Saint-Barth -

La plage du lagon de Grand-Cul-de-Sac ré-ensablée et stabilisée

Pour retrouver une plage digne de ce nom, l’hôtel Le Sereno a procédé à un ré-ensablement au bord du lagon de Grand-Cul-de-Sac, et à l’installation de dispositifs amovibles contre l’érosion.

 

Déjà étroite, la plage qui borde le lagon de Grand-Cul-de-Sac a encore perdu plusieurs mètres de surface avec l’ouragan Irma. Pour agrandir cette langue de sable et éviter ces mouvements d’érosion, l’hôtel Le Sereno a fait installer des structures amovibles de stabilisation de la plage, et importé du sable blanc de Guadeloupe pour regonfler cette dernière. Les photos de ce sable s’écoulant en mer ont fait le tour des réseaux sociaux et heurté les défenseurs de l’environnement, d’autant plus que ce rivage fait partie de la zone rouge de la réserve naturelle de Saint-Barthélemy.

 

Pour réaliser cet aménagement, le Sereno a fait appel à une société spécialisée, Espace Pur, qui s’est chargée de demander les autorisations nécessaires. Le premier projet proposé consistait à recharger la plage avec du sable guadeloupéen, et poser en mer des sortes de boudins emplis de sable, qui permettent de conserver le mouvement naturel du lagon en évitant l’érosion. Il a été refusé par le conseil exécutif. Celui-ci s’est basé sur l’avis défavorable de l’Agence territoriale de l’environnement, gestionnaire de la réserve naturelle. Comme pour tout aménagement dans l’espace maritime protégé, le conseil consultatif de la réserve doit se réunir et statuer, pour faire bénéficier de son expertise aux élus. Au vu des délais avant d’avoir une réponse définitive, alors que l’hôtel a programmé sa réouverture pour le mois de décembre, la société Espace Pur a proposé une autre solution, moins lourde : la pose de deux structures amovibles appelées Stabiplage®, de 6 mètres de long et 40 cm de haut, installées hors de l’eau. Demande accordée par la Collectivité.

 

« Cependant, sans nous consulter, ils ont importé du sable de l’extérieur, ce qui n’est pas la bonne formule, puisque la granulométrie n’est pas la même que celle de la baie de Grand-Cul-de-Sac. Ce sable ayant été déposé sur la plage à proximité de la mer, une partie s’est étalée dans la baie, donnant à l’eau une couleur laiteuse », constate Bruno Magras, président de la Collectivité.

 

« Lors de la mise en place du sable, il y a inévitablement des particules fines qui sont emportées par les courants. Il y a un temps d’adaptation, le temps que la mer crée un profil naturel stable. Il n’est donc pas question d’envasement ! » défend Le Sereno. « Pendant les deux jours durant lesquels nous avons travaillé, il y a eu quelques turbulences dans l’eau dans la zone immédiatement devant l’hôtel, mais cela est terminé. » L’équipe de l’hôtel ne cache pas sa surprise devant les débats suscités par les travaux. Et elle espère toujours que le dispositif complet proposé par Espace Pur au départ obtiendra le feu vert des autorités. « Importer du sable, ce n’est pas une solution durable. On voudrait réaliser un vrai aménagement pour protéger la plage. »

 

Micheline Jacques, présidente de l’ATE, confie « qu’un PV a été dressé ». La Collectivité suit l’affaire de près. « L’importation de sable n’est pas interdite sur le territoire. Par conséquent tant que le sable n’est pas poussé dans la baie, je n’entends pas engager de procédure », indique Bruno Magras. « Si nous avions été consultés, nous leur aurions proposé de faire ce qu’a fait Le Barthélemy, qui a ré-ensablé en face de son établissement, en enlevant le sable qui se trouvait autour du ponton », poursuit le Président. « Cependant si vous voulez mon avis, il va bien falloir trouver un compromis entre la nécessité de protéger les petits lambis qui se trouvent dans le chenal et celle de ne pas laisser disparaître la plage. La solution passe par une intervention intelligente et mesurée de l’homme, même si il y aura toujours des intégristes pour s’y opposer. »

Le Sereno, lui, rassure : « Notre hôtel vit de la réserve naturelle et la dernière chose que nous voudrions est l’endommager. »


JSB 1305

Journal de Saint-Barth N°1305 du 29/11/2018

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La plage de Grand-Cul-de-Sac