La Collectivité rendra dans les mois qui viennent sa première Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Un document qui déterminera la politique énergétique sur les cinq prochaines années, a minima.
On continue sur les moteurs diesel ou on s’ouvre au renouvelable ? C’est ce que la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) doit déterminer, en des termes évidemment bien plus précis… La Collectivité espère boucler la rédaction de ce document avant la fin de l’année. Il aurait du être rédigé dès l’évolution statutaire, en 2007, puisqu’elle a hérité de la compétence « énergie » auparavant dévolue à l’Etat. « Mieux vaut tard que jamais ! », balaie Jean-Gabriel Faget d’EDF, qui assiste la Collectivité dans la rédaction de ce document technique.
La PPE répond à des règles bien précises. Deux objectifs : garantir l’alimentation de la population en énergie aujourd’hui et dans les cinq et dix ans qui viennent. Et s’inscrire dans l’incontournable transition énergétique.
Inciter à diminuer la consommation
Pour cela, en premier lieu, il faut définir des leviers d’incitation des usagers à une baisse de la consommation électrique. « Chaque typologie de consommateur sera sensible à un argument différent », note Jean-Gabriel Faget. Les particuliers pourront être encouragés à s’équiper plus durable et économique en matière, par exemple, de climatisation, chauffe-eau… Les professionnels notamment hôteliers pourront être sensible aux questions de coût et d’image de leur entreprise. « Les leviers sont très variés pour maîtriser la demande en énergie. Il y a les incitations, mais aussi les contraintes. On peut imaginer interdire l’import de matériaux très polluants, par exemple. » Il faut aussi agir sur les comportements. Eteindre les lumières et la climatisation en quittant la pièce, débrancher les appareils…
Le critère le plus efficace pour modifier les habitudes de consommation reste le porte-monnaie. « Nous sommes dans un contexte de péréquation nationale. L’électricité à Saint-Barthélemy est payée au même prix qu’en métropole, alors qu’elle coûte six à sept fois plus cher à produire », rappelle Jean-Gabriel Faget. « Dans une opération déficitaire comme celle-ci, tout KW/h non produit réduit le déficit. Mettons que la production d’un KW/h supplémentaire coûte 10 euros, mieux vaut donner 5 euros pour qu’il ne soit pas consommé. C’est un principe qui commence à porter ses fruits ailleurs. »
Des décisions politiques peuvent aussi favoriser la hausse d’énergie renouvelable sur le territoire. Exemple, faciliter les démarches et autorisations pour les investisseurs en photovoltaïque.
La Collectivité devra aussi se positionner sur les énergies du futur. Il va de soi que Saint-Barth ne sera pas candidate à l’hydrolien ou la géothermie. Mais concernant le solaire, l’éolien en mer et les biocarburants, elle peut coucher son intérêt dans sa PPE afin d’attirer les porteurs de projet et investisseurs. « La PPE doit avoir des objectifs ambitieux », souligne Jean-Gabriel Faget.
Un chapitre est aussi consacré à la mobilité, les émissions des véhicules étant une importante source de pollution. La Com a déjà commencé ce travail, avec une fiscalité avantageuse pour les véhicules électriques. C’est aussi là que peuvent être inscrites des pistes de développement de transports en commun, sujet épineux sur l’île…
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Saint-Barth s’exclut du projet de géothermie inter-îles
Saint-Martin, Sint-Maarten, Saint Kitts, Nevis, Saba et Saint Eustache travaillent ensemble sur un projet partagé de production d’électricité grâce à la géothermie. Les îles seraient reliées entre elles par câble sous-marin. Intégré au programme Interreg Caraïbes 2014-2020, le projet en est au stade de l’étude de faisabilité. Les acteurs se sont d’ailleurs réunis pour un point d’étape la semaine dernière à Saint-Martin. Si Micheline Jacques, vice-présidente en charge de l’environnement, s’est rendue à cette réunion, Saint-Barthélemy n’a pas souhaité prendre part à ce projet de production d’énergie durable. « Pas plus hier qu’aujourd’hui je souhaite voir Saint-Barthélemy être tributaire d’une production d’énergie extérieure à l’île, de surcroît provenant d’îles indépendantes dont on ne sait pas quel sera le devenir », assume Bruno Magras. « Imaginez une rupture du câble en cas de cyclone ou de séisme, ou encore une grève qui priverait Saint-Barthélemy d’énergie en pleine saison touristique ! Quelles seraient les retombées immédiates sur notre économie ? D’autre part, il ne faut pas se voiler la face, tout projet de ce type conduirait EDF à ne pas investir et ne pas pouvoir répondre à la demande globale en cas de défaillance des producteurs extérieurs. »
Le projet comporte aussi un volet interconnexions numériques entre les mêmes îles, « en profitant de la pose de câbles électriques équipés de fibres optiques pour créer l’infrastructure réseau », indique la Collectivité de Saint-Martin. « Ce système ouvre des perspectives de coopérations avec nos îles voisines sur de multiples sujets : écoles connectées, solution Cloud, internet exchange, data center, Incubateur de startup, cluster de contenu (TV, radio, réseaux sociaux…), plateforme d’offre touristique, etc. »
JSB 1300