Saint-Barth -

Une étude en cours sur les effets du ramassage des sargasses

Le phénomène de l’échouement des sargasses dans la Caraïbe en général et à Saint-Barthélemy demeure un sujet de profonde préoccupation. Pour des raisons économiques, puisque l’arrivée massive de ces algues brunes sur les côtes perturbe l’activité touristique, mais aussi pour des raisons écologiques. Parce que les sargasses échouées recouvrent la biodiversité sous-marine mais aussi parce qu’elles causent des dommages importants lorsqu’elles entrent en phase de décomposition. Toutefois, un autre facteur de nuisance pour l’écosystème est actuellement à l’étude. Celui des effets du ramassage des algues échouées sur les plages. Car avec les sargasses sont également enlevées de grandes quantités de sable.
Anaïs Coulon, scientifique, est attachée au laboratoire de géographie et d’aménagement de  l’université de Montpellier et travaille en qualité de doctorante sur les dynamiques côtières à Saint-Barthélemy auprès de l’Agence territoriale de l’environnement. Elle mène depuis plusieurs mois une étude sur les effets du ramassage du sable lié à la collecte des sargasses. Une étude qui est en cours et dont les conclusions sont encore loin d’être établies.

Préserver la biodiversité
Treize échantillons ont été prélevés manuellement, à l’aide d’un tractopelle et avec le système Barber (ratisseur). Ce, sur plusieurs plages de l’île. L’objectif est de comparer les sargasses collectées au début du ramassage, en cours de collecte et en toute fin d’opération. Les échantillons prélevés ont été rincés afin de récupérer le sable et de le séparer des sargasses, puis séchés au four pour ensuite pouvoir peser le pourcentage de sable contenu dans un échantillon de poids fixe. «Le prélèvement de sable le plus important survient généralement en fin de collecte, lorsque la plage est nettoyée de façon exhaustive et qu’aucune sargasse n’est laissée sur place », souligne la scientifique. Une observation qui confirme celle déjà établie lors d’une étude similaire menée à la fois en Guadeloupe et en Martinique par le scientifique Franck Dolique. Celui-ci a écrit : « Les allers et retours des engins lourds, équipés de gros pneus, tassent le sable, confirmant la tendance de dégradation topographique. L’ONCFS (Office nationale de la chasse et de la faune sauvage) suppose également que ce tassement aurait un impact conséquent sur la destruction des nids de ponte de tortues marines (ONCFS, 2015 ; Josso, 2016) et vraisemblablement aussi, de manière plus large, sur l’écosystème de la plage. » Dans son article, Franck Dolique formule quelques recommandations. Lors d’échouages massifs, il est nécessaire de ramasser rapidement les gros volumes, car ceux-ci agissent comme un mur de réflexion pour les vagues, renforçant leur énergie et provoquant un démaigrissement significatif du sable avec exportation vers l’avant-côte. En période d’échouages moyens ou faibles, le ramassage manuel est à privilégier, avec un épandage partiel des déchets végétaux sur l’ensemble de la plage. Il ajoute : « La faible épaisseur des fibres végétales favorise alors la propagation du jet de rive, piège efficacement le sable et contribue à la fertilisation des banquettes végétales d’arrière-plage ainsi que des herbiers d’avant-plage. »
Pour résumer, le ramassage ne peut être effectué de manière grossière si l’objectif est de préserver la biodiversité côtière. Les résultats de l’étude actuelle permettront certainement de mieux comprendre les enjeux d’une telle pratique.

Journal de Saint-Barth N°1627 du 14/08/2025

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