Saint-Barth -

Les parents d’élèves réclament des moyens et de la stabilité pour le groupe scolaire

Hier matin, mercredi 29 juin, une vingtaine de parents d’élèves du groupe scolaire de Gustavia a manifesté devant l’établissement afin de réclamer plus de moyens et de stabilité pour l’enseignement à Saint-Barth. Dans le même temps, le vice-recteur, Michel Sanz, organisait un pot de départ en retraite à l’école maternelle.

Il aurait pu s’agir d’une matinée comme une autre au sein du groupe scolaire de Gustavia. Mais hier, le mercredi 29 juin, deux événements se sont télescopés. Le premier, annoncé depuis quelques semaines, était la cérémonie de départ à la retraite du vice-recteur, Michel Sanz. Le deuxième, promptement organisé à l’occasion du premier, était une manifestation des parents d’élèves. Une mobilisation qui n’avait bien entendu rien d’innocent. Car, après une année scolaire marquée par une gestion des ressources humaines calamiteuse et, par conséquent, une multitude de dysfonctionnement en matière de suivi pédagogique, l’association des parents a ressenti le besoin d’exprimer son mécontentement. D’autant que la prochaine rentrée ne s’annonce pas nécessairement plus réjouissante.
Une vingtaine de parents, dont une très large majorité de mamans, a pris place vers 11h30 devant les grilles du groupe scolaire. Malgré les sourires de façade, la lassitude et l’agacement face à une situation dégradée qui perdure ont rapidement émergés. « Il y a un ras-le-bol général, assure une maman. Les conditions pédagogiques sont mauvaises avec des profs qui sont obligés de jongler entre les postes. » Une même maman qui regrette précisément l’absence d’enseignants dans la manifestation. « Ce sont aussi leurs conditions de travail dont il s’agit », insiste-t-elle.

155 jours sans école
Selon les calculs effectués par les parents de l’amicale, l’année scolaire qui s’achève a été amputée de 155 jours de classe. « En moyenne, chaque classe a été fermée pendant deux semaines dans l’année », affirme une maman. Principalement en raison du manque de professeurs. « Depuis les vacances de Pâques, on a une classe qui n’arrive toujours pas à se remettre en place, constate-t-elle. Des remplaçants de Saint-Martin sont nommés mais ils viennent quand ils peuvent. » Une autre mère assure : « Ma fille a changé trois fois de maîtresse en quelques mois. Quand je lui demande son nom, elle me répond qu’elle ne sait plus... »
Très vite, c’est l’épineuse et incontournable question des logements qui s’invite dans la conversation. « Il faut que la Collectivité et les propriétaires mettent la main à la pâte », lance une mère d’élève. Sa voisine renchérit : « La problématique à Saint-Barth est que l’on a des instituteurs avec des petits budgets d’un côté et, en face, des hôtels qui alignent les billets pour loger leurs employés. » Et d’évoquer également les enseignants nommés à Saint-Barth mais « qui repartent ou ne viennent jamais » parce qu’ils ne trouvent pas de logement décent et abordable. Si le problème ne date pas de cette année scolaire, il semble toutefois s’accentuer. Notamment parce que les prix des loyers ne cessent de grimper, à la différence des salaires des fonctionnaires de l’éducation nationale.
C’est la raison pour laquelle les parents d’élèves s’échinent depuis des mois à proposer des solutions au rectorat. Une institution « qui ne semble pas prendre la mesure des spécificités de l’île », regrette l’amicale. « Notamment du niveau de vie élevé et du pouvoir d’achat du personnel de l’éducation nationale qui est bas », ajoutent les parents qui évoquent aussi « une absence de continuité territoriale avec Saint-Martin », « une absence d’anticipation » et « une mauvaise communication ».
Une mère en profite pour rappeler que ces dysfonctionnements ont des conséquences et que l’ensemble de « ces problèmes ne s’arrêtent pas aux portes de l’école ». Elle explique : « Il faut pouvoir s’adapter avec son travail, parfois au dernier moment, et tout le monde ne peut pas le faire. » Si les parents de l’amicale se démènent pour trouver des solutions de logement pour les futurs enseignants, ils estiment qu’une pérennité ne peut venir que d’un engagement plus fort de la Collectivité. « Et construire des studios n’arrangera pas les choses, lance une maman. Il faut des logements qui puissent accueillir des familles. »
Il est peu probable que le vice-recteur, dont le pot de départ à la retraite a été délocalisé à l’école maternelle au dernier moment, ait pu entendre les revendications des parents d’élèves. Quant aux parents des élèves du groupe scolaire de Gustavia, la rentrée 2022 semble très - trop - proche. Avec, déjà, son cortège de difficultés en perspective.

Journal de Saint-Barth N°1479 du 30/06/2022

Manifestation des parents d'élèves
Le conseil territorial se réunit ce soir