Le jeudi 15 mai, suite à un vote du conseil exécutif, un arrêté territorial signé de la main du président Xavier Lédée a entériné la hausse du tarif journalier pour les résidents de l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Gustavia. Une décision qui était, si ce n’est annoncée, attendue.
Le rapport soumis au vote des élus territoriaux afin d’adopter le budget primitif 2025, le 27 mars dernier (JSB 1610), ne portait trace d’aucune ligne budgétaire visant à équilibrer les comptes de l’Ehpad. Or, chaque année, le tarif journalier payé par les résidents, leur famille ou les aides sociales lorsqu’ils ne disposent pas des moyens nécessaires, doit être réajusté en fonction des dépenses engagées par l’établissement. Depuis plusieurs années, la Collectivité avait fait le choix de consacrer une subvention pour assurer l’équilibre des comptes et ainsi maintenir un prix à la journée relativement abordable. Le directeur de l’hôpital, Éric Djamakorzian, avait indiqué voilà plusieurs mois qu’en l’absence de subvention, les tarifs devraient être revus à la hausse. C’est chose faite.
« Un souci d’équité »
Le tarif journalier d’hébergement pour les résidents s’élève désormais à 105 euros, contre 95 euros précédemment. Il varie ensuite en fonction du niveau de dépendance, de 8 à 38,20 euros. «Depuis que l’hôpital s’inscrit dans une démarche de transparence budgétaire, la Collectivité – et donc les administrés, à travers les contributions indirectes – participe de manière significative à l’équilibre financier de l’établissement, indique la présidence de la Collectivité. En moins d’un an, deux décisions du Conseil exécutif ont permis le versement de 856.000 euros de subventions d’équilibre au titre des exercices 2021, 2022 et 2023. » Il est précisé que l’augmentation du tarif journalier « a été proposée par la direction territoriale de la cohésion sociale et validée par la CAS (commission des Affaires sociales, ndlr) dans un souci d’équité ». Ce, afin « d’accompagner toutes les personnes de l'île ayant des difficultés de paiement de l’Ehpad via les dispositifs d’aide de la CAS tout en laissant à ceux disposant des ressources nécessaires le soin de contribuer à leur juste mesure ». La présidence de la Collectivité affirme que « ce positionnement vise à éviter un appel d’air » car « avoir l’Ehpad le moins cher de France, dans un cadre aussi attractif que Saint-Barthélemy, pourrait générer une pression extérieure contraire aux intérêts des résidents locaux ».
« Une ligne de fracture politique »
Dans une publication en ligne, la cheffe de file du groupe Saint-Barth d’Abord, Alexandra Questel, a exprimé sa vive désapprobation vis-à-vis de cette décision présidentielle. L’élue affirme s’être «fermement opposée » à cette hausse du tarif journalier. «On m'explique que cette augmentation est raisonnable, écrit-elle. Qu’elle est «soutenable ». Mais dans les faits, elle représente plus de 3.000 euros par an pour chaque résident. Pour des personnes âgées, souvent dépendantes, parfois sans soutien familial, c’est une charge immense. Ce n’est pas un simple ajustement comptable. C’est une ligne de fracture politique. » Elle ajoute : « Notre Ehpad n’a jamais été conçu comme une entreprise. S’il avait vocation à faire du bénéfice, nous aurions dès le départ intégré le coût d’amortissement du bâti dans le calcul des tarifs journaliers. Ce n’est pas le cas (…) Si la Collectivité est capable de verser plus de deux millions d’euros en subventions aux associations chaque année, elle est capable de maintenir un tarif d’hébergement soutenable pour nos aînés. Et si le coût de la vie augmente c’est à la Collectivité d’ajuster sa contribution. »
A l’avenir, ce seront les résidents qui devront ajuster leur contribution.
Pour Marie-Hélène Bernier, première vice-présidente et tête de liste du groupe Action-Équilibre, compte tenu du fait que l’Ehpad de Gustavia est l’un des moins chers depuis plusieurs années, une augmentation de dix euros du forfait journalier ne la « choque pas ». Elle précise toutefois : « En revanche, il faut un suivi rigoureux. » Notamment en s’assurant que les personnes admises ou leur famille disposent des moyens financiers pour s’acquitter des frais d’hébergement. Et ainsi leur éviter de s’endetter.