Saint-Barth - Carburant

Le prix du litre d’essence à la pompe est désormais supérieur à deux euros à Saint-Barthélemy.

Le prix du carburant s’envole

En novembre 2021, le prix du litre de super sans plomb était de 1,68 euro. Il avait alors enregistré une forte hausse de plus de dix centimes en l’espace de quelques mois. La présidence du Conseil économique, social, culturel et environnemental avait pris la décision, encouragée en cela par le président de la Collectivité territoriale, Bruno Magras, de trouver des explications à ce phénomène. Depuis, pourtant, le « dossier carburant » ne s’est guère approfondi et, désormais, le prix du litre d’essence a franchi la barre des deux euros pour atteindre 2,01 euros. Et l’inflation n’est sans doute pas en passe de s’arrêter.
Pour l’heure, les investigations du CESCE ont été « mise en veille » pour ne pas interférer dans des discussions qui ont été entreprises par la Collectivité avec la direction générale de Rubis. Pour mémoire, Rubis Antilles Guyane est le distributeur du carburant. Cette société achète à la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (Sara, l’unique raffinerie des Antilles françaises basée au Lamentin, en Martinique) le carburant raffiné qu’elle revend au grossiste. A Saint-Barth, c’est elle qui possède le dépôt de carburant de Public, que gèrait la Compagnie Pétrolière du Port Franc (CPPF) jusqu'au 1er janvier de cette année, date à laquelle Rubis a pris le relai. Rubis est également propriétaire du carburant contenu dans les cuves. Sous douane, ou plutôt sous droit de quai.
Selon nos informations, ces discussions portent sur la possibilité pour Rubis d’autoriser l’utilisation de carburant à moindre coût pour les pêcheurs. Ceux-ci ne cachant pas qu’ils n’hésitent pas à s’approvisionner à Saint-Martin pour éviter un important surcoût. Une mesure qui pourrait s’étendre à l’ensemble des consommateurs. Toutefois, pour l’heure, aucun élément d’information ne filtre quant à l’évolution de ces discussions.

« Le prix devrait être de 1,74 euro »
De son côté, dans l’attente d’une reprise de ses recherches sur le système de fixation des tarifs du carburant à Saint-Barth, le président du CESCE, Pierre-Marie Majorel, poursuit ses réflexions. Il s’est notamment penché sur les « cours historiques » du prix du baril. Il explique : « Le 11 juillet 2008, le baril établissait un record de hausse à 147,50 dollars suite à un nouvel accès de faiblesse du dollar qui cotait alors 1,59 pour 1 euro. De fait, le baril s’établissait à 93 euros. Pour mémoire, le litre d’essence à la pompe ici même était alors à 1,35 euro à cette date. Aujourd’hui, l’euro cote à 1,04 dollar et le baril cote à 125 dollars (120 euros). Soit une différence de 27 euros par baril depuis le 11 juillet 2008 et pour un prix à la pompe de deux euros (le litre). » Il poursuite et calcule : « La hausse réelle est donc de 29,03%, à prix constants, ce qui signifie que le prix de l’essence à la pompe devrait être de 1.74 euro. » Et Pierre-Marie Majorel d’estimer que « la hausse du dollar est bien un élément perturbateur ».
Dans un courrier adressé au président de la Collectivité en novembre 2021, le chef du Pôle de la concurrence, de la consommation, de la répression des fraudes et de la métrologie, basé en Guadeloupe, expliquait : « Contrairement à la Guadeloupe, le coût d’acheminement des produits pétroliers distribués à Saint-Barthélemy est entièrement supporté par les opérateurs de la collectivité et est donc répercuté au prix de vente à la pompe. En Guadeloupe, Guyane et Martinique, le coût d’acheminement est mutualisé entre les trois territoires, au bénéfice donc des deux premiers territoires cités. Par ailleurs l’étroitesse du marché renchérit les coûts fixes supportés par le grossiste pour le financement des infrastructures de stockage. D’autres coûts supportés par le grossiste peuvent aussi impacter le prix à la pompe comme le financement des indemnités de fin de gestion des gérants de station-service ou la contribution aux certificats d’économie d’énergie (C2E). Ces conditions d’exploitation sont compensées par une fiscalité plus avantageuse à St Barthélémy. »
Le chef du Pôle, Eric Eberstein, avait toutefois estimé que rien ne permettait de suspecter une pratique commerciale abusive, comme des marges excessives, de la part du grossiste ou des distributeurs de carburant à Saint-Barth.
Le « dossier  carburant » est donc encore loin d’être éclairci. Quant aux prix, ils poursuivent leur inexorable ascension.

Journal de Saint-Barth N°1477 du 16/06/2022

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