Saint-Barth - Marianne Laplace Saveurs Peyi

La Cem propose un accompagnement pour les projets professionnels novateurs

La Chambre économique multiprofessionnelle propose un accompagnement pour les personnes porteuses d’un projet professionnel. Un dispositif qui s’adresse aux entrepreneurs désireux de s’inscrire dans le cadre d’un développement durable, local et qui favorise une économie circulaire.

Si l’esprit du dispositif ne semble pas particulièrement novateur, ce sont ses critères et ses exigences qui tendent vers un certain renouveau. La Chambre économique multiprofessionelle propose des aides aux entreprises depuis déjà quelques années. Toutefois, avec ce modèle d’accompagnement destiné aux projets professionnels, la Cem souhaite asseoir des valeurs de développement plus en lien avec un avenir réfléchi de Saint-Barth.
« Notre objectif aujourd’hui est de promouvoir les critères innovants, insiste le président de la Cem, Thomas Gréaux. Le développement de l’agriculture et la pêche fait partie de nos projets phares. Si on décide d’accompagner des projets, c’est qu’ils s’inscrivent dans le cadre du développement de l’île. » De fait, le projet doit avoir un caractère novateur ou favoriser une économie circulaire, le développement durable, la protection de l’environnement, l’approche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et favoriser l’emploi local. Il faut également qu’il réponde aux enjeux environnementaux majeurs qui se posent désormais à Saint-Barth. Si le prétendant remplit tout ou partie de ces critères, il sera invité à retirer un dossier auprès de la Cem. Un dossier qui sera ensuite présenté à une commission « Études de projets » représentée par des élus de la Chambre.

« Une recherche de proximité avec les producteurs »
Cette commission est chargée d’étudier le dossier et de se prononcer sur le montant de l’aide à accorder, ainsi que ses conditions de délivrance. L’avis de la commission est ensuite présenté lors de l’assemblée générale qui, sur avis de la commission « Études de projets », peut valablement délibérer de l’aide financière à accorder. « Nous sommes dans une recherche de proximité avec les producteurs, affirme Thomas Gréaux. Aujourd’hui, les gens sont fiers de dire qu’ils sont agriculteurs ou pêcheurs. Avec ce dispositif, nous répondons à une demande grandissante sur l’île. »  
La direction de la Cem n’entend pas se « limiter » à la délivrance d’une batterie d’aides financières et administratives. En effet, la direction est d’ores et déjà à la recherche de terrains qui pourraient être mis à disposition des producteurs qui se lancent dans une nouvelle activité. « Nous voulons créer un engouement autour du consommer local, martèle Thierry Gréaux, le directeur de la Chambre. Il suffit d’y croire. Les élus vont nous suivre car les valeurs portées par ces projets sont celles qui le sont en ce moment dans le monde entier. » Retour à la terre, circuits de distribution courts, production locale...
Pour parvenir à embarquer le plus de monde possible dans cette aventure, la Cem a la ferme intention de « fédérer » autour de l’agriculture et de la pêche. Pour ce faire, la direction travaille à la mise en place d’un site internet ou d’un groupe dédié, sur un réseau social. « L’idée est de réunir tous les pêcheurs et tous les producteurs sur un seul groupe, comme cela s’est fait en Guadeloupe avec « Lokalité » qui réunit désormais plus de 30.000 membres », explique Thomas Gréaux.
Pour l’heure, la Cem continue d’étendre son influence en incitant les porteurs de projets à se tourner vers elle. Dans un esprit de développement durable.

 

« Je me suis sentie soutenue et encouragée »

Pour assurer la survie et le développement de son exploitation, Marianne Laplace a sollicité l’aide de la Chambre économique multiprofessionnelle. Un apport qui lui a permis de poursuivre son activité et d’envisager l’avenir avec davantage de sérénité.

Pour accéder aux Saveurs Peyi de Marianne Laplace, il faut se hisser sur les hauteurs de Marigot. Pas de panneau indicateur pour se rendre jusqu’à sa petite exploitation, juste quelques conseils distillés par téléphone avant le départ. A vrai dire, il existe des lieux bien plus compliqués à dénicher sur l’île. Depuis un peu plus de trois ans, Marianne Laplace a monté sa propre pépinière. Une activité qu’elle reconnaît être « difficile » et qui demande une bonne dose de motivation et de passion. Mais même avec ces instincts chevillées au corps, un petit coup de pouce n’est jamais superflu. C’est la raison pour laquelle elle a sollicité une aide auprès de la Chambre économique multiprofessionnelle.
« J’ai commencé seule, sans aide particulière, avec mes économies, explique la productrice. Alors, au-delà même de l’aide, je me suis sentie soutenue et encouragée. C’est important car pour moi, ce que je fais est un plaisir. Je me lève tous les jours et je ne me dis pas que je vais travailler. Mon petit rituel du matin, c’est de boire mon café en pollinisant mes courgettes. » Sur son terrain de 500 mètres carrés, qu’elle rêve de voir s’agrandir pour « doubler la production », Marianne Laplace cultive différentes espèces de tomates, des aubergines, des poivrons, des concombres, des pastèques, des piments et une multitude d’autres choses dont une liste aussi longue que savoureuse de plantes aromatiques.

Irma a tout changé
« Après Irma, j’ai eu envie de changer d’activité, raconte-t-elle. On n’avait plus rien sur l’île, ce n’était pas possible. Comme j’aime les herbes, les légumes, j’ai commencé une pépinière à la maison avec mon ami. Et puis j’ai décidé de monter la mienne. » Non sans succès car, aujourd’hui, la demande dépasse parfois sa capacité de production. « Ce sont les locaux et les restaurateurs qui me poussent à continuer », glisse-t-elle. Mais chaque semaine, le bouche à oreille lui amène de nouveaux clients. « Une clientèle qui a l’habitude de manger sainement », assure-t-elle.
De fait, dans ses serres, Marianne Laplace assure n’utiliser que des produits bios. « Ici c’est rempli d’abeille et de coccinelles, il faut laisser faire la nature qui, finalement, nous le redonne », sourit-elle avant d’expliquer en quelques mots la raison pour laquelle elle a privilégié la technique de l'hydroponie. Une culture qui repose sur un substrat neutre (« Moi j’utilise de la fibre de coco », lance Marianne) qui est irrigué et apporte naturellement les sels minéraux et les nutriments essentiels à la plante. « L’avantage est que l’on apporte tout ce qu’il faut à la plante avec moins de maladie, moins de traitement et, à la dégustation, beaucoup plus de goût », affirme la productrice.
Si elle laisse la nature faire son travail, elle admet quand même batailler contre une poignée de « nuisibles » qui s’invitent pour dévorer une partie de sa production. Les tortues et les papillons, donc les chenilles, sont les plus envahissants. Pour le reste, Marianne Laplace commence ses journées vers 6 heures avec un petit café, une séance de pollinisation des courgettes, s’arrête pour le déjeuner et reprend jusqu’à la tombée du jour. Parfois au-delà. Sans avoir l’impression de s’échiner au travail, malgré la difficulté. « Si ça peut motiver des jeunes », sourit-elle encore.
 

Journal de Saint-Barth N°1456 du 20/01/2022

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