Saint-Barth - Cabris chèvres

Selon la Wildlife Conservation society, les chèvres sauvages seraient 3.000 à 5.000 dans les mornes de Saint-Barthélemy. L’ATE et INE en ont prélevé 800 l’an dernier. 

La Collectivité vote l’installation d’un abattoir à Anse des Cayes

La gourmande errance des cabris de Saint-Barthélemy risque de prendre une tournure nettement moins réjouissante dans un avenir proche. A Saint-Kitts, pour se débarrasser des innombrables chèvres sauvages, le gouvernement a loué les services de deux tueurs à gages. Enfin, de deux chasseurs assermentés. A Saint-Barth, la Collectivité a opté pour une autre solution. Lors du conseil territorial du 9 décembre, les élus ont voté favorablement l’attribution d’une subvention pour l’installation d’un abattoir.

Un projet à 110.268 euros
Si le projet n’est pas récent, la demande a officiellement été formulée par l’association Island Nature St.Barth Expériences dans un courrier daté du 25 octobre 2021. Pour monter sa structure d’abattage, l’organisme a sollicité une somme d’un montant de 110.268 euros. Celle-ci englobe le module qui servira d’abattoir - sous la forme d’un conteneur - ainsi que tous les équipements qui l’accompagnent et qui permettront à l’ensemble de répondre à des normes sanitaires légales. Sans oublier les clôtures, le coût du transport et les droits de quai.
« Le but est de mener à terme le projet destiné à solutionner le problème de divagation des chèvres sauvages sur l’île et parallèlement prévenir les conséquences néfastes de ce phénomène sur la flore, a expliqué le président Bruno Magras. Ce projet piloté par l’association est réalisé conjointement avec la collaboration de la Collectivité, de l’Agence territoriale de l’environnement et des services vétérinaires. » Toutefois, cette initiative ne se limite pas à la seule préservation de la végétation.
Derrière la capture et l’abattage des chèvres sauvages, l’objectif est aussi, comme le précise Bruno Magras, « in fine, une revalorisation de la viande caprine ». De fait, c’est bien ainsi que l’association a présenté son projet dans sa demande de subvention. L’exploitation de l’abattoir, qui sera implanté sur un terrain appartenant à la Collectivité dans le quartier de l’Anse des Cayes (la parcelle à demi défrichée qui se situe en face du magasin La Vie Claire), sera « mis à disposition de personnes formées au métier de boucher sur l’île », précise la délibération du Conseil territorial qui ne fait toutefois pas état des moyens qui seront mis en œuvre pour la capture des animaux.

Entre 2.000 et 5.000
chèvres sauvages
Pour mémoire, en 2019, une campagne de capture et d’abattage d’une partie de la population de cabris avait été lancée par la Collectivité et confiée à l’Agence territoriale de l’environnement (JSB 1325). Il s’agissait alors de s’emparer et d’abattre des chèvres adultes non accompagnées d’un petit, essentiellement sur les terrains privés et bien entendu avec l’accord des propriétaires. Selon les estimations de la Wildlife Conservation Society, entre 2.000 et 5.000 cabris vivent actuellement à Saint-Barth. En sachant qu’une femelle en bonne santé peut mettre bas deux à trois fois par an et donner parfois naissance à quatre petits.
Chaque année, on estime qu’entre 500 et 1.000 chèvres sauvages seraient capturées sur l’île avant d’être tuées puis mangées. Une tradition des plus anciennes puisque c’est la raison pour laquelle les cabris ont été introduits à Saint-Barth par les premiers colons. Résistant, facile à élever mais aussi classé parmi les cent espèces exotiques (introduites sur un territoire dont elles ne sont pas d’origine) les plus invasives par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Comme l’a précisé l’ATE en 2019, la végétation ne se renouvelle plus dans les zones où les cabris sont très nombreux. « La strate herbacée (herbes, petits buissons) a disparu, les plantules (jeunes pousses) sont systématiquement broutées, il n’y a plus de sous-bois, relevait l’Agence. Tout ceci amplifie l’assèchement et l’érosion du sol, la terre n’étant plus retenue, elle finit dans les baies et étouffe les herbiers et les récifs coralliens. De nombreuses espèces végétales ont déjà totalement disparu de certaines zones. »
Si l’ensemble des conditions légales et des normes sanitaires d’abattage mais aussi de traçage des bêtes sont assurées, la future structure de l’Anse des Cayes devrait permettre de fournir de la viande de cabris à la population de Saint-Barth. Sous quelle forme? Cette question n’a pas été évoquée par les élus et n’est pas présentée dans le projet.    

Journal de Saint-Barth N°1451 du 16/12/2021

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