Il est environ 9h50, le jeudi 14 août quand, soudainement, l’habituel et quasi imperceptible vrombissement des machines électriques s’arrête dans les maisons. Quartier par quartier, les habitants se posent la même question : est-ce une coupure localisée ou générale ? Il s’agit bien d’une coupure générale. Un « black-out », en version anglaise. Fort heureusement, l’incident n’est pas lié à un accident (incendie, casse ou autre) survenu à la centrale EDF de Public. En réalité, l’origine de la panne générale est un « simple » contrôle d’un dispositif de protection.
L’efficacité des techniciens EDF
Tout au long du mois, l’un des deux gros moteurs de la centrale fait l’objet d’une «visite ». La machine qui peut produire 8 mégawatts est donc inspectée avec minutie par des techniciens spécialisés. Selon les informations que nous avons pu recueillir, le « black-out » est lié au contrôle des protections électriques au niveau d’une poste de haute-tension. Celle-ci étant défaillante, tous les disjoncteurs du poste ont été déclenchés. Avec pour conséquence directe un arrêt de la centrale.
Immédiatement, l’ensemble des agents EDF ont été mobilisés pour redémarrer les machines. Avec efficacité puisque l’alimentation en électricité est revenue progressivement sur toute l’île en quelques heures. Quant à la protection électrique, elle a bien évidemment été remplacée. Néanmoins, l’incident montre que la centrale a définitivement besoin d’un coup de neuf. Or, pour l’heure, le dossier continue de faire l’objet de discussions.
Lors de son allocution du dimanche 24 août, le président de la Collectivité territoriale, Xavier Lédée, a déclaré : « La reconstruction prochaine de la centrale EDF qui devra être pensée avec mesure et rester proportionnée aux limites de notre île. Les travaux en cours sont porteurs d’espoirs. » L’élu évoque des « réunions hebdomadaires avec EDF et les services de l’État » sur le sujet et affirme : « La Collectivité prendra ses responsabilités pour accompagner financièrement et foncièrement le projet de reconstruction. Elle s’assurera aussi que la péréquation tarifaire continue de protéger chaque foyer de Saint-Barthélemy. » En attendant une avancée concrète, au sein de la centrale, les inquiétudes s’expriment.
Une consommation en hausse constante
Des craintes qui portent notamment sur la possibilité de voir la structure basculer dans un état de service dégradé comme à Saint-Martin, par exemple. Des coupures à répétition en pleine saison touristique, c’est-à-dire lors des pics de consommation en électricité, auraient nécessairement des conséquences préjudiciables.
Lors d’une visite du site EDF de Public, en début d’année, plusieurs éléments sur le fonctionnement de la centrale ont été exposés. Pour rappel, celle-ci dispose de huit moteurs : six de 5 mégawatts, deux de 8 mégawatts (qui font actuellement l’objet d’une visite d’inspection). Les premiers datent de 1985, les seconds de 2013. Le plus ancien moteur affiche 165.000 heures de fonctionnement au compteur.
Potentiellement, la centrale peut donc produire 34 mégawatts mais 30 sont disponibles. Avec une réserve de trois semaines mais, parallèlement, une consommation qui est en augmentation constante.
La climatisation en tête des consommateurs
Ainsi, les clients d’EDF à Saint-Barthélemy consomment trois fois plus d’énergie que ceux de Saint-Martin. Pour faire tourner ces moteurs, la centrale consomme entre 125.000 et 130.000 litres de fuel par jour. Selon les données exposées par l’ancien directeur, Hervé le Trionnaire, les habitations représentent un tiers de la consommation, les villas de tourisme et les hôtels un autre tiers et les commerces (restaurants, industries, entreprises, boutiques, etc) le dernier tiers. Par ailleurs, 38% de la production électrique est consommée par… la climatisation. Quant aux piscines, elles représentent 13% de la consommation globale.
Depuis quelques années, des efforts ont été faits sur la maîtrise de l'énergie avec la pose de panneaux solaires, de machines moins « énergivore », grâce aussi à une meilleure gestion de l'éclairage, etc. Néanmoins, le dossier de l’énergie reste plus que jamais dans la pile des urgences vitales pour Saint-Barthélemy.