Haïti.
L’Hôtel Oloffson incendié par des gangs
« Si vous recherchez un hôtel historique à Port-au-Prince, alors l'Hôtel Oloffson est le choix idéal. » Tels sont les mots de présentation encore lisibles sur le site d’une célèbre plateforme hôtelière en ligne. Depuis le dimanche 6 juillet, comme le rapporte une dépêche de l’agence Associated Press, le lieu historique et culturel de la capitale Port-au-Prince, ce « joyau patrimonial » comme le décrivent de nombreux internautes, n’est plus qu’un amas de cendres et de gravas. Selon AP, qui a recueilli le témoignage de Richard Morse, directeur de l’établissement (qui le supervisait depuis les États-Unis après sa fermeture en 2022), l’attaque menée par les membres de plusieurs gangs armés de la coalition « Viv ansanm » (« Vivre ensemble »…) aurait débuté dès le samedi en fin de journée. Des affrontements ont alors été rapportés entre les assaillants et des policiers. Depuis, le quartier est tenu par les gangs et le site de l’hôtel est inaccessible. « La destruction de l'Oloffson symbolise la destruction de l'histoire et de la culture d'Haïti à laquelle nous assistons depuis plusieurs années », a écrit l’auteur Michael Deibert, cité par nos confrères de la 1ère.
Dans le monde entier, les internautes qui ont eu le privilège de séjourner ou de visiter l’hôtel se désolent, à l’instar de la communauté et diaspora haïtienne. « Dire ce que représentait l’Hôtel Oloffson en Haïti, c’est tenter de traduire l’âme d’un pays en architecture, en musique, en soupirs. C’était bien plus qu’un hôtel, écrit Yves Lafortune, avocat. C’était un pan de notre conscience collective, une mémoire debout, un espace sacré de survivance culturelle. C’était, à la fois, notre Tour Eiffel tropicale, notre Waldorf Astoria aux saveurs de gingembre et de rhum, mais surtout, notre sentinelle, notre agora, notre temple de création et de contestation. » L’agence d’écotourisme Le Paradis Haïtien affirme : «Choisir la voie de la destruction, c’est tourner le dos à la dignité. Chaque acte de violence affaiblit un peu plus notre peuple, abîme notre image collective, et hypothèque notre avenir. Réduire l’Oloffson en cendres, ce n’est pas s’attaquer à un pouvoir ou à un système : c’est effacer un symbole vivant de la résilience haïtienne. C’est Haïti que l’on brûle, pas celle des élites, mais celle des artistes, des penseurs, des rêveurs, des bâtisseurs d’avenir. » L’association Bohio Ayiti, qui a participé à l’organisation d’une grande exposition sur les arts de la Perle des Caraïbes en mars 2024 (JSB 1558) en partenariat avec le musée du Wall House et la galerie Monnin, s’émeut: « Aujourd’hui, le cœur lourd, nous apprenons que l’Hôtel Oloffson de Port-au-Prince, joyau de l’architecture « gingerbread » (Pain d’épices) du XIXe siècle, a été incendié par les gangs. Ce monument n’était pas seulement un hôtel. Il était un refuge de mémoire, de culture et d’espérance pour tout un peuple. » Depuis le dimanche 6 juillet, les témoignages ne cessent d’affluer en ligne.
Construit à la fin du XIXe siècle par la famille Sam, dont deux membres furent présidents d’Haïti (notamment Tiresias Simon Sam), le bâtiment a connu plusieurs vies. D'abord résidence privée, il devient hôpital militaire sous l’occupation américaine (1915-1934). L’une des ailes du bâtiment s’appelait encore « La maternité ». Il est transformé en hôtel dès 1935 par le navigateur suédois Werner Gustav Oloffson. Il a acquis un prestige culturel dans les années 1950-60 en accueillant écrivains, artistes et figures internationales. Graham Greene s’en inspire pour son roman The Comedians, Mick Jagger et Jacqueline Kennedy Onassis y séjournent. En déclin sous la dictature des Duvalier, l’établissement renaît à partir de 1987 sous la direction du musicien compositeur Richard Morse. L’Oloffson devient un haut lieu culturel, locales, carobéennes et internationales. « Malgré les turbulences politiques et les catastrophes naturelles, notamment le séisme de 2010 où il servit de base logistique, l’hôtel avait toujours résisté », constate le site SurInfo.
Trinidad-et-Tobago.
Élévation annoncée de l’âge légal pour les jeux d'argent, la consommation de marijuana et d'alcool
La première ministre de Trinidad-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a annoncé des changements législatifs radicaux visant à protéger les jeunes, à soutenir les retraités et à renforcer la sécurité publique, a écrit mardi le Caribbean National Weekly. Elle a déjà pris la décision de relever l'âge légal pour l’accès aux jeux d'argent et la consommation de marijuana à 25 ans. De plus, il faudra désormais avoir 21 ans révolus pour acheter ou consommer de l’alcool. Une annonce qui a été faite le lundi 7 juillet lors du Monday Report in Penal du Congrès national uni. Il s’agissait de la première intervention publique de Kamla Persad-Bissessar depuis la victoire du parti aux élections générales du 28 avril. La première ministre a aussi dévoilé son intention de réviser et de modifier la législation fiscale relative aux retraites, arguant que les retraités ayant cotisé au système pendant des décennies ne devraient plus être imposés après 60 ans.
Guadeloupe.
Blocage du centre d'empotage de banane à Capesterre-Belle-Eau
Les dix ouvriers agricoles du centre d’empotage de banane de Capesterre-Belle-Eau n’ont pas perçu leur salaire depuis le mois de février. Le mardi 8 juillet, six d’entre eux ont exprimé leur colère et leur volonté de faire valeur leurs droits en bloquant l’accès du centre. La 1ère relate le mouvement et souligne que Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG, était mobilisé à leurs côtés afin de soutenir leur cause. Une situation qu'il qualifie de « criminelle » en ajoutant : « Nous ne pouvons pas accepter que des ouvriers qui ne gagnent pas énormément se retrouvent pendant presque la moitié d'une année sans salaire. C'est criminel, c'est traître ce que Yvon Héry a fait. » Les ouvriers dénoncent une « violence patronale» et accablent la direction du centre. « Concernant la direction, chaque jour c'est un son de cloche différent, assurent-ils à la 1ère. Nous avons été dans le groupement à deux reprises. La deuxième fois, ils nous ont envoyé les huissiers. Ils n'ont aucune reconnaissance aucun respect pour les travailleurs. » Dans un communiqué, la CGTG banane dénonce aussi certaines pratiques de travail dissimulé dans la profession. Un conflit qui découle des conséquences d'anomalies relevées par l'Office de développement de l'économie agricole des départements d'Outre-mer, précise la 1ère. Les planteurs ont formulé trois revendications : le paiement intégral de leurs salaires, la régularisation de leurs cotisations sociales pour percevoir une pension de retraite et la prise en charge de l'intégralité des dettes contractées, agios compris.
République dominicaine.
Le contre coup économique de l’expulsion massive des Haïtiens
A travers un article publié le 8 juillet, RCI évoque les conséquences économiques de la politique migratoire agressive mise en place depuis 2020 par le président de la République dominicaine, Luis Abinader. Au premier semestre 2025, plus de 200.000 Haïtiens ont ainsi été renvoyés dans leur pays. Dans certaines zones, l'offre de main d'œuvre a chuté de 40% à 80%. « La politique de fermeté contre l'immigration illégale du gouvernement dominicain se répercute sur les exploitations de banane, un secteur déjà fragilisé et qui dépend grandement de la main-d'œuvre étrangère, à l'instar d'autres pans de l'agriculture, mais aussi des secteurs du tourisme et du BTP, où les ouvriers sont en majorité haïtiens », écrit RCI. Il est indiqué que les secteurs du bâtiment et de l'agriculture s'accordent sur la nécessité d'un plan de régularisation pour ces travailleurs indispensables. Acoprovi (association des constructeurs) propose la délivrance de 87.000 permis de travail temporaires. De leur côté, les producteurs de bananes recensent eux 15.000 ouvriers haïtiens.
Saint-Martin.
Défiscalisation prolongée pour l’achat ou la construction de logements
Lors du conseil territorial du 26 juin, les élus de la Collectivité de Saint-Martin ont voté pour la prorogation de certaines mesures fiscales établies en 2015, rapporte Le Pélican. Parmi elles, la réduction d’impôt pour les acheteurs ou constructeurs d’un logement neuf sur le territoire. Le plafond du prix, jusqu’ici de 2.300 euros au mètre carré, a été augmenté. Certaines avaient déjà été prorogées en 2020, puis encore en 2022, jusqu’au 31 décembre 2025. Les mesures locales de défiscalisation pour l’investissement dans le logement à Saint-Martin sont désormais valables jusqu’au 31 décembre 2030, souligne Le Pélican. Jusqu’à cette date, les résidents fiscaux qui construisent ou achètent un logement neuf et en font leur résidence principale pourront bénéficier d’une réduction d’impôt pendant dix ans.
Sint Maarten.
Permis de construire annulé pour une tour de huit étages à Beacon Hill
Selon un article du Daily Herald publié le 2 juillet, le tribunal de première instance de Sint Maarten a annulé un permis de construire délivré début 2024 par l'ancien ministre du Logement public, de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement (Vromi), Egbert Doran. Le permis avait été accordé à la Fondation Phoenician Private Fund. Celle-ci prévoit la construction d'un immeuble d'appartements de huit étages sur Beacon Hill Road 16, une étroite bande de terrain située sur une péninsule de la région de Simpson Bay. Selon le tribunal, la délivrance du permis est « entachée d'irrégularités de procédure » et « insuffisamment motivée ». Ce jugement fait suite aux vives inquiétudes soulevées par un groupe de résidents, rappelle le Daily Herald. Notamment l'allégation selon laquelle le permis aurait été accordé dans le cadre d'une prétendue «politique d'adieu » du ministre sortant. L'affaire a été portée en justice par l'association des propriétaires de Beacon Hill (PBHA). Il est indiqué dans l’article que l’avocat du gouvernement n’a pas défendu l’attribution du permis de construire mais s’est aligné sur les objections de l’association.
Saba/Bonaire/Saint-Eustache.
L’emploi en hausse
L'emploi à Bonaire et Saba a connu une croissance significative en 2024, rapporte le Daily Herald en se basant sur les chiffres de la dernière enquête sur la population active menée par le Bureau central des statistiques (CBS) de La Haye. Il est précisé dans l’article publié le mardi 8 juillet que Bonaire a créé 1.800 emplois entre 2022 et 2024, portant le nombre total de personnes employées à 14.700, soit une augmentation de 14 %. En revanche, l'emploi à Saint-Eustache a diminué de 3%, avec 1.800 personnes employées en 2024 par rapport à l'enquête précédente. Parallèlement, Saba a connu une hausse plus modeste mais positive, avec 1.100 personnes employées, soit 90 de plus qu'en 2022. De plus, sur cette même période, l'emploi des résidents nés sur l'île – définis comme les personnes nées à Bonaire, Saba, Saint-Eustache, Aruba, Curaçao ou Saint-Martin – a augmenté de 1.100, portant le total à 9.300. Toutefois, le nombre de personnes employées nées hors de ces îles a également augmenté, atteignant 8.300 en 2024, soit une hausse de 800 par rapport à 2022. À Bonaire, 10.200 personnes parmi la population active en 2024 n'étaient pas nées sur l'île, soit une augmentation de 1.500 en deux ans. Environ 20 % de ce groupe étaient nés à Curaçao et 15 % aux Pays-Bas européens.