère public a regretté l’absence du prévenu, âgé de 82 ans, à l’audience. Il a justifié ses réquisitions en expliquant : «Aujourd’hui, il n’y a pas de bénéfice secondaire pour la victime, ce qui est à mettre à son crédit et ce qui pèse lourd dans la balance. » Par ailleurs, il a souligné « la pression phénoménale exercée sur la victime pendant dix ans » pour appuyer ses réflexions sur « un équilibre sur le fil du rasoir entre la parole d’un enfant et les négations du prévenu ».

Sous la pression familiale
Il semble presque inutile de préciser que l’audience s’est déroulée dans une ambiance pesante, dans la petite salle du tribunal correctionnel de Saint-Martin. Si le prévenu est absent, il est représenté par une avocate. Sur le banc de la partie civile, la victime est entourée de quelques proches venus la soutenir. Les faits remontent donc au mois de mars 2011. La victime est alors âgée de 12 ans. Avec une partie de sa famille et des amis, elle campe pour le week-end de Pâques sur l’île de Tintamarre, à Saint-Martin. Un groupe arrive par bateau et se joint à eux. Parmi ce groupe, le prévenu, qui n’est autre qu’un des oncles de la victime. Dans la journée, alors que l’enfant pagaie dans un canoë, l’homme s’approche et fait délibérément chavirer la petite embarcation. Lorsqu’elle est dans l’eau, la victime raconte que le septuagénaire l’enlace avant de passer une main sous son haut de maillot avant d’empoigner l’un de ses seins. Il glisse ensuite sa main sous sa culotte.
La victime assure qu’elle a été profondément affectée et qu’elle a rapporté l’agression à une amie puis à ses parents. Dès lors, selon ses dires, plusieurs femmes de la famille se manifestent afin de la dissuader d’ébruiter « l’incident ». Avec comme principal argument qu’une telle histoire pourrait tuer sa grand-mère. La jeune victime cède sous la pression familiale. Elle raconte qu’elle a vécu pendant dix ans avec un traumatisme aussi profond que vivace. « J’ai toujours dit que je porterai plainte, explique-t-elle à la barre du tribunal. J’ai gardé tout ça en moi. Depuis ce jour, j’attends. »
Lorsque l’enquête commence, l’auteur présumé des faits nie catégoriquement avoir commis l’agression dont l’accuse la jeune femme. Une autre femme, proche de la victime, affirme avoir essuyé les assauts de ce même agresseur, 29 ans plus tôt. Une deuxième personne, qui entend parler de la plainte de la jeune femme, se manifeste auprès d’un organisme spécialisé. Elle affirme qu’elle a été victime d’attouchements de la part de ce même homme lorsqu’elle était petite fille. Mais les faits remontent à plus de vingt ans et ils sont donc prescrits aux yeux de la loi.

« Le prévenu est quelqu’un de puissant »
« J’ai la lourde tâche de porter la voix d’une petite fille de douze ans », souffle l’avocate de la jeune victime lorsqu’elle entame sa plaidoirie. Face aux magistrats, elle rappelle que sa cliente « s’est battue pour être entendue et écoutée aujourd’hui » et lance : « A 12 ans, sa vie a basculé. Elle s’est fait voler son innocence, sa naïveté, son intimité. Le pire est qu’elle ne peut garder ça pour elle et que tout le monde lui dit de se taire, l’empêche de parler, pour préserver l’image de la famille. Le problème dans cette affaire est que le prévenu est quelqu’un qui a de l’argent, qui est puissant. » Elle évoque les cauchemars de sa cliente, une tentative de suicide... « Et quand finalement elle décide de porter plainte, elle reçoit des menaces de mort, au point d’envisager de retirer sa plainte, s’exclame l’avocate. Dans un tel contexte, je ne vois pas quel intérêt elle aurait à inventer des faits. Comme les deux témoins qui n’ont rien à y gagner. »
De l’autre côté de la barre, l’avocate du prévenu formule des doutes quant à la véracité des faits. Elle déclare également que « les pressions et les menaces ne sont corroborées par rien ». Elle ajoute : « Pourquoi la maman n’a pas porté plainte ? Pourquoi tout le monde est resté en si bon terme ? S’est-il passé quelque chose ? Peut-être. Mais rien ne vient établir la matérialité des faits. Et mon client n’est certainement pas impliqué. »
Le tribunal a mis le jugement en délibéré. Il rendra sa décision le 15 décembre.

 

Des jours amende pour le pilote imprudent

Le 19 novembre 2021, un homme âgé de 35 ans circule au guidon de son deux-roues à Public. Pressé et impatient, il décide de s’engager sur la voie de gauche pour dépasser une file de voitures. Malheureusement pour lui, un véhicule apparait face à lui. Le conducteur, surpris, n’a pas le temps d’éviter le scooter. La collision est violente. Grièvement blessé à la jambe, le pilote du scooter explique avoir entendu son pied se casser avant même de retomber sur le sol. Plus d’un an après l’accident, il boite encore sévèrement. Les examens de routine pour déterminer la présence d’alcool ou de drogue dans l’organisme des personnes impliquées dans l’accident révèlent que le prévenu avait fumé du cannabis. « Deux ou trois jours avant », assure-t-il à la barre du tribunal. La présidente remarque qu’il avait déclaré lors de son audition qu’il fumait tous les jours. De plus, elle souligne que son casier judiciaire porte trace de quatre condamnations entre 2007 et 2018, toutes pour des délits liés aux stupéfiants. Le procureur de la République requiert six mois de prison à l’encontre du prévenu. « Monsieur a compris que la consommation de cannabis a des conséquences sur sa vie, assure l’avocat de la défense. Et malgré son handicap, il a toujours essayé de travailler. Il a la volonté d’aller mieux. » Il écope d’une peine de 30 jours amende à 20 euros et d’une interdiction de conduire d’une durée de quatre mois. « C’est votre dernière chance, explique la présidente du tribunal au prévenu. Car vous avez été gravement blessé. Si vous repassez devant le tribunal pour une affaire de stupéfiants, vous irez en prison. »

 

Journal de Saint-Barth N°1496 du 01/12/2022

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