Le samedi 21 décembre en début de soirée, un tender de 16 mètres de long, le Reel Wild, annexe d’un yacht amarré dans le port de Gustavia, le Loon (68 mètres), a terminé sa navigation sur des rochers, à la pointe de l'Anse des Cayes, du côté de l'Anse des Lézards (JSB 1587 et 1598). Parmi les onze occupants, tous membres de l’équipage du yacht et de nationalité étasunienne, six ont été transportés à l’hôpital Irénée de Bruyn, dont une jeune femme éjectée du bateau quand celui-ci a touché terre. Gravement blessée au visage (dont plusieurs fractures à la mâchoire) et à une jambe, elle a été transférée dès le lendemain par avion médicalisé à Miami. La victime, accompagnée par deux autres membres de l’équipage, a depuis engagé une action en justice contre le capitaine, Paul Reid Clarke.
Abandon des commandes
Selon le site étasunien Triton, Natalia Niznik, Klara Holubova et Austin Scaccianoce sont représentés par le cabinet Moore & Company de Coral Gables, en Floride. Tous affirment que le capitaine Clarke était aux commandes du Reel Wild le soir de l’accident. « Il aurait abandonné la barre du navire et laissé l'annexe naviguer à une vitesse comprise entre 77 et 82 km/h dans l'obscurité totale », rapporte l’article de Triton, se référant au contenu de la plainte. Les trois membres de l'équipage espèrent voir leur demande retenue afin que se tienne un procès devant un jury.
Début mai, Paul Reid Clarke a déposé une requête en rejet de la plainte. Le capitaine affirme que « les allégations formulées dans la plainte ne constituent pas des faits juridictionnels suffisants pour le soumettre à la loi de la Floride puisqu'il n'est pas citoyen des États-Unis, ne réside pas en Floride, ne possède pas de biens personnels en Floride, n'y exerce pas d'activité commerciale à titre individuel, n'y a causé ni préjudice corporel ni dommage matériel, et que les faits en cause se sont produits à Saint-Barthélemy », détaille l’article de Triton. Une requête à laquelle les plaignants ont répliqué en apportant une longue liste de preuves que Paul Reid Clarke réside bien en Floride (à Fort Lauderdale) : fichiers de sociétés, boite postale, extrait de casier judiciaire pour une infraction au code de la route en 2017, permis de pêche datant de 2023, témoignages d’autres membres de l’équipage qui expliquent avoir été invités au domicile du capitaine, etc. L’instruction de toutes ces pièces est en cours.
Enquête française toujours en cours
Parallèlement, une enquête confiée aux affaires maritimes du parquet de Cayenne, en Guyane, a été ouverte dans les jours qui ont suivi l’accident. Les instruments de bord ont été saisis afin de déterminer qui était aux commandes du bateau au moment de l’accident. Sur des vidéos filmées à l’aide de smartphones depuis la plage de Ti Saint-Jean, on peut observer les occupants du bateau quitter un restaurant de plage après y avoir festoyé tout au long de l’après-midi, en y consommant une importante quantité de boissons alcoolisées.
Après avoir été secourus par le Stis et la gendarmerie le soir de l’accident, les membres de l’équipage avaient été transportés à l’hôpital de Bruyn. Là, sur les conseils d’un avocat étasunien et d’une avocate de Saint-Barth, l’équipage avait refusé de se soumettre aux examens toxicologiques. La page Patreon du Loon a depuis été supprimée, comme les comptes sur Instagram et Facebook ainsi que les vidéos sur YouTube.
Pour l’heure, tandis que les procédures judiciaires ne font que débuter en Floride, le magistrat des affaires maritimes du parquet de Cayenne n’a pas dévoilé les avancées de l’enquête française.