Saint-Barth -

Le séminaire « Zéro déchet dans les Caraïbes » s’est achevé par la signature de l’Appel de Gustavia pour l’environnement. (Photo @comstbarth)

Une coopération régionale sur le traitement des déchets aussi nécessaire que complexe

La Collectivité de Saint-Barthélemy a accueilli pendant deux jours, le vendredi 16 et le samedi 17 mai, le deuxième séminaire intitulé « Zéro déchet dans les Caraïbes ». Une grand-messe orchestrée par le Syvade (Syndicat de valorisation des déchets de la Guadeloupe) qui pilote le projet dans le cadre du programme Interreg. Un événement qui a réuni des élus et des représentants d’organismes de plusieurs îles de la région : Luc Mercelina, premier ministre de Sint Maarten, Louis Mussington, président de la Collectivité de Saint-Martin, Kyle Hodge, ministre du développement économique, du commerce, des terres, de l’eau et des ressources naturelles d’Anguilla, Buce Zagers, commissaire de Saba, mais aussi des intervenants venus de Sainte-Lucie, de la Guadeloupe et de la Martinique. Samedi 17 mai, en clôture du séminaire, tous ont signé un document baptisé «Appel de Gustavia pour l’environnement». Le point final d’une série de rencontres et de discussions aussi riches en informations qu’intense en réflexions. Car la notion de coopération régionale en matière de déchets se révèle aussi nécessaire que complexe.

« Trouver des réponses »
En effet, au fil des ateliers et autres entretiens conduits dans la salle des délibérations ou dans celle des mariages, en l’hôtel de la Collectivité, les perspectives de collaborations entre les différentes îles se sont ouvertes et, parfois, quelque peu rétrécies. La faute à des contraintes réglementaires qui s’avèrent, de prime abord, quasiment incompatibles entre certains territoires. « Aujourd’hui, il faut trouver des réponses, explique le président de la Collectivité, Xavier Lédée. Saint-Barthélemy est en avance, mais tout n’est pas bien géré. Nous avons encore deux thèmes compliqués : les sargasses et les déchets du BTP. » L’objet des échanges menés dans le cadre du séminaire était donc, pour les participants et intervenants, autant de découvrir les systèmes utilisés dans les autres îles que de savoir si un partenariat est envisageable. Pour exemple, le « modèle Saint-Barth » est parfait pour l’île, mais ne peut s’appliquer à de nombreuses autres. De fait, chaque île a son modèle.
« Construire une usine comme celle de Saint-Barthélemy à Saba, ce n’est pas possible, résume Fabrice Devaed, directeur des projets stratégiques à la Syvade. Notre objectif, c’est de parvenir à coordonner les synergies, à harmoniser les besoins. » Notamment pour parvenir à mettre en relation des îles et territoires qui sont en mesure d’élaborer rapidement et concrètement un ou des partenariats. Pour exemple, Anguilla, Saba et Saint-Eustache ont signé un accord à la fin du séminaire. « L’idée est d’installer un converter dans ces îles, explique Fabrice Devaed. Ça leur permettrait d’arrêter l’enfouissement. Ce converter produirait un fluff (une matière, ndlr) combustible qui sera transporté et traité à Sint Maarten. Donc on utilise l’espace de Sint Maarten pour soulager les autres îles. »

Des solutions communes
La complexité des réglementations liées au transport des déchets est souvent un obstacle à toute coopération. Le converter est une solution pour certaines îles. Frédéric Baudet, actionnaire du groupe Idex Triber, en explique le fonctionnement. « La loi qui régit le transport des déchets est la convention de Bâle, indique-t-il. Elle interdit le transport des déchets au-delà des frontières. Mais si on met en place sur chaque île des unités CSR (combustible solide de récupération), on peut transformer le déchet en produit, car il devient un carburant. » Dès lors, il peut être acheminé par barge d’une île à l’autre.
Il va sans dire que la question économique ne peut être ignorée. Ainsi, même si une entité publique lance un projet, le privé doit ensuite reprendre la main. Dans cette optique, des partenaires doivent donc être désignés. « Le secteur public est là pour faciliter les choses mais n’a pas vocation à investir de l’argent dans dix ou vingt ans, insiste Fabrice Devaed. S’il n’y a pas de rentabilité, ça ne sert à rien. Mais ça le sera. Pourquoi Sint Maarten veut récupérer les déchets pour faire du combustible, c’est pour alimenter son usine qui ensuite produira de l’électricité. » Et créera des emplois dans la foulée.
Dans le domaine du traitement des déchets, grâce aux structures de l’usine Paprec (gérée par Ouanalao Environnement) qui produisent également de l’eau et bientôt de l’électricité, Saint-Barth a pris 25 ans d’avance sur ses voisins de la Caraïbe. Directeur du développement pour Paprec Energies, Stéphane Bertrand résume : « A chaque territoire sa solution. Saint-Barthélemy est un exemple plus qu’un modèle. Il faut connaître les territoires, leur parcours. L’usine d’incinération en 1990 à Saint-Barth, ce n’est pas l’écopôle d’aujourd’hui. » De l’importance de montrer le savoir-faire développé au sein des structures de la Paprec. Ne serait-ce que pour élargir le champ des possibles pour l’ensemble des participants au séminaire.
 

Journal de Saint-Barth N°1617 du 22/05/2025

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