Saint-Barth - Conseil territorial

Comme Romaric Magras et les élus de l’opposition, la première vice-présidente Marie-Hélène Bernier a voté contre le budget primitif 2024.

Un budget adopté mais vertement contesté

Les élus du conseil territorial ont adopté à la majorité le budget primitif 2024 lors de la séance du jeudi 21 mars. Néanmoins, les débats ont été houleux et les conseillers du groupe d’opposition Saint-Barth d’Abord ont voté contre l’adoption du budget. Plus surprenant, la première vice-présidente Marie-Hélène Bernier s’est également prononcée défavorablement.

Avant même que ne s’engagent les débats, un changement dans le positionnement des élus à la table présidentielle laisse augurer d’une soirée plus agitée qu’à l’habitude. En effet, autour du président de la Collectivité, Xavier Lédée, deux vice-présidents ont joué aux chaises musicales. Assise à la droite du président depuis le début de la mandature, Marie-Hélène Bernier, première vice-présidente, s’est déportée sur la gauche et siège désormais à la droite du chef de file de l’opposition, Romaric Magras, et à la gauche de Bettina Cointre. Un fauteuil jusqu’alors occupé par Maxime Desouches qui se retrouve assis entre Xavier Lédée et Marie-Angèle Aubin. Si Marie-Hélène Bernier s’éloigne un peu du président, elle prend surtout ses distances avec son ancien collaborateur de cabinet, qui siège désormais derrière Maxime Desouches. Un détail, sans doute, mais qui dénote de l’ambiance quelque peu délétère qui règne au sein de l’institution.
Quoi qu’il en soit, c’est pour examiner et voter six délibérations que les membres du conseil territorial (Sandra Baptiste et David Blanchard, absents, ont donné une délégation à d’autres élus) sont réunis en l’hôtel de la Collectivité ce jeudi 21 mars. Un point va tout particulièrement les occuper : le vote du budget primitif 2024. Un document dont le contenu avait été évoqué en partie lors du débat d’orientation budgétaire, le 22 février (JSB 1555 et 1556). Ce qui n’empêche évidemment pas les élus de débattre à nouveau, dans le détail si le cœur leur en dit.

Un débat sans le président
Comme précisé dans l’introduction de la délibération, le budget primitif représente l'ensemble des dépenses et des recettes prévues pour une année. Il permet au président de la collectivité d'effectuer les opérations budgétaires pour l'année civile. Le budget 2024 s'aligne sur la stratégie financière de la collectivité, avec l’objectif de réaliser ses objectifs de politique publique tout en maintenant une situation financière saine. Mais c’est avant même que la délibération consacrée au budget que les discussions s’engagent.
Plus précisément, lors de l’approbation du compte financier unique (CFU) 2023. Un document qui a pour but de présenter un bilan réunissant le compte administratif établi par la Collectivité et le compte de gestion établi par le comptable public. Pour cette présentation, le président de la Collectivité ne peut participer au vote. Par conséquent, c’est la première vice-présidente qui donne lecture du CFU. Sans se douter qu’elle va lancer un long débat. En l’absence du président, confiné à l’extérieur de la salle des délibérations. Ce dernier est alors loin d’imaginer qu’il va devoir patienter pendant près d’une heure et vingt minutes avant de pouvoir pénétrer à nouveau dans la salle.
Après une longue présentation – déjà – par Marie-Hélène Bernier, Romaric Magras prend la parole pour Saint-Barth d’Abord. Il remarque que « la nouvelle majorité peine à lancer de nouveaux projets » et s’inquiète « de la hausse des dépenses de fonctionnement ».  La sénatrice Micheline Jacques, la deuxième vice-présidente Bettina Cointre, la troisième Marie-Angèle Aubin et le quatrième Maxime Desouches s’expriment tour à tour, comme la conseillère Caroline Morel, sur des sujets divers. Associations, carburant sur le port, charges de personnel, logement, les sujets défilent. Jusqu’au dérapage.

« Je n’aime pas l’inertie »
Micheline Jacques se chamaille avec Maxime Desouches sur le manque de communication supposé du président et de la majorité sur les dossiers et cours. Le ton monte, sans rapport avec la situation budgétaire. Puis Marie-Hélène Bernier ajoute sa pierre à l’édifice en répondant à Romaric Magras et Alexandra Questel qui regrettent l’accumulation des études. « Tu as raison, on fait beaucoup d’études mais on ne fait pas grand-chose derrière, lance-t-elle. Je n’aime pas l’inertie et c’est pour ça que je ne voterai pas le budget. »
Une annonce tonitruante qu’elle enchaîne en évoquant l’étude lancée sur les conséquences éventuelles sur la circulation en vue de la délocalisation des écoles à Saint-Jean. Mais celle-ci concerne projet initié par la précédente majorité et qui a été abandonné par la nouvelle en début de mandat. Elle se dit alors opposé au nouveau projet de délocalisation, non plus sur le terrain situé en face du stade et acheté dix millions d’euros par l’ancienne majorité mais sur celui qui se trouve en face du Super U.
Marie-Angèle Aubin affirme alors : « Je fais partie de la majorité et je n’ai jamais entendu qu’on allait délocaliser les écoles devant Super U. » Marie-Hélène Bernier bondit, comme d’autres élus. Le projet ayant été clairement détaillé lors de la réunion précédente du conseil territorial. Les échanges, houleux, se poursuivent encore. Finalement, le CFU est adopté à la majorité. Seuls les six élus de Saint-Barth d’Abord votent contre.
Ne cachant pas son agacement après une longue attente, c’est d’un pas nerveux que Xavier Lédée fait son retour dans la salle. Il mouche d’entrée Micheline Jacques qui, sans avoir demandé la parole, branche son micro et intervient. 18h50, le point consacré au budget primitif est enfin abordé.

Marie-Hélène Bernier contre le budget
« D’un point de vue comptable, je n’ai aucune observation », assure paisiblement Romaric Magras avant de relancer le débat sur la délocalisation des écoles. Il est appuyé par Francius Matignon et Micheline Jacques mais c’est Marie-Hélène Bernier qui, d’un ton posé, se révèle être la plus virulente. « On a une majorité qui travaille à l’envers, lance-t-elle. Je fais 70 heures par semaines à la Collectivité et je ne m’y retrouve pas. » Arguant du fait qu’elle détient la délégation «éducation », elle propose de reprendre l’ancien projet de délocalisation des écoles à Saint-Jean et de le relancer dans les plus brefs délais. L’opposant Francius Matignon rebondit sur cette proposition, tout comme Romaric Magras. Xavier Lédée réplique en évoquant les étapes administratives du projet en cours, qui « est inscrit au budget et va avancer dans l’année ». Un nouvel accrochage verbal l’oppose à Francius Matignon, mais le débat n’avance plus.
Le budget est finalement soumis au vote des élus. Il est un peu plus de 20 heures. Les six conseillers de Saint-Barth d’Abord votent contre. Marie-Hélène Bernier également. Une séance éprouvante pour les membres de l’assemblée. Sans doute plus encore pour la stabilité de la majorité territoriale. Toutefois, le budget 2024 est entériné.

La question qui fâche de Micheline Jacques
En fin de séance, la sénatrice et élue d’opposition Micheline Jacques interroge le président Xavier Lédée sur les raisons qui l’ont poussé à retirer les délégations « police » et « sécurité » à Marie-Hélène Bernier. Xavier Lédée répond : « Ce n’est pas le lieu pour revenir sur le sujet. » Marie-Hélène Bernier, en revanche, accepte de répondre. « Aujourd’hui, seul le président a ces délégations, explique-t-elle. Si demain quelque chose lui arrive, aucun élu ne pourra prendre en charge la sécurité. Et seuls les élus peuvent prendre des décisions, pas les agents. » Une dernière affirmation contestée par le président. Reste désormais à savoir si la première vice-présidente, après avoir voté « contre » le budget 2024, conservera ses délégations « éducation » et « santé ».
Interrogé, le président Lédée assure qu’il n’a pas encore, pour l’heure, pris de décision sur ce point. Affaire à suivre, pas conséquent


 

 

Journal de Saint-Barth N°1560 du 28/03/2024

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