Saint-Barth -

L'assureur de la Collectivité, Cooper Gay-nagico, a remis un chèque de 4,5 millions d'euros au Président.

A Saint-Barth, les assurances ont versé 400 millions d’euros à ce jour

Sur 838 millions d’euros de dégâts causés par Irma à Saint-Barthélemy sur les biens assurables, un peu moins de la moitié a déjà été remboursée.

Deux cadres de la Fédération française des assurances (FFA) sont venus à Saint-Martin en fin de semaine dernière pour un nouveau point sur les indemnisations des sinistres causés par Irma. Regrettant de n’avoir pu faire un crochet par Saint-Barthélemy, Arnaud Chneiweiss et Christophe Delcamp nous ont tout de même donné un bilan frais. 

Un milliard d’euros sur deux

En janvier, ils disaient avoir bon espoir que la majorité des dossiers soient clôturés avant carnaval. Raté : alors que les costumes sont remballés depuis longtemps, 88% des dossiers ont reçu une indemnisation à Saint-Barthélemy. « A ce jour, 400 millions d’euros ont été payés par les assureurs aux assurés. Par ailleurs à Saint-Martin, 600 millions d’euros ont déjà été remboursés. Les compagnies d’assurances ont donc déjà décaissé 1 milliard d’euros au total », soulignent Arnaud Chneiweiss et Christophe Delcamp. La moitié de la facture totale d’Irma estimée sur les îles du Nord.

Dans le détail, pour ce qui est des sinistres automobiles, 63% des dossiers déclarés à Saint-Barthélemy ont été payés. « On pourrait être plus haut, mais il y a un problème de disponibilité des garagistes », indique Arnaud Chneiweiss. En ce qui concerne les biens professionnels, 59 % des dossiers sont bouclés. Ils représentent 10% des sinistres déclarés, mais 40% du montant total qui sera indemnisé. « C’est sur l’habitation que l’on est un peu moins bien, avec 44% de la charge estimée qui a été réglée. »

Encore six à neuf mois

Alors pourquoi les remboursements tardent tant ? A Saint-Martin, les questions de copropriété compliquent le traitement des dossiers. C’est moins le cas à Saint-Barthélemy. « La pénurie d’artisans et de matériaux ralentit les remboursements », indiquent les représentants des assureurs de France. En effet, si l’assurance avance environ 70 % du montant des travaux, elle paie le reste une fois ceux-ci effectués, sur facture. Pareil pour les véhicules. Donc les dossiers ne peuvent être clôturés tant que les travaux ne sont pas terminés. « C’est un vrai goulet d’étranglement », indique Christophe Delcamp. « La présence de nombreux experts d’assurés, parfois sérieux, parfois moins, a aussi retardé les procédures d’indemnisation », ajoute Arnaud Chneiweiss. Par ailleurs, pour tout ce qui concerne la perte d’exploitation, les délais sont forcément plus long, « généralement douze ou dix-huit mois ». Les sociétés reçoivent des avances au fil des mois, mais l’indemnisation n’est finalisée qu’à la fin de cette période.

Alors, la FFA va-t-elle se risquer à fixer une nouvelle échéance pour le règlement total des sinistres ? « C’est la question à un milliard d’euros », sourient les deux hommes. « Si l’on est réaliste, il faudra compter encore six à neuf mois, car les derniers dossiers sont souvent les plus compliqués, ceux sur lesquels il y a des contentieux.  »

Les tarifs augmenteront

Pour rappel, les 8.500 sinistres enregistrés sur notre île représentent 838 millions d’euros (estimés à 835 millions en janvier, le chiffre a été réévalué). Chez les assureurs des îles du Nord, un tiers des dossiers « Irma » proviennent de Saint-Barthélemy, qui représente pourtant 42% du coût total. La note grimpe en raison des hôtels et villas de luxe.

Les compagnies d’assurances présentes dans nos îles augmenteront leurs prix. « Tous disent qu’il y aura un avant et un après Irma sur les souscriptions, en terme de tarifs », confie Arnaud Chneiweiss. « La gravité du risque climatique pour les îles du Nord a été réévaluée à la hausse. Il faut s’attendre à une politique de souscription des assureurs plus rigoureuse et sélective. » Ainsi, les assureurs échaudés par Irma pourraient bien refuser d’assurer des hôtels ou habitations en bord de mer, jugeant que le risque est trop élevé. En tout cas, s’ils assurent, ce sera plus cher.

« Le plus important, c’est que les assureurs restent sur le territoire », insiste Arnaud Chneiweiss. La tâche leur est facilitée par le régime français de la catastrophe naturelle, et la CCR (caisse centrale de réassurance), qui renfloue les compagnies d’assurances. La moitié de la somme globale devrait être prise en charge par cette entreprise publique. « Il faut garder les assureurs qui sont là, voire d’en attirer d’autres. » Certains, jugeant le risque trop élevé, ont déjà préféré abandonner le marché antillais à leurs concurrents, comme Axa et Covea, qui ont quitté la région depuis une dizaine d’années.

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Solde de tout compte entre la Collectivité et son assureur

Vendredi, champagne à la Collectivité pour la remise du dernier chèque de l’assurance à l’institution. Un gros chèque : 4,5 millions d’euros, qui viennent compléter le million déjà versé début novembre 2017 à la Collectivité. L’expert Jean-Antoine Fourcoux (Jaf Expertise) aura mis six mois à évaluer chaque sinistre, de l’hôtel de la Collectivité à la station d’épuration, en passant par le stade… « On va garder nos assureurs encore longtemps », a conclu le président Bruno Magras, vendredi, remerciant le directeur général de Cooper Gay Frédéric Chappaz et le mandataire général de Nagico Assurances, Constantin Désert, venus spécialement pour la remise du chèque à sept chiffres.

L’indemnité définitive se monte donc à 5,5 millions d’euros, pour un montant total des dégâts sur les biens assurés évalué à 6,4 millions d’euros.

La Com aurait pu bénéficier de 5,8 millions d’euros, si elle avait recensé et envoyé chaque facture à l’assureur. Mais le conseil territorial a préféré opter, lors de la séance du 4 mai, pour une solution plus rapide mais amputée de 300.000 euros, la jugeant plus favorable.


JSB 1282