Saint-Barth -

Travaux portuaires : controverse autour de la future digue

Entre les travaux d’aménagement de l’entrée de Gustavia, la réhabilitation du quai Rockefeller et les futures rénovations du quai de la République, le port de Gustavia poursuit paisiblement sa mue. Malgré quelques interrogations sur la future digue d’enrochements.

 

Doucement mais sûrement. Tels sont les maîtres mots des travaux d’aménagements portuaires qui sont entrepris depuis désormais de longs mois. Pour certains, à tout le moins. Comme ceux qui consistent en une réhabilitation, pour ne pas écrire transformation, du quai Rockefeller. Ces derniers vont d’ailleurs encore accuser un relatif ralentissement en raison d’un récent diagnostic de prescription archéologique. Un frein supplémentaire qui ne devrait toutefois pas empêcher les travaux de continuer. Une réunion avec la Direction des Affaires culturelles de Guadeloupe doit permettre à la direction des services techniques de la Collectivité de déterminer quels aménagements peuvent être entrepris pendant la durée de cette énième prescription.

Une digue controversée
Parallèlement, les travaux d’installation des arches le long de la route qui conduit de Public à l’entrée de Gustavia avancent rapidement. Ces arches de béton, coulées sur place dans deux moules imposants, sont fixées une à une en enfilade en contrebas de la voie. Leur présence aura pour effet de briser l’élan de la houle de mer avec davantage d’efficacité que les enrochements négligemment disposés au même endroit depuis de longues années. Des roches qui sont désormais entassées à l’entrée de la rade. Dans un objectif précis.
En effet, en accord avec la direction du port, l’élu en charge des Affaires portuaires, Maxime Desouches, et les services techniques, ces roches vont être utilisées dans le but de former une digue à l’entrée de la rade. Avec pour but de constituer un autre obstacle pour la houle de mer et ainsi sécuriser encore davantage le port. « Il y a très peu de tirant d’eau dans cette zone et cette digue ne représentera pas une perte d’usage pour le port », assure la direction des services techniques, qui ajoute : « cela ne peut qu’améliorer les choses. » Un avis qui n’est pas partagé par tous.
Notamment par Romaric Magras, le chef de file du groupe d’opposition au sein du conseil territorial, Saint-Barth d’Abord. Si l’élu salue la construction de l’ouvrage à l’entrée de Gustavia dont il évoque les « nombreux avantages » dont ces « pièges à houle » ainsi que la prolongation de la promenade entre la future ex-halle aux poissons et les quais commerciaux, il se montre plus circonspect quant à la création de la digue d’enrochements.
« Cet ouvrage est présenté comme un ouvrage temporaire qui devrait être enlevé si l’effet attendu n’est pas concluant, explique Romaric Magras. Son coût de réalisation est évalué à près de 40.000 euros. L’objectif recherché étant de pallier aux quelques jours de houle du nord, or le projet initial adresse déjà ce problème. Dans le cas d’aménagements majeurs, le code de l’environnement prévoit que le conseil exécutif peut, s’il le souhaite, organiser une étude d’impact. Il est regrettable de voir que les élus de la majorité qui souhaitaient rendre obligatoire les études d’impacts n’appliquent déjà pas les règles qu’ils défendaient il y a un an. » Une petite pique à l’attention de la majorité que l’élu d’opposition ponctue d’un rappel : « Au début des années 90, des blocs rocheux avaient été positionnés à la pointe pour atténuer la houle. L’ouragan Luis, en 1995, a dispersé ces rochers dans le port. »
Romaric Magras souligne qu’une étude avait été commandée à un cabinet d’experts. « Cette étude a conclu que pour remédier au problème de houle du nord, la réalisation d’une digue sur la rive nord de 150 mètres de long et de 3 mètres au-dessus du niveau de la mer était nécessaire, affirme-t-il. Outre le prix des travaux pharaoniques que cette digue engendrerait, c’est le paysage de Gustavia qui aurait été détruit. » Il s’interroge donc sur « l’utilité et la solidité » de l’ouvrage qui est en cours de réalisation à l’entrée de la rade.

 

Journal de Saint-Barth N°1486 du 22/09/2022

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