Saint-Barth - 1625-Sargasses Manapany

Kader Bendjeddah, général manager de l’hôtel Le Manapany, et Anne Jousse, propriétaire de l’établissement, annoncent la fermeture anticipée de l’hôtel pour le 30 juillet. Sargasses obligent.

Sargasses : fermeture anticipée de l’hôtel Le Manapany

Lascivement allongée sur un transat, au bord de la piscine, une cliente de l’hôtel Le Manapany se laisse bercer par les rayons du soleil. Autour d’elle, personne, jusqu’à l’arrivée d’un couple qui s’installe sur deux chaises longues, dos à la plage. Un moyen comme un autre de ne pas apercevoir l’amoncèlement de sargasses qui recouvre le sable. Ni les dizaines de nappes qui, encore dans l’eau, s’approchent doucement de la côte pour s’y échouer. Depuis le début du mois de juin, l’Anse des Cayes est une des zones les plus touchées par l’arrivée massive d’algues brunes. Un phénomène que les moyens mis en œuvre par la Collectivité n’ont pas suffi à endiguer. Par conséquent, face à l’ampleur du désastre, insoluble dans l’immédiat, la direction du Manapany a décidé d’anticiper sa fermeture annuelle. L’hôtel va mettre un terme à sa saison le mercredi 30 juillet, douze jours plus tôt que prévu.

Une situation « extrêmement difficile »
« Cette fermeture avancée fait suite à des arrivages massifs et continus de sargasses depuis maintenant deux mois, affectant notre plage à l’Anse des Cayes, ainsi qu’une très grande partie du littoral de Saint-Barthélemy, déclare le manager général, Kader Bendjeddah. Malgré les efforts engagés par la Collectivité, à la suite d’un rendez-vous sollicité par les hôteliers afin de demander la mise en place d’actions de ramassage immédiates ainsi que des mesures concrètes pour contenir les prochaines arrivées de sargasses dans les mois à venir et réunissant monsieur Xavier Lédée, président de la Collectivité, ainsi que monsieur le préfet Cyrille Le Vély, la situation reste extrêmement difficile. »
De fait, tandis qu’un homme ratisse la partie de plage située face à l’hôtel, un autre est aux commandes d’une petite pelleteuse à l’autre bout de l’anse. Les chenilles de l’engin enfoncées dans un tapis de sargasses, il s’efforce de ramasser les monceaux d’algues qui s’agglutinent dans l’anse. Des chauffeurs arrivent parallèlement au volant de leur camionnette, se garent avant de s’installer aux manettes d’une autre pelleteuse afin de charger des sargasses dans la benne. Un manège qui paraît sans fin. Comme le confirme Kader Bendjeddah. « Des opérations de ramassage, initiées par la Collectivité, sont en cours depuis une dizaine de jours, avec l’intervention d’un tracteur et d’une équipe dédiée sur notre plage, explique le manager. Malgré cela, les sargasses continuent malheureusement d’envahir nos côtes. Elles génèrent de fortes odeurs et rendent les conditions d’accueil et de travail particulièrement précaires et éprouvantes. »

« Prise de conscience tardive » de la Collectivité
Depuis le 23 juin, la direction du Manapany a été contrainte de prendre des mesures drastiques. Des mesures qui ont eu des conséquences sur son rendement économique. Fermeture de toutes les chambres situées côté plage, fermeture de l’accès à la plage « pour des raisons sanitaires et de sécurité », suspension du service de restauration installé sur la plage. « Ces conditions ont également conduit à de nombreuses annulations et reports de séjour de la part de notre clientèle, déçue à juste titre par des circonstances indépendantes de notre volonté », remarque Kader Bendjeddah.
Présente aux côtés de son manager général, la propriétaire de l’établissement, Anne Jousse, estime « tardive » la prise de conscience par la Collectivité. « Le problème existe depuis des années et il n’est pas propre à Saint-Barthélemy, constate Anne Jousse. Mais depuis le temps que cela dure, une réaction moins tardive aurait permis d’éviter les déboires actuels. Une fermeture anticipée, ce sont des emplois en moins mais aussi une image négative de l’île. »
De fait, depuis plusieurs semaines, de nombreux visiteurs en devenir s’interrogent sur l’intérêt de venir à Saint-Barthélemy dans de telles conditions. Même pour ceux qui ont réservé dans des établissements qui ne sont pas directement concernés par la présence des sargasses. «Reste-t-il des plages sur lesquels on peut aller ? », demande ainsi un futur arrivant sur la messagerie du JSB. Une inquiétude qui n’est pas isolée.
Pour le Manapany, la fermeture interviendra donc le mercredi 30 juillet. A 11 heures, juste après le service du petit-déjeuner. Il rouvrira ses portes à sa clientèle le 29 octobre. Avec l’espoir qu’en 2026, des solutions seront apportées lorsque les sargasses surgiront à nouveau dans la baie de l’Anse des Cayes.

Journal de Saint-Barth N°1625 du 24/07/2025

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