Saint-Barth - Energy Observer à Gustavia

Energy Observer, vitrine du futur de l’énergie

Un bateau pas comme les autres a passé quelques jours à Saint-Barthélemy la semaine dernière. Energy Observer est un laboratoire flottant, ambassadeur des ressources énergétiques de demain. Il devrait revenir sur notre île au mois de juillet, après un voyage au Bahamas. 

 

Jeudi, l’Agence territoriale de l’environnement avait convié des professionnels du solaire pour une visite de l’Energy Observer, bateau futuriste autonome en énergie. Lapelec, Watt Else, SBDE, etc. ont pu découvrir ce catamaran qui fonctionne entièrement grâce à un mix de photovoltaïque et d’hydrogène. Energy Observer compte neuf membres d’équipage, mais une quarantaine de personnes travaillent sur ce projet protéiforme. Jean-Baptiste Sanchez détaille le fonctionnement du navire : « C’est un catamaran de course construit en 1983, qui a remporté un Trophée Jules Verne. Il faisait à l’époque 14 tonnes et 24 mètres, aujourd’hui, il mesure 30,33 mètres et pèse 32 tonnes », explique le marin, les pieds sur le pont recouvert de cellules photovoltaïques antidérapantes. « L’énergie principale à bord est le solaire. Energy Observer compte 202 m2 de panneaux photovoltaïques. » Il est aussi doté de deux grandes ailes inspirées des ailes d’avions. « On est allés jusqu’à 14 nœuds avec les ailes seules, dans des conditions de vent de 35 nœuds. » Mais surtout, le catamaran produit de l’hydrogène directement à bord, à partir de l’eau de mer. « Le soleil et le vent sont des énergies intermittentes. Quand ils manquent, on utilise l’hydrogène. » L’avantage de l’hydrogène est qu’il permet de stocker une grande quantité d’énergie, de façon bien plus légère que des batteries, et plus durablement. « Si on devait stocker l’énergie sur batteries, on aurait dû en embarquer 14 tonnes à bord. » Energy Observer se contente donc de deux petits parcs de batteries lithium-ion de 50 kW/h chacun, ce qui lui offre 10 heures d’autonomie. « C’est du stockage à court terme, alors que l’hydrogène peut stocker l’énergie pendant plusieurs mois. »
Chaque année, l’équipe réalise un bilan pour optimiser ce qui fonctionne, laisser de côté ce qui ne fonctionne pas. Un temps, le bateau avait été équipé d’éoliennes ; mais en ajoutant du poids et de la prise au vent au navire, elles demandaient plus de puissance aux deux moteurs électriques. Le bénéfice énergétique n’était donc pas rentable, elles ont été retirées.

« Le système de production énergétique à bord pourrait très bien être adapté à Saint-Barthélemy », explique Victorien Erussard, capitaine du bateau. « Energy Observer préfigure les ressources énergétiques de demain. » Pour lui, notre île pourrait combiner le même mix énergétique que le catamaran : du photovoltaïque intégré au bâti, avec un nouveau type de batteries qui ne s’enflamment pas et durent vingt ans ; et pour les gros consommateurs un stockage optimisé grâce à l’hydrogène. Cette ressource pourrait aussi être développée dans le maritime, pour les ferrys ou le transport entre Saint-Barth et Saint-Martin, par exemple.

C’est la mission principale d’Energy Observer : éprouver le système dans des conditions parfois extrêmes, faire la preuve de l’efficacité du mix énergétique, pour développer ensuite des applications à terre. Le bateau est un ambassadeur des nouvelles technologies d’énergies propres. Au cours de son odyssée, l’équipage doit visiter une cinquantaine de pays, à la rencontre des acteurs de la transition énergétique. Il portera la flamme olympique lors des JO de Tokyo 2021 et de Paris 2024. Vendredi, il a quitté Saint-Barth pour rejoindre les Bahamas, il reviendra ensuite sur notre île, et devrait rallier la Guyane au mois d’août.

 

JSB 1378

Journal de Saint-Barth N°1378 du 03/06/2020

Energy Observer
Murets de Grand Fond
Tests, quatorzaine, ouverture de l'île