Saint-Barth -

Pascal Prono et Sylvain Vidal, de la direction régionale d’EDF, avec Gaston Gumbs, chef de la centrale de Public.

EDF prévoit de lourds investissements à la centrale

L’électricité à Saint-Barthélemy est produite grâce à huit moteurs, six petits (3,1 MW) et deux gros (7,8 MW). EDF a pour projet de remplacer trois des petits moteurs par trois plus puissants. Pas autant que les deux précités, néanmoins. Un investissement lourd, compliqué par le manque de place sur le site. «Cela va nous contraindre, car pendant les travaux, il faudra mettre des groupes électrogènes en transition », explique Sylvain Vidal, directeur d’EDF Archipel Guadeloupe. Le calendrier des travaux n’est pas encore fixé : «Tout ce qui est pré-études a été fait, nous sommes en phase de décision ». Après Irma, l’idée est également de mettre en hauteur les moteurs qui ne le sont pas encore, car de futures submersions sont inévitables à Public.

A Saint-Barth, l’électricité coûte plus cher à produire que ce qu’elle rapporte. Si les habitants paient le même prix qu’à Vierzon, par exemple, c’est grâce à la péréquation tarifaire : cette règle stipule que tous les Français doivent avoir accès à l’énergie au même prix, qu’ils habitent à 200 mètres ou 200 kilomètres du lieu de production de ladite énergie. Tous les Français paient un peu plus cher leur consommation pour financer ce principe d’égalité.

Sur l’île, les discussions sont en cours pour fixer un cadre juridique au projet de nouveaux moteurs, entre l’Etat, l’entreprise et la Collectivité, qui a la compétence énergie depuis 2007. EDF a besoin de garanties sur la rentabilité de son investissement, estimé entre 40 et 50 millions d’euros. En métropole ou dans les départements d’Outre-mer, l’Etat fournit cette garantie de rentabilité à la société. Mais ici, comme la compétence revient à la Collectivité, qui dit qu’il peut en faire de même ? «Toutes les réglementations entrées en vigueur depuis 2007 ne s’appliquent pas ici, sauf si la Collectivité les intègre à sa propre réglementation », précise Sylvain Vidal.

Avec le changement statutaire de 2007, et le transfert de la compétence énergie au niveau local, le maintien de la péréquation pourrait-il être remis en cause ? EDF et la Collectivité espèrent le contraire, pour éviter que les habitants de Saint-Barth ne paient l’électricité à prix d’or. L’Etat, lui, n’a pas manifesté de signe laissant croire à une volonté de sortir l’île du dispositif. Tout va bien donc, mais avant de dépenser des dizaines de millions d’euros pour la centrale de Public, EDF attend un engagement ferme de l’Etat, et surtout le long terme.