Energy Observer se divise en plusieurs filiales, et outre la vitrine de promotion du renouvelable offerte par le bateau et les documentaires, un bureau d’études travaille sur la mise en œuvre des énergies propres à plus grande échelle. Jérémie Lagarrigue, résident de Saint-Barth, est en charge de cette partie.
«Nous sommes un accélérateur de la transition énergétique », résume-t-il. Energy Observer étudie de nouveaux moyens de produire de l’énergie, développe les technologies, travaille sur la viabilité économique de chaque solution, de premières applications. « Une fois que le marché est mature, des groupes industriels nous achètent la technologie, et la marge réalisée nous permet de travailler à de nouvelles solutions. »
C’est ce qui a été fait sur l’hydrogène. Pour Jérémie Lagarrigue, il est « évident que c’est l’énergie de demain. L’hydrogène reste considéré comme un gaz dangereux, alors qu’il ne l’est pas plus que le méthane ou le propane que l’on a tous chez nous. En Asie, les véhicules hydrogènes sont admis dans les parkings souterrains, ce qui n’est pas le cas des voitures électriques, dont les batteries sont plus dangereuses. » Forts de ces faits et de l’expérimentation réussie sur le bateau Energy Observer, l’équipe a développé un groupe hydrogène, exacte réplique du groupe électrogène, sauf qu’il ne pollue pas, n’émet aucun bruit et relâche seulement de la vapeur d’eau. « Et il offre 50 à 60% de rendement, contre 30% pour le diesel. » Problème : son coût. Mais Energy Observer, grâce à de nombreux soutiens privés (rien de moins que les groupe Accor, Thélem, Air Liquide, Engie…), permet de diminuer fortement la facture. « Nos actionnaires ont la volonté d’accélérer la transition énergétique ; tous les projets doivent servir la cause. Et on cherche à être disruptif sur le modèle économique. Je pense que les gens ont envie d’être écolos, mais à conditions que ça coûte le même prix. » L’hydrogène est aussi une alternative aux moteurs diesel dans les bateaux. Autre contrainte de cette ressource, elle est soumise à des normes très strictes qui en découragent beaucoup. Pour contourner ce frein, Energy Observer a développé une station hydrogène flottante, qui du même coup échappe aux contraintes réglementaires. « Il est évident que le futur est un mix énergétique », affirme Jérémie Lagarrigue. « Il comportera toujours de l’essence et du diesel, mais pour les grosses consommations, ce sera l’hydrogène. Cette technologie est désormais mature, et devient accessible. »
« Nous ne travaillons pas que sur l’hydrogène, loin de là », poursuit Jérémie Lagarrigue. Le photovoltaïque, l’énergie fatale, les pompes à chaleur, le recyclage du plastique… Par exemple, «l’énergie fatale fonctionne dans les zones à constructions verticales, comme Monaco. Quand les habitants tirent la chasse d’eau, la gravité entraîne le fluide ; c’est de l’énergie. Nous nous sommes inspirés du calamar pour créer une membrane qui capte cette énergie », explique-t-il. C’est le biomimétisme : s’inspirer de ce qui existe dans la nature pour développer des technologies.
Alors à Saint-Barthélemy, quelle est la meilleure solution pour démarrer la transition énergétique ? « Bien sûr, ici, le solaire s’impose. Il faut vraiment casser l’image du panneau solaire fragile et moche. Aujourd’hui, on peut recouvrir un deck, une toiture rouge, le pont d’un yacht, de photovoltaïque sans que cela ne se voie. » Reste le stockage : la surproduction peut être reversée à d’autres consommateurs, au réseau électrique, ou stockée. « Le stockage par hydrogène, pour les gros consommateurs comme les villas ou hôtels, est idéal. Surtout que la chaleur produite par la fabrication de l’hydrogène peut être récupérée pour dessaler l’eau ou climatiser. » Il y a aussi le sujet du Smart Grid, qui avait notamment été expliqué lors des Assises de l’environnement. L’idée est de recourir aux batteries des voitures électriques, sous-utilisées, pour le stockage global de l’énergie sur l’île, en associant les véhicules à des ombrières solaires.