Saint-Barth -

Priorités et doléances des élus pour 2020

La poursuite des travaux d’amélioration du réseau d’eau et d’enfouissement, mais aussi le retour d’une nouvelle caserne des pompiers, la création d’un centre d’accueil de jour pour les personnes handicapées, l’organisation d’Assises de l’eau… Les élus ont débattu à bâtons rompus vendredi dernier sur les orientations budgétaires à tenir en 2020.

 

«Les recettes ont augmenté de manière considérable, les dépenses sont bien contenues. Voilà l’essentiel », résume Bruno Magras en introduction du débat d’orientations budgétaires. « Par précaution, nous avons prévu une baisse des recettes de l’ordre de 10% en 2020, car le rythme de la reconstruction va diminuer, et au niveau des recettes sur l’immobilier l’année ne sera pas forcément aussi bonne que 2019. Espérons que la baisse des droits de quai sera compensée par la hausse de la taxe de séjour, grâce aux réouvertures d’hôtels prévues et à un meilleur recouvrement pour les villas. » La Collectivité prévoit tout de même un excédent de 19 millions d’euros en fin d’exercice. Le débat est ouvert sur la meilleure façon d’utiliser les fonds disponibles cette année.

 

Bonnes nouvelles pour le Vent

« Je note qu’il y a de bonnes nouvelles pour les quartiers du Vent : la canalisation qui va relier les deux réservoirs permettra de résoudre les problèmes d’eau qu’on a pu connaître à Vitet ; je constate également que sur la pose de la fibre optique, Marigot et Vitet seront les premiers raccordés, avec Gustavia », se félicite Bettina Cointre (Tous pour Saint-Barth), qui enchaîne avec une liste de remarques : opposée au projet de parking souterrain à Gustavia, elle est « ravie » qu’il ait été revu à la baisse ; elle s’enquiert de la volonté, qu’elle ne voit nulle part dans le rapport, de la Collectivité de déployer des panneaux photovoltaïques sur ses bâtiments. « Sur le parking de Gustavia, je considère que c’est une obligation », répond Bruno Magras. « Par ailleurs j’attends une évaluation de France Domaine car le propriétaire d’un terrain et d’un immeuble voisins ne serait pas hostile à l’idée de vendre à la Collectivité. » Autre perspective d’achat, celui d’un quai à La Pointe. « 400 m2 en front de mer, on ne peut pas ne pas l’acheter ! »

 

Sports et handicap

Bettina Cointre est aussi convaincue de la « réelle nécessité » de la création d’un centre d’accueil de jour pour les personnes en situation de handicap, mais s’interroge sur la pertinence du lieu choisi, le terrain de proximité de l’Anse des Cayes, en cours de réfection pour accueillir un espace multisports et de jeux pour enfants. Les travaux ont été suspendus à l’aune de ce nouveau projet. Les services techniques s’apprêtent à lancer une étude pour vérifier la faisabilité d’installer l’IME (Institut médico-éducatif) dans le petit bâtiment au centre du terrain. « Nous sommes en attente de savoir la superficie exigée par l’ARS », informe la vice-présidente Nicole Gréaux. « La commission des sports a travaillé de longs mois sur les projets des terrains de proximité de l’Anse des Cayes et Flamands, financés par les associations des maires de Guadeloupe et Martinique », rappelle Corinne Gréaux Fébrissy, présidente de la commission sports. «Nous aurions aimé être au courant, et j’espère que les donateurs seront informés. » « Le centre d’accueil de jour ne remet pas en cause le projet en cours sur le terrain », rassure le Président.

 

Les pompiers avant le dojo

Corinne Gréaux Fébrissy a la parole, elle poursuit : «Concernant les travaux routiers, j’aimerais que l’on ajoute la réfection de la rue entre Colombier et Corossol. Très utilisée notamment par les parents qui amènent leurs enfants à l’école, elle est déformée, étroite… Ça devient dangereux. » Autre sujet, à la Plaine des Jeux : «La rénovation du dojo a complètement disparu des priorités ; je voudrais savoir s’il reviendra ou si le projet est abandonné. » « Le dojo, pour moi, ce n’est pas la priorité», explique Bruno Magras. « Les locaux ne sont pas adaptés, mais les arts martiaux s’exercent quand même.» Pour ce qui est de la route Colombier-Corossol, Régis Beeldens, des services techniques, présent dans la salle, explique que l’étude sera lancée dans l’année pour une réfection en 2021. « Il faut bien que je garde un peu de travail pour mon prochain mandat ! » lance Bruno Magras, ajoutant en riant « je plaisante, je plaisante ! »

 

Suspendu durant quelques années, le projet de construction d’une caserne des pompiers neuve est relancé. « Le lauréat du concours est déjà désigné, le projet est donc facile à lancer », note Bruno Magras.

 

Un magazine, un film, une ferme en suspens

Présidente du service culture, Elodie Laplace dresse un petit bilan de l’année écoulée (notamment « les panneaux directionnels pour le plus grand bonheur des touristes et pas seulement ») et expose ses dossiers de l’année à venir. « Des animations pour la place du Wall House, qui accueillera aussi une buvette», « relancer le magazine de Saint-Barth », et réaliser « un film Mémoires d’Anciens 2 ». Gros chantier en cours, celui de l’avenir du Brigantin, que la majorité espère transformer en musée du coquillage, pour l’instant sans succès, n’a pas été cité. En ce qui concerne la future ferme pédagogique à Gouverneur, Elodie Laplace explique avoir “budgétisé” les frais de nourriture des animaux qui vivent au ranch, « on ne peut pas laisser ces pauvres bêtes mourir de faim ». Si les travaux doivent être lancés en fin d’année 2020, un gros point d’interrogation demeure. Ce vaste terrain a accueilli durant plusieurs années l’enfouissement des mâchefers, ces résidus issus du four d’incinération des déchets ménagers. Pour les extraire et les expédier (aucun traitement n’existe à Saint-Barthélemy), il faut compter pas moins de 5 millions d’euros, sacré budget. Le problème reste en suspens. « Par ailleurs, nous avons reçu 751.000 euros de demandes de subvention de la part des associations culturelles ; cela représente le budget total de la commission ! » indique la conseillère territoriale, appelant les structures à davantage de mesure. « Le montant de l’enveloppe subventions s’élèvera finalement à 250.000 euros. »

 

Concernant les travaux routiers, Maxime Desouches regrette, concernant la route qui monte devant le Glacier, à Saint-Jean, « la poussière mise sous le tapis. Les effluents continuent de couler sous la route et se déverser dans la baie de Saint-Jean. »

 

Des Assises de l’eau

Micheline Jacques, vice-présidente en charge de l’environnement, informe qu’un appel à projets européens dédié aux PTOM sera lancé dans l’année et pourrait permettre à Saint-Barthélemy de décrocher une enveloppe de 2 millions d’euros pour financer un programme environnemental, déterminé par les élus. « Je voudrais proposer des Assises de l’eau », poursuit l’élue. « Elles n’auront pas la même envergure que les Assises de l’environnement, mais l’idée serait d’inviter tous les acteurs de l’eau sur l’île pour évoquer les différentes problématiques. » Et de se féliciter : « Depuis les Assises de l’environnement, on constate beaucoup de changements des comportements sur l’île. » Quant au concret, c’est à dire le Code de l’environnement, « il sera voté d’ici juillet, août ou septembre. »

 

Poids-lourds et engins

Micheline Jacques tient également à pousser un petit coup de gueule sur la quantité de poids-lourds et engins de chantier qui sont entrés sur l’île en 2019 (35 camions, 33 engins de chantier). « Ils abîment les routes qui viennent d’être refaites, roulent de plus en plus vite », regrette la vice-présidente. « Sur les poids lourds, nous avons interdit les 14 tonnes PTAC », rappelle Bruno Magras. « La police territoriale nous a alerté sur la nécessité d’acheter un appareil pour peser les camions. Ensuite, les engins à chenille, on ne devrait pas les tolérer… Seulement il y a des besoins. On en a nous-mêmes bénéficié pour l’étang de Saint-Jean. » En revanche, le Président souligne que ces engins devraient eux aussi s’acquitter de la vignette automobile.

 

Situation touristique excellente

Le vice-président Nils Dufau, à la tête du Comité du tourisme, prend la parole pour décrire une « situation touristique excellente. On est à 6,5 millions d’euros de taxe de séjour, et ça va monter en puissance avec les nouvelles ouvertures. » Hélène Bernier bondit : « Effectivement, avec le Carl Gustaf, l’Emeraude, le Guanahani, le Tropical… On ouvre de nouveaux hôtels alors que l’an dernier ils n’étaient pas pleins. On a dépassé 15.500 véhicules, l’an dernier on mettait 45 minutes pour entrer à Gustavia. Alors on continue ! » «D’où l’importance d’étaler la saison », explique Nils Dufau. « On ne fait rien pour augmenter le flux touristique, mais seulement pour le consolider. Notre objectif est qualitatif, pas quantitatif. » «Comme ça, on aura les embouteillages tout au long de l’année », lâche en riant Bettina Cointre. « Un certain nombre d’hôtels a disparu », rappelle Bruno Magras. «Baie des Flamands, le Filao, le Sea Horse, le Yuana, Autour du Rocher, Les Castelets, La Banane… » « Ce ne sont pas les mêmes hôtels, le Toiny vient d’ajouter neuf villas et neuf piscines » coupe Hélène Bernier. Bruno Magras s’agace : « L’économie ne tourne pas avec quelques écolos qui pensent que les lézards et les iguanes doivent passer d’abord ! »



Photo > Le réservoir du quartier Vitet devrait être relié à celui de Colombier au cours de l’année, afin de limiter les pénuries d’eau dans ce quartier en hauteur. Le bâtiment du terrain de proximité de l’Anse des Cayes pourrait accueillir un centre d’accueil de jour pour les handicapés ; les études vont être lancées. La construction d’un dojo neuf, projet lancé en 2013, ne figure pas dans les priorités. Les engins de chantier pourraient, au même titre que les autres véhicules, être soumis au paiement de la vignette automobile.


JSB 1362

Journal de Saint-Barth N°1362 du 13/02/2020

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