Saint-Barth -

Solidarité après Irma : racontez-nous

Quand Louisa est arrivée chez elle à Lorient, mercredi 6 septembre, avec sa fille Kenza, elles se sont trouvées hébétées devant les dégâts. Un énorme latanier gît au sol. Une jeune Saint-Barth, Roxane, passait par là, une tronçonneuse à la main. Ni une, ni deux, elle s’est mise au travail, a rameuté les copains, qui ont dégagé l’accès à la maison, commencé à déblayer, rassuré la mère et la fille.
« Quand tu vois ça, tu revis ! J’étais complètement sonnée, tous ces jeunes m’ont redonné de l’énergie, l’impulsion qu’il me fallait. J’insiste vraiment pour remercier la jeunesse, ils ont montré qu’ils étaient solidaires, qu’ils tenaient à leur île, ils ont tous bossé... Il faut leur dire bravo, bravo à nos jeunes. Et merci, merci, merci ! »

Joyeuses tablées d’après cyclone
A Gustavia, à la Pointe, après le cyclone Irma, la maison de Bettina est devenue le lieu de rendez-vous d’un tas de gens. Comme elle fut parmi les premiers à retrouver l’électricité et l’eau courante, elle a ouvert sa porte. « Elle a accueilli une quinzaine de personnes chaque soir à sa table, des amis, des amis d’amis, des voisins, puis des inconnus… » raconte Sam, qui vit à Corossol. « On a eu jusqu’à 26 personnes un soir, pour le couscous », précise Bettina, manager de villa. A force de si bien accueillir ceux qui étaient seuls, sans logement ou sans eau courante, beaucoup ont fini par élire domicile chez elle, et les quinze jours post-ouragan ont été une série de files d’attente devant la douche, de rencontres, de grandes tablées, de partage.
De l’étranger, les propriétaires de villas ont contacté leurs managers, Bettina comme d’autres. « Ils nous disaient « servez-vous ! » On s’est retrouvés à déguster de bonnes bouteilles de vin, et même un magnum de champagne… » De quoi dissiper la peur causée par Irma. « On a tous eu un moment ou on a craqué. Moi, ça a été au téléphone avec mes enfants… Mais avec tout le monde réuni ici, c’était très touchant », raconte Bettina. En échange de son accueil, Sam a effectué des réparations chez elle, récupéré de la nourriture ou il pouvait, pour toute la bande : Brigitte du Régal, Isa et Richard, Titou, Olivier et Marie, Titi l’électricien et son équipe… Une vraie auberge espagnole ou chacun met la main à la pâte.

Générosité et entraide
Maud, fille de Bettina installée à New York, a pris le premier avion, non sans avoir organisé une collecte aux Etats-Unis, et est arrivée les bras chargés de vivres et de vêtements. Elle donne maintenant un coup de main à Saint-Martin.
Sam se souvient du soir du cyclone José. Quatre jours après Irma, la population angoissée attend un nouvel ouragan, qui finalement ne vient pas. A Corossol, le Bitin Brass Band, pour fêter ça, a donné un petit concert improvisé dont il a le secret, et tout le quartier s’est retrouvé là, à festoyer, en plein confinement…
Il y a les boulangers de la Petite Colombe, pourtant très touchés par le cyclone Irma dans leurs maisons, qui ont laissé de côté les réparations chez eux pour fabriquer au plus vite du pain et l’offrir aux habitants, dans la rue. Il y a ce grand blond inconnu, posté sur un camion devant l’aéroport, qui a distribué des dizaines de kilos de gambas aux automobilistes. De quoi se remonter le moral autour d’un dîner de roi, éclairé à la bougie. Il y a les entreprises qui tout de suite sont intervenues, qui en camion, qui en avion, qui en grimpant aux poteaux restés debout… Et les porteurs d’uniforme, les services de secours, qui ont délaissé leurs propres logements pour remplir leur mission.

RACONTEZ-NOUS
Tous les habitants ont, comme Louisa, Bettina, Sam et les autres, une histoire à raconter, et des « mercis » à adresser. Le Journal de Saint-Barth vous propose de compiler et publier, dans une prochaine édition, vos récits, témoignages, anecdotes, remerciements. D’une part parce que sans cette solidarité, l’après Irma aurait été beaucoup plus difficile, pour tous. D’autre part pour que le retour à la vie normale, bien que désiré, n’efface pas trop vite cet esprit post-cyclonique, l’unique bon côté d’Irma.

> Envoyez-nous vos récits par mail : redactionjsb@orange.fr .

Photo : Sam et Bettina. Chez cette dernière à la Pointe, 15 à 30 personnes sont venues chaque jour, pendant les deux semaines qui ont suivi Irma, pour se doucher, manger, dormir, papoter, boire un verre.