Saint-Barth -

2020, une année singulière analysée par l’IEDOM

Pour l’Institut d’émission des départements d’outre-mer, il s’agit d’un rendez-vous incontournable. Chaque année, il publie un rapport exhaustif qui permet d’analyser dans le détail le bilan économique des territoires d’outre-mer. Vendredi dernier, en l’hôtel de la Collectivité territoriale, c’est l’exercice 2020 que l’Iedom a passé au crible. Une année des plus singulières puisque marquée par la pandémie de Covid-19 et un coup d’arrêt mondial de la grande majorité des activités économiques. Il va sans dire que Saint-Barthélemy n’a pas échappé aux effets néfastes de la crise sanitaire.
« La plupart des indicateurs sectoriels mettent ainsi en évidence un ralentissement général de l’activité, commente Thierry Beltrand, directeur de l’Iedom pour la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barth. Le secteur du tourisme, moteur clef de l’économie de Saint-Barthélemy, est particulièrement pénalisé : la fréquentation de l’île chute de moitié pour se situer à 50 % de son niveau pré-Irma. » Il souligne toutefois que plusieurs secteurs, comme celui du BTP (bâtiments et travaux publics), ont su traverser l’exercice 2020 dans une relative sérénité.
Si tous ne peuvent pas en dire autant, Thierry Beltrand souligne la capacité de la Collectivité à maintenir son budget à flot. « La situation financière de la Collectivité reste équilibrée en 2020 avec un résultat cumulé de 19,3 millions d’euros, observe-t-il. L’excédent récurrent dégagé sur son budget de fonctionnement permet notamment de soutenir un programme d’investissements dynamique et sans recours à l’emprunt. » Une exception dans la région.

Le tourisme, le plus touché
Le secteur qui a souffert le plus de la crise en 2020 est bien évidemment celui du tourisme. Le renforcement des contrôles aux frontières - quand elles n’étaient pas tout simplement fermées - et l’instauration de contraintes sanitaires ont mis un frein au tourisme. A Saint-Barth, selon les données de l’Iedom, la fréquentation de l’île a baissé de moitié en 2020 (par rapport à celle de 2019, bien entendu) et « se situe à 50 % de son niveau pré-Irma ». Un exemple de cette chute de la fréquentation : sur le port de Gustavia, le nombre de croisiéristes débarqués s’est effondré (-74,6 % sur un an). De plus, l’annulation des grands évènements nautiques et véliques qui attirent chaque année de nombreux touristes a entraîné une diminution du nombre de plaisancier d’environ 40%.
Dans le même ordre d’idée, les transports - trafics aérien et maritime - ont également été frappés de plein fouet par les effets de la crise sanitaire. « Une chute historique », commente l’Iedom. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2020, l’activité de l’aéroport Remy-de-Haenen s’affiche en net retrait avec un nombre de passagers qui baisse de 35,5 % par rapport à 2019. Il en va de même pour les liaisons avec l’aéroport Princess Juliana de Sint-Maarten et l’aéroport de Grand-Case de Saint-Martin qui se réduisent respectivement de 48,1 % et 27,8 %. Le trafic avec la Guadeloupe diminue de 12,4 %, avec 31.040 passagers commerciaux. Le nombre de passagers en provenance d’aéroports d’autres îles de la Caraïbe est également en retrait (-20,1 % sur l’année). En revanche, le trafic de marchandises par fret est de nouveau en hausse en 2020, avec 375,6 tonnes sur l’année (+8,4 % sur un an).
Au port de Gustavia, les échanges de marchandises s’inscrivent aussi en baisse (-8,4 % de cargos - 844 en 2020 contre 921 en 2019) et le nombre de passagers débarqués recule de 56,4 %. Parallèlement, comme évoqué plus haut, les activités de croisière traversent difficilement la crise. 63 paquebots seulement ont fait escale au port de Gustavia (-69,1 % par rapport à 2019), pour un total de 16.083 croisiéristes (-74,6 % en un an).
Le BTP souffre peu
de la crise
En revanche, parmi les marchandises importées, les volumes de ciment et de parpaing progressent de respectivement 2,9 % et 33,8 % sur un an. Comme en 2019, l’import de sable est stable (+0,3%). Dans le même temps, les importations de graviers, de véhicules légers et de motos enregistrent un recul sur l’année (respectivement -6,1%, -36,9% et -27,2% sur un an). Pour résumer, en 2020, le bâtiment se porte bien.
De fait, en 2020, le BTP représente 23,7% des effectifs salariés et 23% de la masse salariale du secteur privé à Saint-Barthélemy. Les secteurs de l’immobilier et de la construction représentent 64,6% du total des encours aux entreprises, faisant du BTP le secteur le plus important de l’île en termes de crédits aux entreprises. Sur cet exercice, l’Iedom observe que les crédits immobiliers progressent de 3,5% et « frôlent » les 300 millions d’euros d’encours.
Un sujet qui fait souvent débat : le nombre de permis de construire délivré par la Collectivité. Et bien, en 2020, il est en baisse par rapport à 2019. Sur les 207 demandes déposées, 121 permis seulement ont été accordés (363 permis en 2019). Les chiffres de l’année 2021 permettront de savoir si le nombre de permis accordés est reparti à la hausse.

Demandeurs d’emploi
en hausse
En terme d’emploi, après deux années consécutives de baisse du nombre de demandeurs, principalement en raison des nombreux travaux engagés pour la reconstruction de l’île après le passage d’Irma, les chercheurs d’emploi sont en hausse en 2020 (+26,2% soit +79 inscrits sur un an - 381 demandeurs en 2020 contre 302 en 2019, 467 en 2018 et 579 en 2017). « La demande des hommes augmente de 35,4 % sur un an et celle des femmes de 19,4 %, constate l’Iedom. Comme à Saint-Martin, la proportion de femmes (55 %) demeure plus importante que celle des hommes. » De plus, ce sont les moins de 25 ans et les plus de 50 ans qui constituent la plus grosse part des demandeurs avec une hausse respective de 57,1% et 15,1% en 2020 par rapport à 2019. Il est a noter que les embauches saisonnières représentent 40% du marché en 2020.
Toujours en 2020, les activités d’hébergement représentent 15,9 % de la masse salariale du secteur privé et la restauration 8,9 %. Les autres services marchands comptent pour 22 %. La construction et le commerce comptent respectivement pour 23 % et 19,1 % de la masse salariale de l’île. Globalement, dans le secteur privé, la masse salariale s’élève à 151,9 millions d’euros. Ce qui représente en baisse de 5,0 % par rapport à 2019.
Les finances de
la Collectivité
Après une forte croissance en 2019, le budget de la Collectivité est marqué en 2020 par une baisse conjointe des recettes et des dépenses totales. Elles atteignent respectivement -21,6% et -11,8%. Pour autant, la situation financière reste équilibrée puisque le résultat cumulé de l’exercice s’établit à +19,3 millions d’euros contre +21,8 millions en 2019. Ce, grâce à l’excédent récurrent dégagé sur la section de fonctionnement, la capacité d’autofinancement de la Collectivité s’élève à 28,5 millions d’euros.
Du côté des banques, l’activité n’a guère faibli en 2020. En effet, l’encours de crédits aux entreprises est en hausse de 58,5 %, portée par les prêts garantis par l’État (PGE) qui ont permis de répondre aux besoins de trésorerie des entreprises. L’encours de crédits aux ménages continue de croître (+7,9 %) en dépit d’un net ralentissement du rythme de croissance des crédits à la consommation (+3,8 %). Les crédits à l’habitat, qui représentent 87,6 % du total de l’encours aux ménages, progressent de 8,6 % en un an.
Fin 2020, 31.676 comptes bancaires ont été ouverts chez les établissements de crédit installés à Saint-Barthélemy. Ce qui représente 2.218 comptes de plus qu’en 2019 (+7,5 %). « Cette croissance est la plus forte observée sur les cinq dernières années », assure l’Iedom. A Saint-Barthélemy en 2020, l’encours moyen d’un compte bancaire (hors assurance-vie et comptes titres) s’élève à 34.023 euros, soit 601 euros de plus qu’en 2019.  Sur les livrets, en revanche, la moyenne chute de 10,8% pour s’établir à 16.656€.
Pour l’Iedom, après un exercice délicat en 2020, l’année 2021 semble avoir été marquée par une reprise encourageante des activités. Néanmoins, à l’heure du bilan 2021, il sera temps d’observer les conséquences des nombreuses annulations qui ont encore jalonné l’année. Notamment les manifestations nautiques de renommée internationale.

Journal de Saint-Barth N°1452 du 23/12/2021

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