Saint-Barth - COT Tammy Cyclone

Si l’ouragan Tammy a épargné les Iles du Nord, il a permis de mettre à l’épreuve l’ensemble des dispositifs de sécurité. Comme ici, dès le jeudi 19 octobre, le Centre opérationnel territorial.

Tammy, l’occasion d’une répétition générale

Malgré de fortes incertitudes sur sa trajectoire et des craintes légitimes quant aux dégâts qu’il aurait pu occasionner, l’ouragan de catégorie 1 Tammy est passé à plus de 70 kilomètres à l’Est des Iles du Nord. L’occasion pour la préfecture et l’ensemble des services territoriaux de mettre en application l’ensemble des dispositifs de prévention des risques.

 

Mieux vaut prévenir que guérir, dit l’adage. En la circonstance, c’est-à-dire au sortir de l’épisode Tammy, d’autres lui préfèreront le titre d’une délicieuse comédie de William Shakespeare, « Beaucoup de bruit pour rien ». Néanmoins, après le passage de l’ouragan de catégorie 1 à plus de 70 kilomètres à l’Est des Iles du Nord, si des questions ont été soulevées quant à certains aspects de la gestion de la crise, aucune n’est venue remettre en cause la réactivité et l’efficacité des services impliqués dans les opérations de prévention.
De fait, dès les premiers signes d’une menace éventuelle, le Centre opérationnel territorial s’est mis en ordre de marche. Lors d’une grande réunion organisée le jeudi 19 octobre en l’hôtel de la Collectivité, tous les acteurs impliqués dans le COT étaient présents et mobilisés. De la préfecture au Service territorial d’incendie et de secours en passant par la Collectivité, l’hôpital, la police territoriale ou encore la gendarmerie, tout le monde était fin prêt.
Dès le vendredi, les niveaux d’alerte ont progressivement été relevés par la préfecture en fonction des prévisions de Météo France. Du jaune à l’orange pour finalement déclencher le rouge, samedi à midi. Dans le même temps, la préfecture délivrait un arrêté interdisant la circulation des personnes et des véhicules du samedi au dimanche midi. Une décision qui, de fait, a entraîné la fermeture des commerces dès 11 heures. Seuls quelques restaurants ont fait de la résistance jusqu’en début d’après-midi. Les patrouilles de la gendarmerie s’efforçant de convaincre les plus récalcitrants de la nécessité de fermer et de rentrer à leur domicile.
Au final, toute la population a su respecter les consignes de sécurité. Une dernière sortie en bateau des pompiers et de la gendarmerie en milieu d’après-midi a permis de mettre en sécurité les personnes étant restées sur leur navire. L’ouverture des abris sûrs de Gustavia et de Colombiers a offert un refuge à une dizaine de personnes qui ne bénéficiaient pas d’un toit pour se protéger en cas de passage de l’ouragan.
Dimanche, après la virée au large de Tammy, le soleil a brillé tout au long de la matinée. Celui-ci, conjugué à une houle importante, a fait le bonheur des surfeurs de l’île qui ont investi leurs « spots » préférés. Dans la journée, la météo s’est à nouveau gâtée et la soirée puis la nuit ont été marquées par de fortes précipitations et quelques orages.
Dès vendredi soir, les aéroports de Saint-Barth, Saint-Martin Grand Case et Princess Juliana à Sint-Maarten ont été fermés. Les établissements scolaires également. Si la direction de Rémy-de-Haenen à Saint-Barth avait estimé qu’une reprise ne pourrait se faire avant mardi matin, les vols commerciaux ont pu être relancés dès lundi. La journée de dimanche ayant été perturbée, comme précisée plus avant, par de fortes pluies et surtout des vents qui ne permettaient pas une reprise immédiate des opérations aériennes.
« Le bilan est assez positif, a commenté le préfet, Vincent Berton, lundi matin. Il y a eu de la pluie sur les deux îles et des vents importants. Rien de particulier n’a été à signaler. Pas de blessé ni d’impact matériel. Aucun bateau n’a rompu ses amarres. C’était un événement sérieux. Depuis Irma, c’est la première fois que l’on se retrouve en situation d’ouragan. Cet événement a donc également eu valeur de test pour l’organisation. Nous allons en tirer les leçons pour savoir ce qui a bien marché, ce qui a moins bien marché. » Le représentant de l’État a souligné « le civisme et le comportement responsable et vertueux » de la population. Tout en soulignant qu’à Saint-Martin, des personnes ont « forcé l’entrée » dans le lagon pour y ancrer leur navire.
Sur l’opportunité des décisions et des mesures qui ont été prises par la préfecture, Vincent Berton a tenu à préciser : « Certains d’entre vous peuvent trouver que l’on en a fait trop, que c’était excessif, mais il faut garder à l’esprit que la météo n’est pas une science complètement exacte, ajoute le préfet. Et quand on nous annonce le passage d’un phénomène à 30 ou 40 kilomètres de nos îles, on ne peut pas prendre le pari d’un éventuel passage plus à l’Est. Parce que si finalement il passe sur nous, tout le monde nous critiquerait. Je pense donc que nous avons pris les bonnes décisions, malgré la gêne occasionnée par les mesures. On ne le fait pas de gaité de cœur. »
Il est toutefois à noter que de nombreux habitants n’ont pas perçu ces mesures comme une entrave. Le souvenir d’Irma et qu’autres phénomènes imprévisibles restent vivaces dans les esprits de ceux qui les ont vécus. Par conséquent, parfois, c’est davantage un excès de précautions qui a pu être constaté, plus qu’un dilettantisme face à la possible arrivée de Tammy. Par ailleurs, toutes les îles environnantes ont pris des décisions similaires à l’approche de l’ouragan.