Saint-Barth -

Elles nous protègent mais agressent les coraux : bien choisir sa crème solaire

Si l’action individuelle contre l’acidification des océans ou le réchauffement des eaux est difficile, chaque consommateur peut limiter les agressions sur les récifs coralliens en achetant les bonnes crèmes solaires. 


C’est un nouveau cheval de bataille de l’Agence de l’environnement, porté par ses deux recrues Heike et Flora. « Les crèmes solaires nous protègent, mais leurs ingrédients sont néfastes pour les récifs coralliens. Trois d’entre eux en particulier : le paraben, oxybenzone et l’octinoxate. Ce sont des produits chimiques qui sont d’ailleurs, également mauvais pour la peau », explique la seconde. Ces substances entraînent des déformations et des décolorations du corail, et le tuent peu à peu, en modifiant son ADN.

« Un peu comme du pétrole »
« On commence juste à prendre conscience de l’impact des crèmes solaires sur le milieu naturel », admet Flora. « Il est difficile à quantifier, et il faut souligner que la première cause de dégradation des coraux reste la modification de la température des océans. » « Mais ce qui est intéressant avec la crème solaire, c’est que chacun peut facilement agir », complète Heike. « La solution idéale, bien sûr, c’est l’utilisation en priorité de chapeaux, lycras, parasols… »
La plupart des pharmacies de l’île vendent des crèmes efficaces contre les UV, mais dépourvues de ces produits qui attaquent les coraux. Elles ne sont pas si faciles que ça à dénicher. « Il existe toute une gamme de crèmes qui ne sont pas plus chères que les autres, et aussi protectrices. Elles comportent en général un sigle. Sinon, il suffit de lire la liste des composants. En général, toutes celles qui sont bio sont sans produits chimiques », indique Flora. « A Saba, ils ne vendent plus que celles-là », renchérit Heike.

Les deux agents de l’ATE comptent faire passer le message aux autres distributeurs de crèmes solaires sur l’île, notamment les supermarchés et les boutiques d’hôtels. Quant au monoï ou huiles censées parfaire le bronzage, elles ne sont pas meilleures pour l’environnement. « C’est un peu comme du pétrole dans l’eau. Elles laissent une pellicule qui empêche les poissons et les coraux de respirer. »

Une règlementation ?
L’archipel d’Hawaï interdira complètement, en 2021, la vente des crèmes solaires contenant de l’oxybenzone et l’octinoxate. « Quant ils l’ont annoncé, le monde entier en a parlé. L’inscrire dans la réglementation, c’est aussi une façon de communiquer positivement sur l’image du territoire. On se dit “tiens, ils prennent soin de leur environnement” », argumente Flora. De là à inscrire une réglementation dans le futur code de l’environnement, la discussion n’en est pas à ce stade. « Mais cela pourrait être un super coup de projecteur pour l’île ». En plus de soulager les récifs qui entourent Saint-Barth. Législation ou non, une mobilisation commune des distributeurs et des consommateurs pourrait déjà faire son petit effet.


JSB 1319





Journal de Saint-Barth N°1319 du 14/03/2019

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