Saint-Barth -

Le geste d’Arnaud Beltrame émeut jusqu’à Saint-Barth

Hier, un hommage national était rendu au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué dans l’attaque du Super U de Trèbes, revendiquée par le groupe Etat islamique. Une cérémonie a eu lieu à Saint-Barthélemy.

Saint-Barthélemy est loin de la métropole et de la menace terroriste ; pourtant, l’attaque du supermarché U de Trèbes dans l’Aude, vendredi, et particulièrement le geste du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, ont ému par-delà l’Atlantique. Alors qu’hier, un hommage national était rendu au gendarme, qui a pris la place d’un otage du terroriste et l’a payé de sa vie, les anciens combattants de Saint-Barthélemy ont exprimé leur solidarité dans une lettre. « Nous ne saluerons jamais assez le courage de cet officier supérieur qui au mépris de tous les risques que cela comportait, s’est inscrit contre cette tentative de l’islamisme voulant étouffer ce que l’Occident a de plus précieux : la liberté de penser et de s’exprimer», écrit le président de la fédération, Lucien Couic. « Que ce sacrifice puisse engendrer un nouvel état d’esprit sur les valeurs démocratiques de notre pays.» Il a envoyé ce courrier au capitaine des gendarmes de Saint-Barth, afin que ce dernier le transmette à sa direction et à la famille d’Arnaud Beltrame.

« Un acte héroïque »

Au fort Oscar, le drapeau a été mis en berne. Hier, parallèlement à l’hommage rendu aux Invalides, les militaires de notre île ont respecté une minute de silence. Face au monument aux morts, avec le président de la Collectivité Bruno Magras, les anciens combattants, le représentant de la préfecture Olivier Basset, les sapeurs-pompiers, ils ont écouté la sonnerie aux morts puis la Marseillaise. Sans discours, car le mot d’ordre était la sobriété.

« Il a fait un choix courageux, pris sa décision en un instant », commente en aparté Eric Magniol, le capitaine de la brigade, évoquant un « acte héroïque. »

Les supermarchés U de France ont appelé, lundi à midi, à une minute de silence dans chacun des magasins de l’enseigne. A Saint-Barthélemy, décalage oblige, la consigne a été reçue le lundi matin vers 7h30, un peu tard pour s’organiser selon la direction locale ; mais celle-ci assure que quelque chose sera fait en interne, en hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.

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Le fil des événements 

Vendredi 23 mars au matin, Radouane Ladkim, 25 ans, dépose sa petite sœur à l’école, à Carcassonne, avant de se rendre dans un quartier sensible de la ville, les Aigles, « pour une raison inconnue » selon le procureur de la République de Paris François Molins. Là, il abat deux personnes. Jean Mazières, 61 ans, viticulteur à la retraite, décède. Un autre homme lutte toujours pour sa vie, une balle dans la tête. Le tireur abandonne sa voiture, vole celle de l’une des victimes, et tourne un peu en rond, avant de se diriger vers son domicile. Là, il croise le chemin de quatre CRS en train de faire leur jogging, et les prend pour cibles. Il leur tire dans le dos à six reprises. Il en blesse un qui est toujours hospitalisé, en soins intensifs. Radouane Ladkim repart, et se rend au Super U de Trèbes. Il court vers le magasin, fonce sur une caisse où il tue le boucher, Christian Medves, 50 ans. Il abat ensuite un client, Hervé Sosna, 65 ans. Les personnes présentes dans le Super U tentent de fuir et de se cacher, dans la panique. Vingt minutes après le premier coup de feu, les gendarmes sont sur place, et établissent un PC sécurité au premier étage du magasin. Ils constatent que Radouane Ladkim s’est positionné à l’accueil, et qu’il tient une femme contre lui comme un bouclier, l’arme pointée sur sa tempe. Le GIGN procède aux premières évacuations des clients cachés un peu partout. Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame entame une négociation avec l’homme. Celui-ci lui explique qu’il demande la libération de Salah Abdeslam, seul survivant du commando des attentats de Paris le 13 novembre 2015. Il menace de « faire péter des grenades ». Arnaud Beltrame lève les mains en l’air, pose son arme, et demande à prendre la place de la femme retenue en otage. Il accepte. Les deux hommes discutent longuement. Sur les caméras de surveillance du Super U de Trèbes, soudain, on voit Radouane Lakdim sortir de la salle des coffres, son arme sur la tempe du militaire. Des tirs retentissent. Le GIGN donne alors l’assaut. Deux membres de l’unité d’intervention sont blessés, avant que le terroriste ne soit abattu. Arnaud Beltrame décède quelques heures plus tard ; il a reçu une balle dans le bras, dans le pied, et plusieurs coups de couteaux, dont un mortel à la gorge. Le groupe Etat islamique a aussitôt revendiqué l’attentat.

JSB 1272