Pour faire face aux arrivages massifs de sargasses, un comité territorial de lutte contre les sargasses a été créé à Saint-Martin. Une structure coprésidée par le préfet Vincent Berton et Louis Mussington. Mercredi matin, les membres du comité se sont réunis pour la première fois en préfecture. L’occasion de jeter les bases d’une réflexion sur les invasions désormais fréquentes et massives du littoral par des radeaux d’algues sargasses. Si la réunion ne présentait guère d’intérêt pour Saint-Barthélemy, la préfecture a toutefois pris soin de préciser qu’un dispositif similaire doit être créé « rapidement » à Saint-Barth. Des discussions avec le président Xavier Lédée ont déjà été menée sur le sujet.
Ce comité territorial a principalement pour objectif de mener une réflexion sur la problématique des sargasses, de formuler des propositions, de prendre des décisions et de les mettre en application. Notamment sur un plan financier. Pour ce faire, les collectivités disposent d’une enveloppe de 36 millions d’euros (sur quatre ans) inscrite au Plan sargasses 2. Toutefois, il s’agit d’un financement global et aucune règle de répartition n’a été arrêtée. Elle se fera en fonction des projets présentés. « Il s’agit de prévenir le phénomène et de répondre à l’urgence en la gérant dans les meilleures conditions possibles », a déclaré le secrétaire général de la préfecture lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du comité de pilotage.
A Saint-Martin, plusieurs solutions pour atténuer l’effet des sargasses ont été avancées. Comme celle d’utiliser des filets. A Saint-Barth, pour l’heure, aucun plan n’a véritablement été établi. Le conseil territorial s’était prononcé, sous la précédente mandature, pour l’installation de bouées dans la baie de Marigot. Une idée depuis abandonnée.
Quoi qu’il en soit, il faudra sans doute attendre la création prochaine du comité territorial de lutte contre les sargasses à Saint-Barth pour en apprendre davantage sur les projets envisagés.
Un nouvel arrivage massif
Jeudi 1er septembre, les habitants de Saint-Barth ont eu la mauvaise surprise de découvrir au réveil une nouvelle invasion des plages par les sargasses. Saint-Jean, Lorient, Grand Fond, Corossol, Flamand, Anse des Cayes, personne ou presque n’y a échappé. Avec à la clef des scènes pour le moins cocasses. Comme ces deux petits engins de ramassage en action sur la plage de Ti Saint-Jean et dont les efforts semblaient vain face à la quantité d’algues échouées sur le sable et encore en suspensions dans la baie. Fort heureusement, par le jeu des courants, les algues non récupérées avaient plié bagages dans les 48 heures qui ont suivi. Pour aller s’échouer un peu plus loin.
Des espèces rares pullulent dans les radeaux d’algues
Chercheur et responsable du centre d’expertise en agroculture de Mérinov, au Québec, Tristan Le Goff travaille depuis plus de vingt ans sur l’étude et la valorisation des algues. Une mission qui l’a conduit en Polynésie ou dans les Antilles pour y étudier les sargasses invasives et leur mode de reproduction. Il remarque notamment que ces espèces d’algues ne se reproduisent plus que par bouturage, en se fragmentant. « Elles survivent ensuite à l’état flottant, en plein océan », explique-t-il. Interrogé sur les moyens d’endiguer leur propagation et, surtout, leur échouage sur les plages, il précise : « C’est un phénomène récent mais de plus en plus fréquent. Si les radeaux sont importants, les algues peuvent descendre jusqu’à trois ou quatre mètres sous l’eau. Protéger les côtes de leur arrivée est facile lorsqu’il n’y a pas de houle. A l’inverse, quand la houle est là... » Il explique surtout que dans des zones déjà polluées par des produits agricoles, les algues peuvent ne plus être utilisées pour une valorisation. « Parce qu’elles s’imprègnent de produits, comme le chlordécone ou de l'arsenic », assure le scientifique. Par ailleurs, il souligne le fait que les radeaux d’algues regorgent d’espèces rares. «Lorsque ces radeaux sont en mer, des espèces s’y développent et y vivent, précise-t-il. Elles ont pu être découvertes et étudiées. » Des espèces qui s’éteignent rapidement lorsque les algues viennent s’échouer sur les plages.