Saint-Barth - Arc de la Caraïbe caribeen

La Caraïbe en bref

Haïti.
Après le chaos, l’enfer

La semaine dernière, dans cette même rubrique (JSB 1556), le JSB titrait « De mal en pis » sa brève consacrée à Haïti. Depuis, le pays s’est enfoncé encore plus profondément dans le chaos. Après l’annonce du chef de gang Jimmy Cherizier de former une coalition de l’ensemble des groupes armés sous le nom «Viv ansanm» (Vivre ensemble…), des affrontements armés ont éclatés en de nombreux endroits du pays. Le 29 février, journée funeste, a vu cinq policiers se faire abattre lors de l’assaut du sous-commissariat de Bon-Repos, tandis que des tirs à l’aéroport international Toussaint Louverture ont entraîné, en plus de la panique, l’annulation de tous les vols. Le même jour, la faculté d’agronomie et de médecine a été envahie par des bandits armés. A Port-au-Prince, les fusillades se sont multipliées dans les jours suivants. « Les hôpitaux en état d’alerte maximale », a titré le Nouvelliste le 1er mars. Un troisième sous-commissariat a été incendié à Delmas 3… « Les gangs armés ont laissé derrière eux un cortège de feu, de sang, de cadavres, de dommages inestimables et de peur », a écrit le Nouvelliste le 2 mars, avant d’exprimer cette crainte : « Le pire est à venir. » Une prédiction avérée. En effet, samedi 2 mars, des attaques synchronisées des gangs contre les deux plus grands centres pénitentiaires du pays (pénitiencier national de Port-au-Prince et prison civile de la Croix-des-Bouquets). Lourdement armés, les assaillants ont tué des dizaines de personnes (personnels et détenus) et permis l’évasion de plusieurs milliers de prisonniers. Au pénitencier national, sur les 3.800 détenus recensés avant l’attaque, seuls quelques centaines étaient encore comptabilisés au lendemain de l’assaut, selon l’Agence France Presse. A la Croix-des-Bouquets, qui comptait environ 1.400 détenus, l’AFP indique dans une dépêche reprise par Le Monde le mardi 5 mars que le nombre d’évadés n’a pu être établi.
Parallèlement, le premier ministre Ariel Henry, après avoir signé un accord avec le Kenya qui entérine l’envoi en Haïti de mille policiers, a été empêché de revenir au pays. Pour l’heure, il est bloqué à Porto Rico. Quant à l’Organisation des Nations Unies, elle a lancé un plan d’aide humanitaire de 674 millions de dollars qui vise « à répondre aux besoins urgents du pays ».

Iles Vierges (Etats-Unis).
Saint-John repense l’aménagement de Cruz Bay

Depuis le passage des ouragans Irma et Maria, en septembre 2017, Cruz Bay peine à retrouver son charme d’antan. Un article du Virgin Island Daily News publié le 22 février est précisément consacré au rapport élaboré par la ville de Saint-John, en collaboration avec l’ensemble des habitants de la baie. « En juin 2023, plus de 300 habitants de St. John ont contribué au plan de la ville par le biais d'une série de planches de design », écrit le quotidien. « Il est vraiment important que la communauté ait le type de vision des choses qu'elle aimerait voir à Cruz Bay », a déclaré Meaghan Enright, directrice de Love City Strong, l’une des sociétés qui a travaillé sur la rédaction du rapport final. Les cinq thèmes identifiés dans le document comprennent la mise en valeur et la célébration de la culture de la communauté, la création d'espaces publics accessibles à pied, l'amélioration de toutes les formes de mobilité, le réaménagement des propriétés gouvernementales pour répondre aux besoins de la communauté et la création d'une ville de Cruz Bay « réparatrice et résiliente », rapporte le Daily News. La zone d'étude s'est concentrée sur le quartier historique de Cruz Bay, créé en 2017 avant le passage des ouragans Irma et Maria. Reste à déterminer les sources de financement. Selon le Daily News, elles pourraient venir du fonds fédéral de relance, de subventions, de dons et encore de financements locaux.


Bonaire.
La marée noire de Tobago menace l’écosystème

La propagation des rejets d’hydrocarbures causés par l’échouement le 6 février dernier d’une barge transportant plus de 35.000 barils de fioul au large du Parc d’affaires éco-industriel de Cove, au sud de Tobago, semble encore loin d’être stoppée. En effet, après le déclenchement d’un plan d’urgence par la Grenade, l’île de Bonaire affiche une inquiétude grandissante. Ainsi, dans un article publié le 28 février, le Caribean National Weekly (CNW) évoque « une crise environnementale croissante alors que la marée noire provenant de Tobago atteint ses côtes ». Le CNW relaie un communiqué du gouvernement qui rappelle que les forêts de mangrove sont menacées alors même qu’elles sont cruciales pour la stabilité côtière et la biodiversité. « Les écosystèmes de poissons et de coraux subissent des conséquences désastreuses à mesure que le pétrole s’infiltre dans leurs habitats, mettant en danger la riche vie marine de l’île, est-il précisé dans le communiqué. Le tourisme faisant partie intégrante de l’économie de Bonaire, les efforts visant à sauvegarder des zones vitales comme la baie du Lac, riche en mangroves, sont prioritaires. » Les côtes de Tobago ont été les premières à être touchées par la marée noire. En effet, des dépôts d’hydrocarbures ont été relevés de Scarborough jusqu’aux Terres Basses. Le gouvernement de Trinidad-et-Tobago a sollicité deux sociétés (T&T Salvage LLC, basée à Houston, et QT Environnental, basée à Watertown dans le Minnesota) pour épauler l’entreprise locale Subsea Specialists pour endiguer la propagation de la marée de fioul.

Saint-Kitts-et-Nevis.
Les étudiants s’expriment sur les problèmes de violence

La première conférence nationale des étudiants s’est déroulée la semaine dernière dans l’un des grands hôtels de Saint-Kitts. Un événement qui a réuni les représentants des étudiants des écoles secondaires et des établissements d’enseignement supérieur, mais aussi ceux du gouvernement fédéral. Dans un article publié le 1er mars, l’Observer revient sur le congrès qui a vu les étudiants adopter des positions tranchées sur les solutions à appliquer pour résoudre certains problèmes de société. Ainsi, une série de recommandations a été formulée à l’adresse des dirigeants de Saint-Kitts. Les étudiants ont notamment suggéré que des sanctions plus sévères soient infligées aux parents qui ne parviennent pas à répondre aux « signaux d’alarme » émis par leurs enfants. Ils préconisent aussi, rapporte l’Observer, un soutien accru en matière de renseignement de la part du système de sécurité régional (RSS), la mise en œuvre de réformes visant à relever les normes de police, l'expansion des services de soutien en santé mentale et l'introduction de sanctions pour les personnes qui incitent à des actions antisociales. « J’aime aussi le fait qu’ils parlent de lutte contre le harcèlement, s’est félicité le procureur général Garth Wilkin dans les colonnes de l’Observer. L'une des choses que nous envisagions de faire était d'adopter une législation spécifique contre l'intimidation. Maintenant que j'entends les enfants le réclamer, cela nous donnera l'impulsion nécessaire pour aller de l'avant. » Ministre d'État responsable de l'autonomisation des jeunes, Isalean Phillip estime que la conférence a permis de « soulever des questions très sensibles dont nous ne parlons pas, comme le harcèlement sexuel, les abus – notamment en termes de violence entre parents et enfants ». Le congrès s’inscrit dans une stratégie gouvernementale pour impliquer les jeunes dans l’évolution de la société.

République dominicaine.
Des envois de fonds à hauteur de 874,1 millions en janvier

Selon un article du Dominican Today publié le 4 mars, la Banque centrale de la République dominicaine a enregistré une augmentation notable des envois de fonds, totalisant 874,1 millions de dollars. Il s’agit d’une hausse de 9,0 % par rapport au même mois de l’année précédente et d’une augmentation substantielle de 15,1 % par rapport à janvier 2022. Une hausse que la Banque centrale attribue en grande partie « aux solides performances économiques des Etats-Unis », explique le quotidien. En effet, 85,7 % des flux, s'élevant à 641,1 millions de dollars, proviennent des Etats-Unis. « Les indicateurs économiques stables des États-Unis, notamment un taux de chômage de 3,7 % et une expansion constante du secteur des services, où travaille une partie importante de la diaspora dominicaine, ont joué un rôle central », écrit le Dominican Today. D'autres pays ont également contribué aux envois de fonds, comme l'Espagne avec 42,3 millions de dollars, soit 5,7 % du total. Haïti et l'Italie suivent avec respectivement 0,8% et 0,7%. Des contributions supplémentaires sont venues de pays comme la Suisse, le Canada et le Panama. « La Banque centrale a souligné le rôle vital des envois de fonds en tant que ligne de soutien cruciale pour les familles bénéficiaires, ayant un impact direct sur la réduction de la pauvreté et des inégalités », explique le quotidien. En janvier, 94,3 % des envois de fonds ont été affectés aux dépenses des ménages. Le reste a été consacré au remboursement des dettes des ménages. « Les méthodes de paiement pour les envois de fonds formels impliquaient principalement les espèces (93,2 %), suivies par les cartes de débit (5,4 %), les virements bancaires et les notes de crédit représentant les 1,4 % restants », indique le Dominican Today.

Sint-Maarten.
Retour en force des croisiéristes en 2023

« La barre symbolique du million de croisiéristes a été franchie en 2023 après deux années de ralentissement de l’activité suite à la pandémie de covid-19 », écrit le Soualiga Post dans un article publié le 29 février. Ainsi, poursuit la rédactrice, près de 1,318 million de croisiéristes ont été accueillis à Philipsburg l’année dernière, soit 474.087 de plus qu’en 2022. Une fréquentation mise en perspective avec le rappel des chiffres des années 2018 et 2019, au cours desquelles une moyenne d’environ 1,6 millions de croisiéristes avaient débarqué à Saint-Martin. Le Soualiga Post souligne que la barre des deux millions de croisiéristes avait été franchie en 2014 (près de 2,1) et pratiquement franchie en 2015 (1,9 million).

Sint-Maarten.
Le carnaval en danger ?

Un article du 3 mars du Daily Herald relaie une décision de la ministre sortante de la Justice, Anna Richardson, qui a informé la St. Maarten Carnival Development Foundation (SCDF) qu'un permis avait été accordé à un tiers pour organiser des activités de concert pendant la haute saison du carnaval. « Cette décision marque une première historique dans les 53 ans d’histoire du Carnaval, » écrit le Daily Heral. La SCDF la qualifie de « trahison ultime ». Les permis ont été délivrés pour organiser des événements en dehors du Carnival Village le week-end du 26 au 28 avril, qui coïncide avec le plus grand week-end du carnaval. « La police, qui doit maintenant également sécuriser cet événement, n'a pas pu indiquer comment elle accomplirait cette tâche », affirme la Fondation dans un communiqué de presse. «C'est une gifle à 53 ans de tradition, de travail acharné, de bénévolat, de coopération et de culture, a lancé le président de la SCDF, Edwardo Radjouki, dans les colonnes du Daily Herald. Le gouvernement sortant s’est donné pour mission de détruire le SCDF avec un programme si évident qu’une personne aveugle peut y voir clair. » Malgré les protestations de la Fondation du carnaval, les permis parallèles n’ont pas été retirés par le nouveau gouvernement.

Guadeloupe.
La campagne sucrière n’a toujours pas commencé

L’usine de Gardel n’a toujours pas repris son activité. Le Collectif des planteurs et la direction de l’usine ne parvient toujours pas à se mettre d’accord. Les planteurs mobilisés dénoncent les tarifs appliqués des prix qui, selon eux, ne sont pas assez élevés pour leur permettre une rentabilité et qui ne tiennent pas compte des autres produits dérivés comme la mélasse ou la bagasse, écrit RCI. Ils réclament donc l'augmentation du prix de la tonne de canne pour tenir compte de ces surcoûts de production. Une nouvelle aide de 447 euros par hectare a été mise en place par l'Etat, précise RCI. « 1.600 planteurs ont été payés au début du mois, selon la préfecture », ajoute le site. Lundi 4 mars, les planteurs ont à nouveau réclamé un prix plancher de 120 euros pour la tonne de cannes. La mise en œuvre d'une telle revendication aurait un coût économique exorbitant indiquent l'Etat, la Région et le Département dans un communiqué de presse relayé par RCI. On parlerait alors de 8 millions d'euros. « Un coût qui ne pourrait pas être supporté par les partenaires de la filière », soulignent nos confrères.

 

Journal de Saint-Barth N°1557 du 07/03/2024

Forum des métiers
Nouvelle exposition au Wall House