Navette, ferme pédagogique, hôpital… D’importants sujets seront mis sur la table ce jeudi 23 octobre à 17 heures, lors du conseil territorial. Certains seront étudiés à l’occasion d’une décision modificative du budget, qui permettra de réajuster le montant des dépenses et des recettes de la Collectivité en cette fin d’année.
Les élus devront également s’exprimer sur la reconstruction de l’hôpital Irénée de Bruyn. Le scénario retenu en commission générale au début du mois est celui d’un nouvel établissement édifié sur le même site que l’ancien, avec une Maison de la Santé et des logements.
Les chefs de groupe – Xavier Lédée pour Unis pour Saint Barth, Marie-Hélène Bernier pour Action Équilibre, Alexandra Questel pour Saint Barth d’Abord et l’élu indépendant Francius Matignon – reviennent sur le sujet et sur les autres principaux dossiers, en cette veille de réunion.
La reconstruction de l’hôpital Irénée de Bruyn
C’est un projet qui n’en finit pas de susciter le débat. Au conseil, une délibération permettra aux élus d’acter ou non un accord de principe pour la reconstruction de l’hôpital Irénée de Bruyn sur le site actuel à Gustavia. Xavier Lédée est plutôt confiant. «En commission générale, les élus se sont exprimés en faveur, souligne le président. C’est notamment pour cela que j’ai inscrit la délibération à l’ordre du jour. »
Pour rappel, si l’option est validée, la Collectivité engage ses finances à hauteur de 28,8 millions d’euros sur les 33,3 que coûtent le projet. Les 4,7 millions restants proviendront de l’enveloppe attribuée à Saint-Barthélemy dans le cadre du Ségur de la santé.
Mais ce scénario pose plusieurs problèmes. Déjà, la question du foncier n’est toujours pas réglée. Personne ne sait si les terrains où sont construits la structure et l’Ehpad appartiennent à l’hôpital ou au Département de la Guadeloupe, qui devrait alors les rétrocéder à Saint Barth. Une médiation est en cours. « Tant que cet aspect n’est pas tranché, aucune décision ne peut être prise », estime Marie-Hélène Bernier, qui indique qu’elle votera contre l’accord en l’état ou qu’elle s’abstiendra. La cheffe du groupe Action Équilibre plaide toujours pour une reconstruction de l’hôpital à Saint-Jean.
« Il faut régulariser la situation, la Collectivité ne peut pas injecter 33 millions comme ça si les terrains ne sont pas les siens, déclare de son côté Alexandra Questel. Mais nous devons acter l’accord de principe. C’est important pour que la direction de l’hôpital puisse avoir une perspective. » Un point de vue partagé par Francius Matignon : « Il faut avancer. »
Concernant les éventuelles gênes occasionnées par le chantier à Gustavia – passages des camions qui peuvent créer des bouchons, nuisances sonores durant les travaux pour les patients et les résidents de l’Ehpad – Xavier Lédée ne s’alarme pas. « Il y a des techniques pour limiter la poussière et le bruit, assure le président. Je ne suis pas un expert mais les entreprises savent faire. Ce ne sera pas un sujet majeur. »
Alexandra Questel « assume ces travaux, car l’hôpital est une priorité pour les habitants. » « Il y aura véritablement du bruit mais tout sera mis en place pour le limiter au maximum », indique Francius Matignon. « Cela va être un bordel sans nom », déplore quant à elle Marie-Hélène Bernier.
Dernier point de crispation : le parking. Il y a environ 40 places actuellement. Les règles d’urbanisme prévoient qu’il en faudrait 300 pour le nouveau projet. Sur un terrain qui n’est, de fait, pas extensible. « Nous allons demander une dérogation », affirme Xavier Lédée. La future délocalisation du groupe scolaire, de Gustavia à Saint-Jean, et de nouvelles acquisitions foncières par la Collectivité permettront également de trouver de l’espace, selon le président. Pour Francius Matignon, la situation ne sera pas vraiment différente de celle d’aujourd’hui : « Tout sera une question d’organisation et de bon sens. » Reste à savoir si ces arguments convaincront une majorité de conseillers.
La ferme pédagogique
Un autre dossier important, à l’étude durant le conseil, est la ferme pédagogique de Gouverneur. Il sera question de voter une nouvelle subvention de 450.000 euros avant son ouverture. Non, vous n’avez pas loupé un épisode. La structure a bien été inaugurée le 4 juillet dernier (JSB1623). Mais elle reste fermée au public depuis. La raison ? Des équipements n’avaient pas encore été installés, dont certains sont obligatoires pour répondre aux normes de sécurité. « Il y avait des réajustements à faire, déclare Xavier Lédée. La commission sécurité devrait visiter le site ce vendredi 24, pour une ouverture fin octobre-début novembre. »
Pour quoi les 450.000 euros supplémentaires sont-ils prévus ? « Il s’agit de solder les travaux », poursuit le président. Francius Matignon se fait plus précis : « C’est pour la construction d’un bassin de rétention d’eau, indispensable pour le risque incendie. » Ce qui soulève plusieurs questions. La commission sécurité pourra-t-elle valider l’ouverture de la ferme, si la citerne incendie n’est pas encore créée ? Ce bassin sera-t-il aménagé à temps pour un accueil du public « fin octobre-début novembre » ?
Fait plutôt surprenant : la ferme a déjà reçu quelques visites cet été. Notamment des enfants du centre de loisirs. « Ils étaient avec une équipe d’encadrants et n’ont pas eu le droit d’utiliser les structures telles que l’aire de jeux », relate Francius Matignon. Les petits Saint Barth étaient apparemment répartis « en groupe, avec jamais plus d’une trentaine d’enfants à la fois. »
La navette entre Saint-Jean et Gustavia
Pour le projet de navette entre Saint-Jean et Gustavia, tout roule presque comme sur des roulettes. Annoncée pour le mois d’octobre par la Collectivité, sa phase test devrait plutôt débuter « avant fin novembre », selon le président.
Une nouvelle enveloppe de 600.000 euros sera soumise au conseil. « Elle servira notamment à mettre en place un deuxième circuit, entre Saint-Jean et Lorient », explique Xavier Lédée. Le chef d’Unis pour Saint Barth précise que ce projet de navette numéro 2 n’est pas pour demain. « On va y aller par étapes, poursuit-il. Il s’agit surtout de débloquer des crédits pour ne pas se retrouver coincés si on veut commencer à s’organiser. »
« Les gens doivent jouer le jeu pour que le système de navettes fonctionne et qu’on puisse désengorger Gustavia », commente Alexandra Questel. Selon la cheffe de Saint Barth d’Abord, la Collectivité devrait prendre des mesures pour inciter les habitants à choisir ce moyen de transport. « En limitant le temps que l’on peut passer sur une place de parking, par exemple. »
Le pôle handicap
Alexandra Questel l’admet : «C’est un échec pour nous. On aurait pu proposer des solutions aux familles depuis longtemps, mais la création du pôle handicap à Saint-Jean a pris du retard. »
Ce pôle sera évoqué au conseil, car 2 millions d’euros devaient lui être dédiés en 2025, mais n’ont finalement pas été utilisés et seront réaffectés à une autre dépense. Le président indique que la Collectivité travaille en ce moment à une stratégie de dépollution des sols à la fourrière, où la structure sociale sera installée.
Les démarches administratives traînent en longueur. «Ce dossier devrait être en haut de la pile », grince Marie-Hélène Bernier. « J’aimerais que les premières personnes puissent être accueillies au pôle de Saint-Jean avant fin 2028 », annonce quant à lui Xavier Lédée. A l’origine, le projet, lancé sous la précédente mandature, était prévu pour le premier semestre 2024.
Le groupe scolaire de Saint-Jean
La délocalisation du groupe scolaire de Gustavia à Saint-Jean se précise. Les élus devront acter l’extension d’un parking souterrain, dont on ne sait pas encore s’il ne sera réservé qu’aux écoles ou pas. Le fait que sa construction soit prévue sur un terrain inondable n’inquiète pas les chefs des formations politiques. « Les architectes nous ont proposé un plan mûrement réfléchi et balisé pour éviter les difficultés », assure Francius Matignon.
« Le risque est pris en compte, le but étant de créer un parking résistant et autonome », ajoute le président. Selon lui, les travaux pourraient commencer dans un an, pour une livraison estimée en 2029.
Une nouvelle Maison des assistantes maternelles à Anse-des-Cayes
Ce dossier ne devrait pas poser de difficultés lors du conseil. Chaque représentant de groupe se réjouit de la création d’une nouvelle Maison des assistantes maternelles (Mam) à Anse-des-Cayes. « C’est un bon projet, qui va répondre à l’enjeu important de la garde d’enfants à Saint-Barthélemy », commente Marie-Hélène Bernier. « Il faut aussi une Mam à Gustavia, souligne tout de même Francius Matignon. Elle est déjà prévue, à la place de l’annexe de l’école maternelle. C’est dommage car tant que le groupe scolaire n’a pas été délocalisé, son installation prend du retard. »
Avec la nouvelle Mam à Anse-des-Cayes, il y aurait désormais quatre structures d’accueil d’enfants sur l’île. Deux existent déjà à Lorient et une autre est en construction à Grand Cul-de-Sac.
A Saint Barth, bientôt une machine capable de détecter les cancers de la peau grâce à l’IA ?

Vectra WB360 semble tout droit sorti d’un film de sciences fiction. Ce système d’imagerie haute résolution, utilisé en dermatologie, permet de photographier le corps humain de la tête aux pieds, pas moins de 92 fois en une seconde ! Le but étant de réaliser une image 3D du patient, afin d’identifier et d’archiver les lésions cutanées à risque. La machine possède également une intelligence artificielle intégrée qui peut réaliser une pré-analyse, avant celle du dermatologue.
Un bijou technologique que la Maison de la Santé souhaiterait acquérir. Une délibération au prochain conseil territorial de ce 23 octobre validera ou non le projet, déjà approuvé en commission Santé, d’après sa présidente Marie-Hélène Bernier. « C’est un matériel de pointe que nous serions pour l’instant les seuls à posséder dans les Antilles et qui pourrait attirer de nouveaux professionnels », indique Carole Nardin, coordinatrice santé à la Maison de la Santé.
Si l’acquisition est votée par les conseillers territoriaux, il restera à savoir qui, de la Collectivité ou de la Fondation pour l’équipement médical d’urgence de Saint-Barthélemy (Fémur), fera l’achat de cette machine à 500.000 euros.
