Saint-Barth - ATE fonds marins

Les membres de l’ATE et de Creocean utilisent un robot autonome sous-marin qui aura pris plus de 6.000 photos à la fin de leur mission.

L’Agence territoriale de l’environnement cartographie le fond de l’océan

Vendredi 31 octobre, 7h45. Sur le quai devant l’hôtel de la Collectivité, cinq hommes s’affairent. Ils déchargent les caisses de matériel rangées dans une voiture pour les placer à bord d’un petit zodiac. La mécanique est bien huilée ; cela fait six jours que se rejoue cette chorégraphie matinale.

Un drôle d’engin en forme de torpille rose et noir fait partie des équipements apportés. « C’est un robot sous-marin autonome ou AUV pour autonomous underwater vehicle », indique Jean-Baptiste Favier, technicien du bureau d’études Creocean, en charge du projet en cours avec l’Agence territoriale de l’environnement (ATE). 
La mission réalisée par les deux organismes vise à cartographier les fonds marins de Saint Barth de 18 à 30 mètres de profondeur. Un travail similaire, jusqu’à 18 mètres, avait déjà eu lieu en 2022. Mais sans l’utilisation du robot. « L’objectif est d’identifier les zones sensibles à forts enjeux écologiques », détaille Sébastien Gréaux, directeur de l’ATE. 
Les données collectées seront partagées sur le site internet de l’agence d’ici début 2026. Elles serviront à la Collectivité dans son installation de filets contre les sargasses. Les éléments seront aussi disponibles sur l’application de navigation gratuite « Donia », qui envoie un signal d’alerte aux plaisanciers et aux pêcheurs lorsqu’ils s’apprêtent à se mettre au mouillage dans une zone riche en biodiversité.

Robot et plongées tractées
Une pré-cartographie avait déjà été établie par Creocean lors d’un processus de détection à distance via des satellites. « Notre travail consiste désormais à vérifier et à améliorer cette pré-cartographie avec des actions sur le terrain », complète Sébastien Cnudde, chargé d’études en environnement au sein du bureau. Les chercheurs réalisent notamment des plongées tractées. «Au rythme de deux par jour pour deux plongeurs», lance Hilaire Dufournier, garde marin à l’ATE. 
Mais les experts comptent surtout sur la star du projet, le robot sous-marin autonome. L’outil d’environ un mètre de longueur est programmé avant chaque mission pour savoir à quelle profondeur il va descendre et dans quel type d’environnement. Il n’y a pas besoin de le téléguider depuis le bateau. « Il est muni d’un sonar à balayage latéral », décrit Jean-Baptiste Favier. Cela signifie que l’appareil est capable d’envoyer des ondes sonores qui, grâce à l’écho, lui permettent de se repérer sous l’eau. Ainsi, il ne risque pas de buter contre des reliefs en avançant tout seul. Et il peut cartographier le paysage marin qu’il parcourt.
L’équipage part chaque jour en mer du matin jusqu’à la fin de l’après-midi. Le robot, une fois lancé, remonte à la surface toutes les 30 minutes. Les membres de Creocean en profitent alors pour télécharger les données récoltées. « Il prend une photo toutes les cinq secondes », commente Sébastien Cnudde. Une fois la mission terminée, les scientifiques auront environ 6.000 photos. Ils devront analyser ces clichés et leur localisation précise pour procéder à la cartographie. 
Le dernier maillage de ce type a eu lieu en 2013. Depuis, le fond de l’océan a changé. «Un herbier très invasif s’est installé à Saint Barth, relate Sébastien Gréaux. Il colonise les fonds sableux et s’est fortement étendu. Il y a aussi eu une régression de la zone récifale. » Le directeur de l’ATE souligne l’intérêt de réaliser un état des lieux tous les dix ans environ. Et le spécialiste de conclure : « En connaissant bien nos fonds marins, nous pourrons les préserver et sensibiliser. ».
 

Journal de Saint-Barth N°1638 du 06/11/2025

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