Saint-Barth -

Grâce à une subvention de 70,000 euros de la Collectivité, l’Association des agriculteurs va pouvoir commencer à développer une agriculture hors sol avec la technique de l’aéroponie. Photo : Adobe Stock / Sirinporn

L’Apag se tourne vers l’aéroponie

L’agriculture à Saint-Barthélemy se résume en quelques parcelles dont l’exploitation n’est guère aisée. De fait, l’Association pour les agriculteurs (Apag) ne compte plus, désormais, que deux membres. Dont la présidente, Marianne Laplace, qui a reçu une excellente nouvelle en début de mois. Celle d’une subvention de 70.000 euros votée par les élus du conseil exécutif de la Collectivité. Celle-ci est destinée à l’Apag afin qu’elle puisse faire l’acquisition de 85 tours dans le but de développer une agriculture dite verticale, donc hors sol, en utilisant la technique de l’aéroponie.

« Une chance pour nous »
« Tout cela entre dans le Plan territorial de l’agriculture durable (PTAD, élaboré par la Chambre économique multiprofessionnelle, ndlr), explique Marianne Laplace. Ces tours étaient à la vente. On va pouvoir en bénéficier et utiliser une autre méthode. C’est une chance pour nous car cette aide à l’équipement nous donne une super opportunité. » Autre avantage de cette acquisition, le fait que les tours ne vont pas arriver par bateau depuis une lointaine contrée.
En effet, elles étaient déjà présentes sur l’île. Une première expérience avait été lancée précédemment par deux jeunes entrepreneurs. «Je pense que ça n’a pas trop marché parce qu’ils ont eu raison trop tôt », commente le conseiller territorial Maxime Desouches (Action-Équilibre) qui s’est investi dans le développement de cette technique et l’obtention de la subvention. « Ce système représente un grand intérêt pour l’île, assure l’élu. Il est économe en eau, donne des résultats prévisibles, ça fonctionne très bien. »

Dans les écoles et à la ferme pédagogique
Les 85 tours n’iront pas uniquement aux deux agriculteurs de l’Apag. « Certaines iront dans les écoles de l’île, d’autres à la ferme pédagogique, indique Marianne Laplace. Les autres iront aux agriculteurs. » Pour les deux qui constituent l’Apag, mais aussi à ceux qui souhaiteraient se lancer dans une exploitation. « Le but est d’inciter d’autres personnes, d’autres agriculteurs à se mettre en place, insiste la présidente de l’Apag. Avec cette technique, on peut espérer développer l’agriculture sur l’île. Si on était plus nombreux, ce serait bien. » Le problème est de pouvoir s’installer quelque part. Pour ça, la Collectivité entend proposer des solutions.
Des terrains situés dans le quartier de Grand Fond sont précisément destinés à être mis à disposition d’exploitants agricoles. « Ça, en plus de l’aide à l’équipement, ça peut motiver, espère Marianne Laplace. Il faut être passionné, ne pas être faignant, mais le frein le plus important c’est le terrain. Et l’accès à l’eau, même si on bénéficie d’un tarif vert. »
Pour Maxime Desouches, l’acquisition de ces 85 tours par l’Apag est l’occasion pour Saint-Barth de bénéficier « d’un système qui fonctionne ». Il insiste : « C’est un système qui tourne quasiment en pilote automatique. Il y a un programmateur pour l’arrosage et l’eau est récupérée et réutilisée. C’est passionnant. »
Une nouvelle étape a donc été franchie. Il ne reste plus, ­désormais, qu’à permettre le développement de la méthode. Mais aussi et surtout de parvenir à attirer des candidats pour se lancer dans l’aventure.


Qu’est-ce que l’aéroponie ?

©Adobe Stock /Four888
Dans une culture en aéroponie, les végétaux sont placés sur un plateau (le tray de récupération), dans une chambre de culture remplie d’air (couvercle « top aéro »). Les racines en évidence dans la chambre de culture sont immergées dans une nébulisation de solution nutritive à base de sels minéraux, laquelle est propagée à intervalles réguliers par des sprays fixes ou rotatifs et via l’action d’une pompe à eau fonctionnant en circuit fermé. La solution nutritive vaporisée est recyclée dans le circuit puis réinjectée, avant d’être changée tous les 7 à 10 jours (généralement). Un système qui se veut à la fois économique et écologique. Très peu encombrante, la culture en aéroponie a l’avantage de proposer un rendement nettement supérieur à la moyenne. En ferme horizontale ou verticale, une culture en aéroponie ne nécessite souvent que quelques mètres carrés, ce pourquoi elle tend à se développer en milieu urbain où la problématique d’espace est centrale. Il n’existe aucune dépendance à l’environnement extérieur ou à la météo.

Une technique née dans les années 1950
La technique de la culture aéroponique est apparue dans les années 1950. Elle se développe progressivement depuis la fin des années 1970. De fait, le concept de ferme verticale et de culture hors-sol a su séduire de nombreux entrepreneurs depuis le début des années 2000. Notamment dans des pays qui aiment à innover et qui en ont les moyens, cela va sans dire. Comme au Danemark, non loin de Copenhague, où la plus grande ferme verticale du monde (plus de 73.000 mètres carrés) devrait commencer sa production avant la fin de l’année. A Singapour, plus d’une centaine de fermes verticales ont été construites. Il en existe aux Etats-Unis, en Europe où dans des pays d’Afrique qui développent des projets de tours maraîchères.

Un projet privé rejeté à Saint-Barth
En 2022, quelques mois après l’entrée en gouvernance de la nouvelle équipe présidée par Xavier Lédée, un projet de ferme verticale faisant appel à l’aéroponie a été rejeté par les élus. Porté par un entrepreneur installé sur l’île, il consistait, moyennant un investissement privé de plus d’un million d’euros, à ériger une structure dans le quartier de Saline. Avec l’ambition de produire 10 à 15 tonnes de fruits, légumes et plantes aromatiques par an. (JSB 1473)

 

Journal de Saint-Barth N°1630 du 11/09/2025

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