Saint-Barth - Deborah Brosnan Grand cul de sac

La scientifique Deborah Brosnan milite pour la restauration de l’étang de Grand Cul de Sac, qui passe notamment par le sauvetage de la mangrove.

Au secours des mangroves de l’étang de Grand Cul de Sac

Derrière la majestueuse baie de Grand Cul-de-Sac, l’étang a pris des allures de marais nauséabond. Principalement en raison de la dégénérescence des mangroves liée à la disparition des canaux d’écoulement entre l’étang et la mer.

Une eau verdâtre et stagnante, des arbres morts ou en train de dépérir. L’étang de Grand Cul-de-Sac fait peine à voir. Coincé entre la baie et une colline sur laquelle s’affairent des ouvriers à la construction de plusieurs villas, son allure proche d’un marais nauséabond tranche singulièrement avec le décor environnant. Plusieurs éléments expliquent cette décrépitude, mais la principale est la mort de plus de 30% de la mangrove et la dégénérescence progressive des 70% restants.
Scientifique spécialisée dans les questions environnementales, Deborah Brosnan observe depuis des années le phénomène. « La pollution tue la mangrove mais le passage d’Irma a également contribué à endommager le site, constate-t-elle. Je travaille ici depuis des années. La mangrove meurt et ne se renouvelle pas. Ça devient de pire en pire et ça ne changera pas si nous n’intervenons pas. D’ailleurs, le président de la Collectivité comprend le problème et veut faire quelque chose. »
Le cabinet d’expert présidé par Deborah Brosnan a mené une étude dont les résultats ont été publiés en août 2020. Il y est fait mention d’une contamination bactérienne élevée en plusieurs endroits ainsi que d’une saturation en oxygène dissous. Cette dernière donnée est le signe d’une prolifération d’algues ou de microbes dans les bassins. Par ailleurs, des niveaux élevés de chlorure, de nitrite, de magnésium, de sodium, de potassium et de sulfate ont été enregistrés.
Pour Deborah Brosnan, restaurer la mangrove est donc primordial pour assainir la zone. « C’est d’autant plus important qu’elle devient de plus en plus populaire », remarque-t-elle. De fait, comme évoquée plus avant, de nombreuses constructions sont en cours de réalisation sur la colline qui surplombe la baie et, au premier plan, l’étang. « Certains problèmes sont difficiles à régler mais pas celui-là, affirme la scientifique. Beaucoup de travaux ont été réalisé sur la mangrove depuis des dizaines d’années. En plus, elle repousse très vite. » Encore faut-il lui donner un petit coup de pouce.
Pour ce faire, Deborah Brosnan insiste sur la nécessité à effectuer des aménagements spécifiques. Principalement la réouverture du canal, aujourd’hui disparu, qui permettait à l’eau de mer de s’infiltrer jusqu’à l’étang. « L’écoulement de l’eau a été modifié et a entraîné des conséquences sur l’écosystème », souligne-t-elle. La disparition de cette « voie d’accès » semble dater de début 2000. Développement, pollution et tempêtes en sont responsables. La seule ouverture vers la mer est obstruée par le sable et ne permet pas d’effet « vase communiquant ». Quant à l’absence de filtration naturelle et régulière de la zone, elle explique l’aspect actuel de l’étang mais aussi la mort et l’absence de régénérescence de la mangrove.
Le message de Deborah Brosnan est aussi limpide que l’eau du « marais » est glauque : l’étang de Grand Cul-de-Sac doit être sauvé, sans plus attendre. Comme l’a été celui de Saint-Jean.

 

 

 

Journal de Saint-Barth N°1419 du 15/04/2021

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