Devant la porte d’entrée de la boutique solidaire de la Croix-Rouge, de volumineux sacs en plastique sont remplis de coussins et de linge. Un dépôt ordinaire et quotidien que les bénévoles de l’association qui oeuvrent au sein du local situé sur les hauteurs de Gustavia vont prendre en main. En ce jeudi 18 décembre, elles sont quatre à s’affairer dans la boutique solidaire. Quatre femmes qui sont les piliers de la délégation territoriale de la Croix-Rouge. A tel point qu’elles ne savent plus vraiment quand elles ont commencé à prêter main forte à l’organisme créé en 2005 à Saint-Barthélemy ! Du moins, dans un premier temps. Car ces dames remettent vite les choses dans l’ordre. Une habitude.
Elles ont pour nom Arlette Romney, Anne-Marie Gast, Marjorie Romney et Michèle Vaillot. « Je suis arrivée en 2017 », assure Arlette, qui exerçait la profession d’Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Qu’est-ce qui l’a décidée à rejoindre la Croix-Rouge ? «Elle habite en face », lance Michèle Vaillot, provoquant un rire général. « Elle balayait toujours ses petits escaliers et on lui demandait si elle ne voulait pas venir avec nous », sourit Michèle. Mais Anne-Marie Gast, la plus « ancienne » puisqu’elle a intégré la délégation dès 2006, rectifie : « Tu es arrivée bien avant 2017, non ? Tu as connu qui comme président ? Ce n’était pas Ernest (Magras) ? » Arlette réfléchit une poignée de secondes. « Oh oui, c’était Ernest », confirme-t-elle. En réalité, elle a décidé de traverser la rue pour se joindre à la petite troupe dès 2012. Juste un peu avant Marjorie Romney qui se souvient : «J’ai aussi connu Ernest ! Je travaillais encore à AMC quand j’ai commencé à venir à la Croix-Rouge. Donc c’était bien avant 2017. 2013 je crois. J’ai commencé les mercredis après-midi et quand j’ai arrêté de travailler je suis venue aussi les samedis. »
« On se prend au jeu »
Pour Michèle Vaillot, l’entrée en lice a eu lieu en 2010. « C’est une amie, Nicole, une ancienne de la Croix-Rouge, qui m’a dit alors que nous étions à la plage qu’il y avait besoin de main d’oeuvre, se remémore-t-elle. Au début de la boutique, tout était au milieu de la pièce ! Il y avait même encore les cartons de masques de l’époque de la grippe aviaire. » Le «recrutement » d’Anne-Marie Gast s’avère similaire. Mais quelques années plus tôt. « J’ai été débauchée par Nicole et Wanda, s’amuse-t-elle. Elles m’ont dit qu’il y avait besoin de bras ! » Et voilà comment toutes se sont lancées dans l’aventure. Avec une autre comparse qu’elles n’oublient pas de mentionner : Nicole Redon. « Elle était responsable de toutes les formations. Malheureusement elle est partie il y a deux ans pour des raisons de santé. »
Michèle, Arlette, Marjorie et Anne-Marie évoquent avec enthousiasme et tendresse le premier président de la délégation, Henri Louis. « Avec Michèle et Nicole, il nous avait surnommées les drôles de dames, comme dans la série », s’amuse Anne-Marie. Une référence qui sied désormais parfaitement aux quatre bénévoles, devenues amies.
Des souvenirs liés à leurs activités au sein de la Croix-Rouge, les quatre femmes en ont à revendre. De l’évolution de la délégation à Saint-Barth aux actions pour Haïti ou récemment pour la Jamaïque en passant par Irma ou les aides apportées aux habitants de l’île les plus démunis. Pourtant, aucune ne verse dans la nostalgie. Quand il est question de la Croix-Rouge, ce sont les activités actuelles qui leur viennent immédiatement à l’esprit. « On commence à distribuer les colis de Noël, explique Michèle. En suivant la liste de personnes qui nous a été transmise par le service social. » Pour le passé, ce sont davantage les compagnes et compagnons de route qu’elles évoquent. Des petites mains bénévoles aux présidents successifs (Henri Louis, Ernest Magras, Jean-Noël Machon et Christine Moizan) Ainsi que leur goût de l’engagement.
« On se prend au jeu », sourit Michèle Vaillot. « Si je n’avais pas cette activité sur l’île, je m’ennuierais », ajoute Anne-Marie qui lance à Marjorie : « Je me rappelle que tu m’avais dit que tu attendais le mercredi avec impatience. » Marjorie confirme. Retraitées, elles se sont laissé envahir par le virus du bénévolat. « C’est Henri Louis (le premier président) qui me l’a donné, assure Anne-Marie. Mon mari me disait qu’avant, au moins, j’étais payée pour tout le temps passé à travailler ! »
Les liens se créent entre bénévoles mais aussi avec clientes et clients de la boutique ou encore les personnes de passage. « Certaines se retrouvent ici, pour bavarder, boire un café », raconte Michèle. «Avant, on avait beaucoup de gens de Saint-Domingue et d’ailleurs, explique Anne-Marie. Aujourd’hui il y a beaucoup de gens de l’île, des saisonniers aussi. » Sans oublier les personnes mal ou pas logées qui, deux fois par semaine, peuvent venir s’abreuver d’un peu de chaleur humaine, mais aussi d’un café et d’un sandwich. « La boutique a bien changé, insiste Michèle. C’était une maison pour les personnes âgées, des bureaux et un refuge pendant la saison cyclonique ».
L’heure tourne et Marjorie doit s’éclipser pour faire un aller-retour au ferry. Ses comparses se remettent à leurs affaires. Tri, rangement, préparation des colis de Noël et des panier alimentaires, etc. En période de fête comme tout au long de l’année, les «drôles de dames » de la Croix-Rouge ne manquent pas de travail. Fort heureusement, leur goût de l’engagement au service des autres demeure tout aussi vivace.
