Lors du conseil territorial du 21 mars, les débats ont une fois encore été animés par de vifs échanges autour du dossier de la délocalisation des écoles. Un sujet qui divise au point de voir la première vice-présidente se ranger du côté de l’opposition et voter contre le budget primitif 2024.
Au sein de la Collectivité territoriale, entre les élus de la majorité et de l’opposition, les sujets de divergences ne manquent pas. Mais aucun ne divise autant que le dossier de la délocalisation des écoles. Lorsque le conseil exécutif entérine, le mercredi 11 janvier 2023 (JSB 1503 et 1505), l’abandon du projet de construction d’un nouveau groupe scolaire à Saint-Jean, il ne semble pas nécessaire d’être devin pour comprendre qu’une telle décision va alimenter les débats pendant de longs mois. Depuis, de nombreuses réunions ont été animées par de vifs échanges entre élus sur cette question. Jusqu’à atteindre un point culminant dans la discorde au cours de la séance du conseil territorial du 21 mars dernier.
Lors de celle-ci, principalement consacrée à l’examen et au vote du budget primitif 2024, la première vice-présidente Marie-Hélène Bernier est revenue sur sa position concernant la délocalisation des écoles à Saint-Jean. En effet, le 11 janvier 2023, à l’occasion du conseil exécutif, elle avait suivi le vote du président Xavier Lédée, de Bettina Cointre, Marie-Angèle Aubin et Maxime Desouches qui s’étaient prononcés favorablement pour l’abandon du projet initial de délocalisation concocté par la précédente majorité territoriale. Seuls les élus d’opposition du groupe Saint-Barth d’Abord membres du conseil exécutif, Romaric Magras et Alexandra Questel, s’étaient opposés à cette décision. Un an plus tard, Marie-Hélène Bernier a donc annoncé en conseil territorial qu’elle souhaitait que le projet lancé par l’ancien président Bruno Magras et son équipe soit remis à l’ordre du jour. N'étant pas suivie par le président et les élus de la majorité, elle a choisi de voter contre le budget primitif 2024. Comme les six élus de l’opposition.
Plaidoyer pour la relance du projet initial
« Je rappelle tout ce même que le transfert des écoles a déjà fait l’objet d’études en concertation avec les chefs d’établissements concernés, le personnel éducatif et le service scolaire de la collectivité, commente Marie-Hélène Bernier. Un concours d’architecte a été réalisé, un cabinet a été sélectionné et un projet retenu par le jury. Il ne manque plus aujourd’hui qu’à lancer la maitrise d’œuvre. Le projet pourrait voir le jour avant la fin du mandat et cela coûterait beaucoup moins cher à la Collectivité. » Pour l’heure, la précédente majorité a dépensé dix millions d’euros pour acheter le terrain qui devait accueillir, face au stade de Saint-Jean, le nouveau complexe éducatif. La Collectivité a également consacré une enveloppe de 75.000 euros répartie de manière égale entre les trois cabinets d’architecture dont les plans de la future structure avaient été retenus. Sans oublier les études préalablement réalisées.
La première vice-présidente estime que le collège « qui manque cruellement d’espace » pourrait rester à Gustavia mais en s’agrandissant en récupérant les bâtiments de l’école maternelle. « En récupérant les cinq grandes salles de l’école déjà existantes, assure l’élue, on pourrait y mettre le centre d’apprentissage hébergé aujourd’hui au sein du collège. Le préau d’environ 60 mètres carrés pourrait être transformé en salles de réunion. La carte d’urbanisme permet d’ajouter un étage qui pourrait facilement abriter cinq à six logements de fonction. Là encore on gagne du temps et de l’argent et on participer à la résolution du problème crucial des logements qui affecte plusieurs professions essentielles. » Quant aux locaux de l’école élémentaire, Marie-Hélène Bernier les imagine transformés en logements ou en locaux administratifs. « Les besoins ne manquent pas », glisse-t-elle.
« Le président s’obstine »
En séance, les élus de Saint-Barth d’Abord n’ont pas caché leur satisfaction à se trouver une nouvelle alliée dans leur combat. Dans un communiqué qui a suivi le conseil territorial, Romaric Magras rebondit sur le sujet. «La délocalisation des écoles est une évidence que le président s’obstine à faire sur un autre terrain malgré la force des arguments qui lui sont opposés. Pour 2024, elle ne fait l'objet que d'une ligne de 200.000 euros pour le lancement...d'une nouvelle étude évaluant le transfert de l'intégralité des établissements scolaires en pleine zone artisanale. »
De fait, le président Xavier Lédée a annoncé quelques jours avant la tenue du débat d’orientation budgétaire (JSB 1555 du 22 février) la relance du projet de délocalisation des écoles de Gustavia à Saint-Jean. « Elle se fera sur le terrain qui se situe derrière Super U où étaient jusqu’à présent entreposés les débris post Irma. »
Quelques jours plus tard, lors du DOB, le jeudi 22 février, Marie-Hélène Bernier a précisé en réunion du conseil qu’un permis de construire avait été accordé à la société Savane SCI pour la construction d’un centre commercial sur une surface de plus de 3.000 mètres carrés. Sur une parcelle située en face de la grande surface.
Le nouveau complexe des écoles, qui pourrait aussi accueillir le collège ainsi qu’un plateau technique pour le centre d’apprentissage, se situerait donc entre une grande surface et un nouveau centre commercial. Une nouvelle qui n’a pas manqué de faire bondir l’opposition.
Xavier Lédée a toutefois souligné en conseil territorial que le terrain prévu pour la délocalisation est vaste. Par conséquent, l’établissement ne sera pas, assure le président de la Collectivité, « coincé » entre les deux zones commerciales. Un argument qui n’a pas suffi à convaincre les opposants au nouveau projet. A commencer par Marie-Hélène Bernier.
Quid de l’étude de l’APHP ?
Ainsi, la première vice-présidente rappelle que les deux parcelles censées accueillir la nouvelle structure éducative ont fait l’objet d’une délibération votée à l’unanimité en mars 2023. « Cette délibération prévoyait de réserver ces terrains pour y bâtir un pôle santé dont l’étude de faisabilité validée par le président débute le 15 avril 2024, explique l’élue. Confiée à l’APHP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris, ndlr), elle doit définir les besoins sanitaires et déterminer la meilleure localisation pour construire le futur hôpital entre ces terrains de Saint-Jean ou l’actuel emplacement à Gustavia. » D’évidence, une autre orientation a été prise.
Parallèlement, lors du conseil territorial du 21 mars, la question de l’étude sur les conséquences d’une délocalisation des écoles à Saint-Jean sur la circulation routière a été évoquée. Une étude qui, selon Marie-Hélène Bernier et Saint-Barth d’Abord, ne porte que sur le projet initial. Aussi, elle ne permettrait pas d’apporter des éclaircissements sur les répercussions de la construction du nouveau projet sur le trafic routier.
Lors du vote du budget primitif, la majorité territoriale a entériné le financement d’une étude de faisabilité sur les nouvelles parcelles de Saint-Jean destinées à accueillir les établissements scolaires de Gustavia. Le dossier est donc relancé. Mais il y a fort à parier qu’il va continuer à agiter les débats territoriaux.